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Zig et Puce sur Vénus (suivi de Zig et Puce au far-west) est un petit événement, puisque ces deux épisodes n'ont jamais été édités en album. Parus dans les revues Zig et Puce puis Zorro en 1950 et 1951, il aura donc fallu attendre 50 ans pour voir leur première publication en album, dans une présentation soignée qui respecte les couleurs d'origine... plutôt ternes évidemment.
Si l'on jette un œil amusé à ces aventures loufoques, on s'étonne de constater que la série de Saint-Ogan a peu évolué depuis ses débuts, contrairement à Tintin qui devient dans le même temps une série réellement moderne. Le ton demeure ici extrêmement naïf, tandis que les péripéties s'enchaînent avec un fil conducteur très ténu, sans souci d'une véritable narration.
L'imagerie est également naïve. Les vénusiens ont quatre bras et un seul œil, avec des ventouses à la place des pieds. Cela serait plutôt drôle, mais il existe aussi de mauvais vénusiens, dont le principal défaut est leur couleur noire. Habitant la face obscure de Vénus, leur âme ne peut être que sombre. Traités de nègres, leur méchanceté est considérée comme évidente, sans même que soient connues leurs intentions. Puérilement, ils élèvent le pingouin Alfred au rang d'idole, comme Milou le fût dans Tintin au Congo... vingt ans plus tôt.
Ce qui apparaîtrait aujourd'hui comme le signe d'un évident racisme fût écrit « très probablement en toute innocence », comme le signale Dominique Petitfaux dans son excellente introduction. « Alain Saint-Ogan lui-même vivait éloigné des réalités » et « son œuvre est essentiellement une fantaisie poétique ». On accepte cette explication, mais avec un certain malaise tout de même.
Zig et Puce ont donc plutôt mal vieillis. Mais leurs aventures demeurent des documents d'un intérêt historique indéniable pour tout amateur de BD, et cet album sera aussi un objet de collection pour toute personne s'intéressant à l'histoire de la science-fiction.
Pascal Patoz nooSFere
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