La Planète
Série : Bételgeuse
tome 1 
Scénario : LEO
Dessins : LEO
Couleurs : LEO
Dargaud
, janvier 2000
Cartonné
Format 295 x 225
48
pages
Couleurs
ISBN 2-205-04902-X | Voir une planche.
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Bételgeuse, planète interdite ?
Les colons ont de bonnes raisons de croire au pire. Ecosystème détraqué, monstres surgis de nulle part, dictature impitoyable, sans oublier ce vaisseau abandonné, perdu dans l'espace, qui tourne autour de Bételgeuse, tel un tombeau étincelant… | |
Aldébaran, le premier cycle de cette vaste fresque qui s’appelle désormais Les mondes d’Aldébaran, est indiscutablement l’une des séries de science-fiction les plus abouties et les plus attachantes, probablement l'une des meilleures séries de bande dessinée tous genres et toutes époques confondus.
Il est nécessaire de connaître ce précédent cycle pour aborder le monde de Bételgeuse car nous en retrouvons les principaux protagonistes, ainsi que la fort mystérieuse Mantrisse. Ceux qui ont parcouru Aldébaran n’hésiteront sans doute pas longtemps avant d'entreprendre ce nouveau voyage. Cependant, pour les réticents qui pourraient craindre une suite trop pâle succédant pour des raisons commerciale à une série qui a déjà donné le meilleur d'elle-même, précisons que le plaisir de la découverte demeure intact dans ce nouvel album.
C'est en effet avec le même bonheur que nous retrouvons dans Bételgeuse ce ton très personnel et cette curieuse sensation de « réalisme poétique » qui nous font pleinement adhérer à une histoire fortement imaginative, parfois presque onirique, mais toujours parfaitement cohérente.
La façon dont Léo traite ses personnages est sans doute pour beaucoup dans cette extraordinaire réussite. Il parvient à nous faire partager leur intimité et leur quotidien, en leur donnant une chaleur et une présence rares. Les individus et leur psychologie sont en eux-mêmes passionnants et le demeureraient même transposés dans un contexte moins exotique.
Mais le charme et la richesse de cet exotisme ne font pas de doute non plus. Les planètes et leurs faunes sont présentées avec un tel degré de réalisme qu'elles sont une perpétuelle source d'émerveillement. Les créatures inventées par l'auteur sont véritablement magnifiques, d'autant plus touchantes qu'elles sont simples et paisibles, avec au fond de leur regard une paradoxale humanité qui fait défaut à bien des humains.
En arrière-plan, le propos de Léo est sérieux. Il parle d’écologie, de politique ou de pouvoir, mais toujours de façon subtile, sans chercher à asséner un message et sans mièvrerie. L'aventure et les drames individuels demeurent au premier plan, captivant le lecteur. Le rythme demeure assez lent, mais c’est ici une qualité car Léo en profite pour étoffer et rendre crédible son univers, sans que l’on s’ennuie une seconde.
Par rapport aux précédents albums, le décor a évolué. D’une part, l’océan d’Aldébaran a fait place au désert, et d’autre part une partie de l’intrigue se déroule dans l’espace, à bord d’un vaisseau spatial. Mais le dessin est toujours aussi superbe, avec une luminosité et une couleur qui apportent une sorte de limpidité à l'atmosphère qui baigne cet étrange planet opera.
Il est difficile de faire partager l’enthousiasme que l’on peut éprouver à cette lecture. Une seule solution pour le comprendre : se dépêcher de découvrir cette série absolument indispensable.
Pascal Patoz
nooSFere
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