A quels jeux étranges se livrent donc deux êtres sublimes dans un paquebot inter-galactique ?

     Qui Laureline attend-t-elle quelque part en Laponie ?

     Et que fabrique Valérian dans une centrale atomique soviétique qui semble souffrir de la même maladie que Tchernobyl ?

     Pourquoi se retrouvent-ils tous les deux sur les confins du sud Tunisien dans une palmeraie où se concocte un louche trafic ?

     Peu à peu, sur fond de terrorisme atomique, de coups tordus et de poursuites rocambolesques, il apparaît que quelqu'un veut pousser la Terre au cataclysme pour recréer les conditions d'existence de Galaxity, capitale du futur ayant disparu on ne sait où.

     Mais peut-on réécrire l'Histoire impunément ?

     Une question lancinante qui mènera les deux jeunes agents spatio-temporels sur des frontières toujours plus mystérieuses...

     Ce treizième Valérian (après qu'on ait pu le croire aussi évaporé que Les naufragés du temps) est aussi le premier à n'avoir pas été prépublié dans Pilote, le premier aussi à dépasser les 46 planches standard (il en fait 64). En fait, il semble bien que les auteurs aient voulu s'amuser, flâner, faire un retour pas très sérieux sur les traces de deux héros et d'un décor quelque peu mis de côté ces dernières années au profit d'autres travaux (ceci étant surtout vrai pour le scénariste). Ainsi, les dix-huits premières planches nous baladent dans un bel environnement cosmique, où il ne se passe pas grand chose (mais où Mézières a donné libre cours à son goût pour les créatures bizarres : des dizaines d'ET différents par planche, à rendre jaloux Lucas, Spielberg et Scott réunis), alors qu'après on revient sur une Terre contemporaine assez banale, notamment l'Afrique du Nord, où là par contre le graphiste ne s'est pas foulé le poignet. Le reste de l'histoire est de l'espionnite politisée assez proche de James Bond : c'est cette fois Christin qui brode sans trop d'originalité sur ses thèmes de prédilection. La fin de l'album renoue avec quelques situations ou décors des albums précédents : le cataclysme de la Cité des eaux mouvantes, Point Central et la disparition de Galaxity, sans tout à fait conclure. Le total est bien sympathique, on retrouve Valérian et Laureline avec plaisir, on ne s'ennuie pas une seconde. Bref, c'est du travail pro. La seule question, finalement, reste celle-ci, mais avouons qu'elle est lourde : c'est opus 13 était-il bien nécessaire ?