Les enfants ont regagné le camp protégé qu'ils ont installé au cœur de la ville. Dodgi les rejoint et ils sillonnent la cité pour retrouver la voiture des parents d'Yvan. L'épave lui rappelle quelques souvenirs confus, mais insuffisants pour comprendre le phénomène qui amena la disparition de la quasi-totalité de l'humanité. C'est pendant le conseil du soir, qui réunit la tribu renforcée par quelques membres du clan des requins, que survient Le maître des couteaux. Leur ennemi sollicite aide et assistance. Il est grièvement blessé et Lucie, le bébé dont il a la charge, a été enlevé. Trois groupes partent à sa recherche. C'est Dodgi et Yvan qui repèrent le comportement étrange des singes. Ceux-ci dérobent des objets qu'ils entassent pour faire un monticule, un cairn, qu'ils arrosent de peinture rouge. La meute est installée devant l'Opéra et un orang-outang s'occupe d'un bébé. Une première tentative, sous forme d'un assaut collectif dirigé par Dodgi, se solde par un échec et tourne presque à la catastrophe. Celui-ci décide de quitter quelque temps le groupe, incapable, dit-il d'en assurer la direction. C'est Yvan qu'il désigne pour prendre sa place. C'est à ce dernier de mettre en œuvre un plan pour reprendre la petite fille aux singes très agressifs.
Partant d'un sujet déjà traité moult fois, Fabien Vehlmann élabore une histoire magnifique. Il confronte un groupe d'enfants, brutalement livrés à eux-mêmes, à des actions et des situations novatrices, offrant la vision décalée d'une société où les archétypes sont fort bien mis en valeur. Il mène son intrigue avec brio, distillant quelques révélations, avec toutefois la retenue d'un Harpagon. Il évoque quelques pistes comme celle d'un Big Criush, (l'inverse du Big Bang) ou celle d'ondes aux propriétés étranges. Mais le flou demeure. Il parsème son récit de trouvailles amusantes, de détails piquants comme cette statue, au centre d'une place, érigée en hommage à Gaston Leroux.
Bruno Gazzotti réalise un graphisme d'une grande beauté et d'une grande régularité. Il illustre en maître le dynamisme des actions, tout en introduisant nombre de détails pertinents dans ses vignettes. Il donne vie à ses personnages, joue avec leurs expressions d'une façon si réelle, si naturelle, que nombre de ses collègues feraient bien de s'en inspirer.
Cet album se termine par un coup de théâtre qui ferait presque compter les jours jusqu'à l'été prochain, date de publication du prochain tome, tome qui, d'après l'éditeur, révélera le pourquoi de la grande disparition et clôturera le premier cycle. Mais qui dit premier cycle, dit ...second cycle (Lapalissade !) Il est donc loisible d'imaginer que le scénariste gardera sous le coude quelques éléments de mystère pour nourrir la suite ! ! !
Serge Perraud nooSFere 08/09/2009
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