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Petit théâtre de brouillard
Anne DUGUËL Première parution : Paris, France : Flammarion, Imagine, avril 1999 Illustration de Sofiane TILIKETE FLAMMARION (Paris, France), coll. Imagine n° (4) Dépôt légal : avril 1999 Première édition 156 pages, catégorie / prix : 60 FF ISBN : 2-08-067749-7  Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
Pour les siens, Emma, quatre-vingt-huit ans, n'est plus qu'une victime de la maladie d'Alzheimer avec qui il n'y a plus de communication possible. Pour Emma, son repli dans la sénilité est l'occasion de revivre son enfance — avec ses terreurs, ses jalousies, ses inquiétantes banalités, voire ses crimes... D'en faire un théâtre dans lequel les vagues fantômes qui évoluent autour d'elle se voient donner un rôle, deviennent les figures d'une sorte de tribunal céleste. Emma aurait-elle terriblement péché ? En fait, entre les souvenirs qui se dévident dans sa tête et ce que révèlent les conversations de son entourage, des distorsions apparaissent... Qui était Emma ? La petite fille perverse dont elle remâche les frasques ou une enfant comme les autres qui se réinvente désormais une vie, lâche la bride à un imaginaire trop longtemps refoulé pour être enfin pleinement elle-même ? Anne Duguël, née en 1945 à Bruxelles, écrit à la fois pour la jeunesse sous le nom de Gudule et pour les adultes sous son propre nom. Son domaine de prédilection : le fantastique. Son recueil Le chien qui rit (Denoël) a obtenu le prix Gérardmer Fantastic'Arts 1995 et elle a été deux fois lauréate du prix Ozone — en 1997 pour Petite chanson dans la pénombre (Florent Massot) et en 1999 pour Entre chien et louve (Denoël).
Critiques
Emma a 88 ans et souffre de la maladie d'Alzheimer. Impuissants, son mari et ses deux enfants ne peuvent qu'observer son déclin. Mais on dit que la vieillesse est un retour en enfance... et il semble qu'Emma y soit replongée. Indifférente au monde qui l'entoure, elle revit des souvenirs terrorisants et se croit retournée dans le placard obscur où son père l'enfermait lorsqu'elle avait fait une bêtise. C'est aussi l'occasion pour le père, le fils et la fille de se retrouver et de parler de leur relation avec Emma, ce qui souligne la différence entre ce que l'on croit savoir de quelqu'un, même un proche, et ce qu'il est réellement. On retrouve tout l'univers d'Anne Duguël dans ce petit bijou ! Ainsi, comme dans La Petite fille aux araignées, les enfants perçoivent la réalité à leur manière, et les adultes, qui se trompent sur leurs intentions, les jugent mal et les réprimandent. La structure fait alterner passé et présent, enfance et vieillesse. Mais les faits s'altèrent au fur et à mesure du récit. Emma a-t-elle vraiment commis tous les méfaits dont elle s'accuse ? L'aspect religieux est également très présent : Emma, parvenue à la fin de sa vie, ressasse ses péchés et aspire au pardon. Petit théâtre de brouillard est l'un des livres les plus réussis d'Anne Duguël ; l'écriture y est ciselée, et il en émane un mal-être certain. Bref, c'est un roman à ne pas manquer. Marie-Laure VAUGE Ce court roman, de moins de 150 pages, ne contient pas le moindre élément fantastique, mais il n'est pas loin d'un livre d'horreur… L'histoire est simple : une petite vieille atteinte d'une démence sénile se mure dans son enfance, tandis que sa famille réagit à l'incommunicabilité en évoquant autour d'elle le passé. D'un côté se dessine le portrait d'une enfant infernale, capable d'aller jusqu'au bout des pires atrocités, de l'autre celui d'une "sainte"… Avec un enthousiasme communicatif , beaucoup d'humour noir et d'ironie mordante, Anne Duguël nous conte cette version gore des malheurs de Sophie ou de Poil de Carotte, nous entraînant dans une sorte de comptine enfantine de plus en plus intolérable. La petite met tant d'ingénuité dans sa cruauté qu'on ne peut s'empêcher de sourire malgré soi à la description de scènes atroces, qu'il s'agisse de mutiler un chaton ou de se débarrasser d'un petit frère… Comment concilier ces deux personnalités si différentes dont l'auteur nous dresse le portrait ? La vérité surgira peut-être de ces ombres qui se dessinent dans le cabinet noir… Si le thème de la cruauté enfantine n'est pas vraiment original, il s'agit ici d'une œuvre brillante, aux images profondément marquantes, construite de manière étonnante et particulièrement efficace, où Duguël égratigne les bien-pensants frustrés et la religiosité en mettant à jour les fantasmes enfouis au fond de chacun. Un petit délice, acide mais savoureux ! Pascal PATOZ (lui écrire) |
| Dans la nooSFere : 79664 livres, 92649 photos de couvertures, 75686 quatrièmes. |
| 9092 critiques, 43278 intervenant·e·s, 1660 photographies, 3783 adaptations. |
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