Marie BRENNAN Titre original : A Natural History of Dragons: A Memoir by Lady Trent, 2013 Première parution : New York, USA : Tor, 2013 Cycle : Mémoires, par lady Trent vol. 1
L'ATALANTE
(Nantes, France), coll. La Dentelle du Cygne Dépôt légal : février 2016, Achevé d'imprimer : février 2016 Première édition Roman, 352 pages, catégorie / prix : 6 ISBN : 978-2-84172-748-3 Format : 14,5 x 20,0 cm Genre : Fantasy
Quatrième de couverture
« Soyez avertis, cher lecteur : les volumes de cette série contiendront des montagnes gelées, des marais fétides, des étrangers hostiles, des compatriotes hostiles et à l'occasion des membres de ma famille hostiles, de mauvaises décisions, des mésaventures géographiques, des maladies dépourvues d'attrait romantique et une abondance de boue. Vous poursuivrez votre lecture à vos risques et périls. »
Les mémoires de lady Trent, mises en scène par Marie Brennan, racontent la vie et les recherches d'Isabelle Trent, naturaliste mondialement connue et désormais vieille dame, dont l'esprit et le style empreints d'humour s'avèrent sans pitié pour les imbéciles.
Dans ce premier volume, Isabelle, petite fille puis jeune femme, brave les conventions de sa classe et de son temps pour satisfaire sa curiosité scientifique et accompagner son mari lors d'une expédition à la recherche des dragons de Vystranie...
Un livre de facture raffinée, qui s'adresse aux amateurs d'époque victorienne, de fantasy, et n'est pas sans rappeler le travail baigné de naturalisme et d'imaginaire de Pierre Dubois dans La grande encyclopédie des fées.
Critiques
Marie Brennan, déjà auteure d’un anecdotique diptyque de fantasy paru chez Panini « Éclipse », Sorcière / Guerrière, nous revient avec les « Mémoires, par Lady Trent » dont voici le premier tome. Soit un monde de fantasy qui, par le plus grand des hasards, se trouve être un décalque de notre XIXe siècle, avec ses équivalents d’Angleterre victorienne, de Carpathes et de Russie tsariste. Depuis toute petite, Isabelle se passionne pour les dragons… mais dans la société mondaine où elle évolue, c’est là une inclination fort dommageable lorsqu’il s’agit de se dénicher un époux convenable. Par bonheur, ce jeune homme, Jacob Camherst, qu’elle rencontre au zoo face à la cage aux dragons, n’a que faire des convenances et s’avère lui aussi un afficionado de ces créatures, et, une fois marié à Isabelle, permet à cette dernière de laisser libre cours à sa marotte. Lorsque Lord Hilford monte une expédition vers la lointaine Vystranie afin d’y étudier les dragons in situ, Jacob en fait partie et, sous la pression d’Isabelle, fait tout pour que son épouse y participe. Bientôt, voilà la jeune femme sur la piste de ces créatures mythiques…
On pourra toujours s’interroger sur la nécessité évolutive d’un dragon à six membres (quatre pattes, deux ailes : admettons, ce n’est pas un vrai reptile) ou sur les circonvolutions historiques ayant mené le monde de Lady Trent à posséder des sociétés ressemblant comme deux gouttes d’eau à celles du nôtre… mais passons. Une Histoire naturelle des dragons est moins un roman de fantasy qu’un roman d’aventure scientifique avec des dragons. Des créatures fort méconnues au demeurant, et que l’appétit des hommes pourrait mener à leur perte – le lecteur souhaitant se documenter sur les dragons dans notre monde se reportera à l’essai de Michel Meurger, également intitulé Histoire naturelle des dragons (Terres de Brume, 2001). Bref, Marie Brennan restitue fort joliment cette simili-société victorienne, où les femmes restent tristement inféodées à leur père puis leur mari, et nous montre le parcours hasardeux d’Isabelle pour gagner ses galons de scientifique, de sa prime jeunesse jusqu’à ses vingt ans. Une héroïne positive, déterminée à ne pas laisser le carcan sociétal peser sur ses aspirations – et qui y parvient. En dépit des qualités du récit, les péripéties ne passionnent toutefois guère, le monde peine à intriguer et on finit par s’y ennuyer… poliment.
Une Histoire naturelle des dragons demeure un roman sympathique, au fond intéressant, doté de jolies quoique trop éparses illustrations – rarement des planches anatomiques, comme le laisse croire la couverture. Cela se lit une tasse de thé en main, le petit doigt relevé – mais en plein cœur de montagnes isolées. Les amateurs apprécieront sûrement ; allergiques à la fantasy victorienne, réfléchissez-y avant de passer votre chemin.