LA FAIM... Dans ce monde de demain, où la civilisation humaine entre dans son crépuscule, la famine a renvoyé la culture et l'écriture à l'oubli. De même que l'art, la guerre, le concept de liberté, l'écologie, l'idée d'avenir. La famine s'est installée pour longtemps, avec les maladies, l'oppression et la barbarie. Les États-Unis et les États d'Europe ont succombé et l'Afrique est l'ultime bastion de la technologie. Pourtant, il se trouve encore quelques hommes, rares, pour lire des livres et tenter d'imaginer une solution, de trouver un chemin hors de la nuit...
Critiques
BRUITS ET FUREURS FUTURES
Un ouvrage d'Aldiss, c'est toujours une bonne rencontre. Celle-ci provient de la nouvelle Skeleton Crew (1963) développée en roman, et publiée sous deux versions, peu différentes (nous avons ici la 1ere édition). Il s'agit d'un ouvrage contemporain des tentatives de New Worlds, et la thématique, comme le comportement des personnages en est marquée. On nous présente, par flash back, une vision panoramique de la Terre dans un siècle, après la catastrophe écologique. Ce qu'il en reste : d'immenses villes, où l'on meurt presque de faim ; des goulags où l'on travaille une terre pauvre, à l'aide de machines sophistiquées. Est-on en régime socialiste ou capitaliste ? Qui pourrait répondre ? Tout ce qui concerne la peinture de ce « nouveau monde » est vu à travers les souvenirs de Noland (évidemment ! et il se fait traiter de prolo, par le Fermier (Mercator)). En marge, poursuivis et traqués, les « Voyageurs », sortes de nomades. Les sectes pullulent : à l'une d'elles, Les Abstinents, appartient le Mercator, et son amante platonique... Justine. On bascule, de ce monde, vers l'Afrique, seule réserve de civilisation (de notre modèle actuel), par un naufrage de L'Etoile de Trieste commandée par Noland (le traitre aux « voyageurs »). L'histoire paraît assez rocambolesque, mais c'est un effet voulu : en fait, Noland est un malade, il est poursuivi par des troubles qui prennent des « formes », et pour lesquelles on a plusieurs explications (physiques, psychologiques, mythiques). Il ne connaît pas grand chose, il n'est au courant de rien, il réagit un peu comme une bête malade. Pourtant il est l'un des rares à savoir lire encore, et c'est lui qui écrit, avec ses hallucinations, ses fantasmes. Ce n'est que par lui que nous est donnée l'histoire de notre avenir. Quelles que soient les raisons qui l'entraînent, il est aussi celui qui en fin de compte passe à l'acte. Dans un monde où meurent de faim plus de 20 milliards d'esclaves, un assassinat de plus ou de moins... Et, il reste un espoir ! celui de la guerre nucléaire. Peu optimiste, franchement noir parfois : la seule trace du futur semble être ces fameux « voyageurs » Un peu comme, dans certaines nouvelles de Fiction des années 55, la mythologie des gitans « peuple élu » d'après l'apocalypse. Ouvrage curieux, parfois mal ficelé, mais qui agite un certain nombre de réponses, et pas toujours celles qu'on espérait.