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Martin Dressler, ou le roman d'un rêveur américain

Steven MILLHAUSER

Titre original : Martin Dressler : the tale of an American dreamer, 1996   ISFDB
Traduction de Françoise CARTANO

ALBIN MICHEL (Paris, France), coll. Les Grandes traductions précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : mars 2000
Première édition
Roman, 304 pages, catégorie / prix : 125 FF
ISBN : 2-226-11498-X


Quatrième de couverture
     Consacré par le prix Pulitzer, le nouveau roman de Steven Millhauser, Martin Dressler ou le roman d'un rêveur américain, s'inscrit dans la continuité de l'œuvre exigeante et rare d'un des plus grands écrivains contemporains.
     L'auteur de La vie trop brève d'Edwin Mullhouse, écrivain américain, 1943 — 1954, racontée par Jeffrey Cartwright, prix Médicis étranger en 1975, raconte ici la destinée mythique d'un self-made-man à New York, au tournant du siècle dernier. Ce « rêveur », c'est Martin Dressler, modeste fils d'un marchand de cigares, homme pragmatique et inventeur génial, habité par une folie visionnaire. Ce démiurge qui écoute « le désir de son coeur » va connaître une fortune que seuls les rêves permettent.
     Steven Millhauser joue en virtuose de cette science du trompe-l'oeil, maintenant le lecteur à l'étroite frontière du rêve et de la vie, de la fiction et de la réalité, du vrai et de sa représentation. Fabuleuse histoire en effet que celle de Martin Dressler, incarnation du rêve américain mais aussi des mythes et utopies qui ont façonné l'imaginaire occidental. Avec cet extraordinaire roman, Steven Millhauser s'affirme comme le plus européeen des auteurs américains actuels.
Critiques
     C'était au temps où New York naissait : les gratte-ciels ne repoussaient pas encore les limites du ciel, la péninsule de Manhattan n'avait pas encore été totalement recouverte d'habitations, les autres rives de l'Hudson n'allaient être annexées que plus tard... À cette époque dorée vivait un homme du nom de Martin Dressler, fils d'un modeste tenancier de boutique de cigares et de tabac. Mais, pour n'être qu'un simple fils de petit commerçant, Martin Dressler n'en entretenait pas moins ses propres rêves, et il parvint à les réaliser — il alla même bien au-delà, jusqu'à remodeler la réalité selon ses désirs, et à dépasser ses propres aspirations. D'abord apprenti dans un grand hôtel du centre ville, Martin Dressler découvrit peu à peu chacune des facettes éblouissantes des fastes hôteliers, jusqu'au jour où il reprit le stand de vente de tabac, cigares et gadgets pour hommes. De là, il créa un premier restaurant. Puis un deuxième, puis toute une chaîne. Ensuite, il sut retourner à son premier amour : les grands hôtels. Et d'hôtel en hôtel, il fit s'élever dans New York des palais toujours plus fabuleux, toujours plus sophistiqués, toujours plus excentriques...

     La magie est dans la vie quotidienne : Steven Millhauser, écrivain nord-américain actuel (déjà plusieurs fois traduit chez Rivages — Martin Dressler lui-même date de 1996), s'est imposé comme un des maîtres de l'exploration de l'insolite, du merveilleux et du décalé dans l'existence apparemment « normale » des États-Unis de la fin du XXe siècle. S'agit-il de fantasy ? Certainement, à sa manière bien particulière — à preuve : Terri Windling sélectionne presque chaque fois une nouvelle de Millhauser pour sa somme annuelle The Year's Best Fantasy & Horror. Le terme de « réalisme magique » semble en fait le plus apte à décrire un roman aussi enchanteur que Martin Dressler : quoique le surnaturel n'y fasse jamais surface, c'est la totalité du réel qui s'emplit de magie. Tout y concourt : la langue riche et brillante de l'auteur, la jouissance discrète qui transparaît dans chacun des actes de Martin, son regard perpétuellement émerveillé et candide sur l'existence, ses rêves de plus en plus ambitieux et ses réalisations de plus en plus démesurées —  s'éloignant chaque fois un peu plus de la nature, alors qu'elles tentent pourtant d'imiter cette dernière. Les hôtels-résidences Dressler ont pour ambition de remplacer la nature, en couvant ses clients comme un cocon amoureusement reconstitué. Architecture intérieure et extérieure, décoration, éclairage, gadgets astucieux et étranges, tout dans les hôtels Dressler est une délicieuse expérience de rêve éveillé. Entre le velouté d'une perfection atteinte et la douce amertume d'un rêve subitement dépassé, s'étend toute la magie de Martin Dressler le roman d'un rêveur américain : un petit bonheur littéraire. Un moment rare.

André-François RUAUD (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/4/2001 dans Bifrost 22
Mise en ligne le : 1/10/2003

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