Difficile d'imaginer un moyen nouveau de passer dans le monde d'ailleurs, celui de la fantasy. Pourtant, dans ce texte, les auteures innovent en inventant un pays enclavé dans notre monde : on atteint Glenravenne d'abord en allant à Turin (Italie), puis en remontant vers les Alpes à vélo, ensuite en trouvant un guide qui vous introduit dans un tunnel et vous y abandonne à la sortie. Un autochtone remplace alors vos bicyclettes par des chevaux et vos habits sportifs par des vêtements d'allure médiévale.
Munies de vagues indications, les deux amies (en effet les héros sont ici des héroïnes, mais elles ignorent encore leur statut !) cherchent refuge dans une auberge très rustique. Qui sont-elles ? Deux états-uniennes : Jay Jay a vu son « fiancé » déclarer son homosexualité, Sophie se remet très mal de la mort de sa fille. Alors, prises par un désir d'ailleurs, elles ont découvert un guide de la Glenravenne, tombé sous leurs yeux comme par hasard. Et les voilà chevauchant. Mais, car il y a un mais... Glenravenne est entre les mains d'une affreuse sorcière qui utilise ses pouvoirs pour faire régner la terreur. Et voilà qu'on lui annonce (miroir mon beau miroir...) qu'une sorcière encore plus puissante arrive et va la détrôner. Alors pièges, embuscades, emploi de bêtes immondes dont le flair retrouve la moindre trace... Mais, car il y a un autre mais... la lutte contre la magicienne cruelle est entamée par d'autres personnages, tout d'abord sauvés par les héroïnes, puis qui les sauvent à leur tour en les protégeant par des champs de force... Or le sauveur est un beau jeune homme qui inspire des frissons et des sensations fortes à Jay Jay... De plus, c'est réciproque car, voyez vous, ils sont des âmes sœurs, comme chez Platon.
Tout finit bien, rassurez-vous. Et le fameux guide de la Glenravenne, qui avait attiré les deux jeunes femmes, eh bien c'était un objet magique ! Le vendeur de la librairie était un des opposants à la cruelle magicienne. Tout s'explique enfin.
Raconté ainsi, bien sûr, tout le charme du texte disparaît. C'est d'autant plus injuste que la traduction est d'Elisabeth Vonarburg, et c'est quand même autre chose quand un écrivain traduit un texte, surtout dans le domaine de la fantasy car on sait (sans avoir expliqué pourquoi) que l'idiome anglo-saxon semble le plus approprié à ce genre littéraire. Pour ceux qui auront pris plaisir à ce texte, il est le premier d'une série. On retrouvera bientôt Jay Jay, Sophie et les autres dans de nouvelles aventures en Glenravenne.
Roger BOZZETTO
Première parution : 1/5/2003 dans Asphodale 3
Mise en ligne le : 5/3/2025