Dans nos régions tempérées où l'imaginaire a sensiblement moins d'adeptes que la psycho ou la métaphysico, Gérard Klein peut à juste titre passer pour une singulière exception. Il a toujours été hanté par la science-fiction, il l'a découverte très jeune et, à seize ans, il écrivait déjà des nouvelles de SF dont la maturité étonnait les amateurs. Bien que vingt ans se soient écoulés, Gérard Klein n'a jamais trahi son amour passionnel pour cette littérature : il dirige chez Laffont avec une grande intransigence la collection Ailleurs et Demain et il s'est toujours refusé à écrire un texte qui ne soit pas de la science-fiction. C'est même, quand on y pense, une des premières fois que l'on voit son nom inscrit au catalogue d'une collection qui n'a pas pour seul but d'explorer l'avenir et ses succursales. Cette incursion dans l'ailleurs de l'édition est souhaitable pour Gérard Klein. Elle lui vaudra des lecteurs qui ne sont pas exclusivement des intoxiqués du futur. Il les mérite, car Gérard Klein n'est pas seulement un auteur de SF, c'est aussi et plus simplement un écrivain. Il le prouve en vingt nouvelles toujours surprenantes, toujours fascinantes à lire, à méditer.
1 - Rencontre, pages 9 à 23, nouvelle 2 - Le Bord du chemin, pages 25 à 32, nouvelle 3 - La Pluie, pages 33 à 42, nouvelle 4 - Le Dernier moustique de l'été, pages 43 à 49, nouvelle 5 - Le Vieil homme et l'espace, pages 53 à 71, nouvelle 6 - La Vallée aux échos, pages 73 à 87, nouvelle 7 - Discours pour le centième anniversaire de l'internationale végétarienne, pages 89 à 99, nouvelle 8 - Les Plus honorables emplois de la terre..., pages 101 à 124, nouvelle 9 - Un gentleman, pages 125 à 137, nouvelle 10 - Les Villes, pages 139 à 149, nouvelle 11 - La Tunique de Nessa, pages 153 à 173, nouvelle 12 - Lettre à une ombre chère, pages 175 à 182, nouvelle 13 - La Planète aux sept masques, pages 183 à 204, nouvelle 14 - Un chant de pierre, pages 205 à 225, nouvelle 15 - Le Condamné, pages 229 à 231, nouvelle 16 - Retour aux origines, pages 233 à 242, nouvelle 17 - De la littérature, pages 243 à 250, nouvelle 18 - Le Domaine interdit, pages 251 à 254, nouvelle 19 - Les Recruteurs, pages 257 à 279, nouvelle 20 - Les Enfers sont les enfers, pages 281 à 309, nouvelle 21 - Magie noire, pages 311 à 332, nouvelle 22 - Vous mourrez quand même, pages 335 à 355, nouvelle 23 - Le Témoin, pages 357 à 383, nouvelle 24 - Le Cavalier au centipède, pages 385 à 423, nouvelle
II y a chez Gérard Klein une élégance de l'écriture, un charme suranné qui lui permet d'aborder tous les sujets avec une apparente désinvolture. Pourtant, les thèmes traités demanderaient davantage un ton empreint de gravité qu'une tranquille nonchalance ou un humour poli. Mais c'est que Gérard Klein refuse les approches directes. Les questions métaphysiques qui sont au centre de son œuvre — le temps, la mort — ne sont abordées que par la bande, avec modestie pourrait-on dire, ou bien avec la prudence qui caractérise les esprits honnêtes.
Aussi ne trouve-t-on pas de récit de paradoxe temporel dans ces nouvelles. Quant au thème de l'immortalité, il passe par le souci de la postérité, le désir de subsister dans la mémoire d'autrui. De nombreux textes ont pour sujet le livre, ou l'écriture qui est la parole transmise par-delà les siècles comme la vallée des échos restitue les sons d'un lointain passé. Malgré la poésie de sa prose ciselée, Gérard Klein ne témoigne pas des angoisses profondes de l'être en romantique attentif à sa plainte mais en observateur acharné à poser correctement la question.
C'est sans doute pourquoi, dix ans après sa première publication en 10/18, cette anthologie a encore connu quelques modifications mineures. Tel un artisan méticuleux, Gérard Klein polit son texte pour exhiber ces quelques perles. Une excellente initiative de la part de NEO que cette réédition, qui incite à la relecture de l'œuvre d'un auteur malheureusement trop rare, vu ses nombreuses occupations chez Laffont et ailleurs...