2024. La couche d'ozone est détruite, un nuage radioactif plane sur l'atmosphère. Dans les rues de Los Angeles et de San Francisco, la drogue et les implants sont en vente libre. Mais le véritable danger qui menace la Californie est vieux comme le monde. Les tremblements de terre...
Un homme a consacré sa vie à l'étude de ces catastrophes naturelles : Lewis Crane, survivant du séisme dévastateur de Northridge qui, en 1994, a décimé les siens. Brillant scientifique, il a découvert le moyen de prévoir avec précision la date et l'endroit où la terre va trembler. Et le « Big One » est imminent...
Un grand récit catastrophe, où se mêlent utopie scientifique et roman d'anticipation.
Né en 1917 en Angleterre, membre de l'Académie astronautique, Arthur C. Clarke vit au Sri Lanka. Unanimement reconnu comme l'un des plus grands auteurs de science-fiction du siècle, son esprit visionnaire s'est exprimé dans plus de cinquante livres traduits en trente langues et récompensés par des prix prestigieux.
"Malgré les merveilles que nous avons créées, nous sommes toujours terrorisés par le monde dans lequel nous vivons. La question est... pourquoi ?" (p. 64)
Nous demeurons fascinés en effet par la puissance de la nature, par ses capacités de création mais aussi de destruction. Ce livre-catastrophe raconte la quête d'un homme qui traque les tremblements de terre avec une folie lucide semblable à celle du capitaine Achab. Le début semble écrit comme un scénario de film, et nous sommes initialement agacés par les clichés du genre. Dès la scène d'introduction nous est présenté Lewis enfant, victime d'un séisme au cours duquel meurent ses parents, ce qui explique sa future obsession... On le retrouvera plus tard, au coeur de toutes les catastrophes naturelles, avec un comportement quasi suicidaire... On reconnaît là la trame de biens des films récents, tels que Twister, où cyclones et autres volcans s'acharnent sur la population. Pour peu que l'on soit bon spectateur, on avouerait que 10 sur l'échelle de Richter est un roman particulièrement efficace dans le genre, mais c'est avant de lui découvrir bien d'autres qualités...
Car premièrement, il s'agit d'un ouvrage remarquablement documenté. Les titres des chapitres ("Eruptions", "Procédés géomorphologiques", "Les big-bangs", "Pangée"...) suffisent à illustrer le souci didactique, qui ne nuit heureusement jamais au rythme que l'auteur imprime au récit. McQuay se livre de plus, à partir d'une modélisation, à des spéculations concernant la création de la Terre et l'éventuelle possibilité de supprimer définitivement les tremblements de terre, qui font de ce roman un excellent exemple de hard-science.
Mais l'auteur ne s'arrête pas là. Il y ajoute une anticipation politique convaincante et remarquable, décrivant un monde traversé par des nuages radioactifs, où les villes comportent des "zones de guerre" dans lesquelles s'affrontent islamistes et non-islamistes. Nous laissant pénétrer au coeur des deux partis, il peint une situation complexe, nous amenant subtilement à considérer ces mouvements politiques comme ceux de plaques tectoniques dont l'affrontement ne peut conduire qu'à la catastrophe. Enfin, le roman retrace les parcours complexes de plusieurs personnages. Celui de Lewis Crane bien sûr, visionnaire et meneur d'homme, mais aussi celui de Dan Newcombe qui d'assistant de Crane deviendra l'emblème de la cause islamiste, ou celui de Sumi, femme déguisée en homme par nécessité, qui grimpera jusqu'aux plus hautes sphères avant de connaître une puce Yo-Yu, etc... Au fur et à mesure de l'histoire, ces divers personnages s'humanisent de plus en plus, au point que dans les derniers chapitres, on les retrouve vieillis, résignés, assagis, ayant en partie renoncé... Leurs rêves se sont enfuis, il ne leur en reste plus qu'un seul, qui amène logiquement un dénouement totalement imprévisible au début du roman.
En conclusion, il s'agit d'un beau roman, solide et diversifié, qui devient vite passionnant et qu'il serait dommage d'ignorer sous prétexte d'un thème d'apparence simpliste. A noter que si le nom de Clarke apparaît en grand sur la couverture, et que seule sa photographie figure au dos, la postface remet les choses au point. Clarke y avoue n'avoir fourni à Mike McQuay qu'un projet de scénario de film, un synopsis de 850 mots. McQuay a donc rédigé l'ensemble du roman sans aide supplémentaire et est hélas décédé peu après. Ce seul roman, bien meilleur que bon nombre des ouvrages de Clarke, suffit à démontrer que la science-fiction a perdu un auteur plus que prometteur.
Avant toute chose, il convient de préciser que bien que le nom de Arthur C. Clarke soit écrit en gros sur la couverture du livre, celui-ci s'est contenté, comme il s'en explique clairement dans sa postface, d'écrire un synopsis de 850 mots et que le roman a été entièrement rédigé par Mike McQuay.
L'histoire, maintenant... Nous somme en 2024. Lewis Crane dirige une fondation dont le but est de prédire les séismes. Véritablement obsédé par les tremblements de terre depuis que l'un d'eux a tué ses parents alors qu'il n'était qu'un enfant, Crane est un génie visionnaire, voire mégalomane, dont les projets gigantesques provoquent l'incrédulité de la majorité. Il faudra attendre qu'une de ses prévisions se réalise pour que l'on se mette à l'écouter.
Le début de 10 sur l'échelle de Richter fait penser au scénario d'un gros film catastrophe hollywoodien. C'est plein de bruit et de séquences spectaculaires et l'on suit le combat du valeureux scientifique que personne ne prend au sérieux. Mais le roman est bien plus complexe qu'un scénario de blockbusters. D'abord, parce qu'il se déroule dans un contexte politique très original où les Etats-Unis ont été rachetés par des industriels chinois qui contrôlent un gouvernement fantoche, et où les islamistes, de plus en plus nombreux, réclament la création d'un état indépendant dans le sud des Etats-Unis. Les principaux personnages ont des parcours particulièrement intéressants. Lewis Crane bien sûr, qui est la figure centrale du roman et son véritable moteur, mais aussi Dan Newcombe, l'un des principaux assistants de Crane, qui se désolidarisera de lui pour embrasser la cause des islamistes, ou encore le Chinois Sumi Chen qui cache un lourd secret. L'intrigue se déroulant sur de nombreuses années, les personnages évoluent tout au long du roman et à la fin, ils ne ressemblent en rien à ce qu'ils étaient au début. L'histoire se détache assez vite des clichés du roman catastrophe du début pour partir dans une direction plus inattendue. Et si l'auteur s'intéresse aux tremblements de Terre, il ne limite pas là son propos et se penche également sur l'évolution politique et économique du monde en reliant de très habile manière ces deux facettes du roman. Les objectifs de la fondation Crane sont souvent la cause d'enjeux politique importants.
10 sur l'échelle de Richter est un roman touffu, mais assez crédible dans son déroulement, même si certaines théories de l'auteur sur la tectonique paraissant plutôt surprenantes. Son principal atout est qu'il réserve bien des surprises et parvient à tenir le lecteur en haleine du début à la fin.
Malgré la taille du nom sur la couverture, les seules photo et présentation de Clarke au dos, outre le commentaire élogieux qui présente ce roman comme « un nouveau défi du maître », il faut savoir que le seul crédit à porter à son actif est un synopsis de 850 mots, ce que ce dernier reconnaît bien volontiers dans sa postface, découvrant même « que cette manière de faire [lui] donnait toutes les joies de l'activité créatrice — mais sans les longues heures de pénible labeur au clavier ». L'auteur du synopsis nous donne ici de quoi alimenter les réflexions sur la définition de la création artistique.
Ce roman a donc été écrit par le seul Mike McQuay et c'est un roman formidable ! Que ceux qui s'attendent à ne lire qu'un récit catastrophe de plus se détrompent :. autour du thème des tremblements de terre, c'est une page d'histoire s'étalant sur trente-quatre ans qui est écrite.
La planète, dépourvue de sa couche d'ozone, rongée par un nuage radioactif qui fait périodiquement le tour de la Terre, est aussi malade que le monde géopolitique divisé en deux camps : les capitalistes (les empires financiers nippons contrôlent pratiquement les États-Unis) et les musulmans, isolés sur le sol américain dans des poches urbaines appelées Zones de Guerre, qui revendiquent la cession de plusieurs états pour y fonder une Nation de l'Islam, Les progrès technologiques évoluent également au fil des pages, comme les puces à implanter à la base du crâne qui débouchent vingt ans plus tard sur les techkids ou les compagnons virtuels dont il est parfois nécessaire de divorcer.
Depuis qu'il a vu mourir ses parents dans un tremblement de terre, Lewis Crane a consacré sa vie à étudier ce phénomène pour mieux le prévenir. Il a besoin d'argent pour financer la mise au point d'une simulation du globe afin de prédire avec précision la date et le lieu des séismes. Son rêve secret va plus loin : souder entre elles les roches des plaques continentales à l'aide de bombes atomiques pour empêcher tout séisme futur.
Mais son parcours est semé d'embûches. Les intérêts financiers, politiques ou religieux vont jusqu'à empêcher l'évitement de meurtrières catastrophes. Crane se bat envers et contre tout, malgré les trahisons de proches et les blessures du cœur.
Car McQuay établit le parallèle entre tremblement de terre et émotions humaines. La colère ou le désir provoquent le même séisme partant de l'âme et ébranlant la surface de l'être. Et de même que la pression de deux plaques en un même point provoquent un tremblement, l'affrontement entre capitalistes et islamistes pesant sur un personnage symbole de la lutte risque de dégénérer en guerre.
Bref, un livre haletant, intelligent, mêlant avec brio données scientifiques et scènes d'action, sentiment et suspense. Bien sûr, vous saurez aussi tout sur les tremblements de terre.