L'ISBN indiqué dans le livre (2-7304-0409-2) est erroné.
Quatrième de couverture
« Il y avait chez Conan Doyle une double personnalité provoquant un conflit entre la logique et l'imagination. Il s'est donc manifesté d'abord par l'aspect rigoureux des aventures de Sherlock Holmes qui ont intéressé des centaines de millions de lecteurs à une branche de la logique formelle qu'il appelle à tort la déduction et qui est en réalité l'induction. Mais il y avait chez lui un autre aspect, qui l'a conduit à la fin de sa vie à s'intéresser au spiritisme, et, dès le commencement, à écrire des contes fantastiques ou de science-fiction. Il est à regretter qu'il n'ait pas consacré plus de temps à la science-fiction. Il avait des idées plus originales que Wells et il écrivait mieux que Jules Verne. Il aurait pu devenir le plus grand de tous les écrivains de science-fiction. Au lieu de cela, il consacra tous ses efforts à prouver l'immortalité de l'âme. Ne le jugeons pas, nous n'en avons pas le droit. Comme le dit un de ses biographes, John Dickson Carr : « Que personne n'ose écrire son épitaphe : il n'est pas mort. » Conan Doyle a très simplement défini ses buts :
« J'aurai atteint mon but en somme
Si j'amuse en philosophant
L'enfant qui n'est qu'un petit homme,
L'homme qui n'est qu'un grand enfant. »
Jacques Bergier
Sir Arthur Conan Doyle est né à Edimbourg, en Ecosse, en 1859. Il est mort à Crowborough (Sussex) en 1930. Issu d'une famille catholique normande (ses ancêtres orthographiaient leur nom d'Oil), il commença ses études chez les Jésuites, puis après avoir obtenu un diplôme de docteur en médecine, il s'embarqua comme médecin de bord et voyagea dans les mers arctiques et en Afrique. Il était encore médecin quand il commença à publier des romans et le succès de son premier livre l'incita à se consacrer exclusivement à l'écriture. La série des Aventures de Sherlock Holmes le rendit célèbre dans le monde entier mais fit aussi ombrage au reste de son œuvre qui compte de nombreux récits — nouvelles et romans — fantastiques, ésotériques, d'aventures et de science-fiction dont il fut l'un des grands précurseurs, d'inoubliables romans historiques et de nombreux essais. Pendant les dernières années de sa vie, Conan Doyle se passionna pour le spiritisme et les sciences occultes qui lui inspirèrent un certain nombre d'ouvrages qui font aujourd'hui l'objet d'une sorte de culte. Il est et restera dans l'histoire de la littérature comme l'un des plus grands créateurs d'univers.
1 - Jean-Baptiste BARONIAN, L'Autre Conan Doyle, pages 7 à 12, introduction 2 - Contes de terreur (Tales of Terror, 1922), pages 13 à 124, recueil de nouvelles, trad. Bernard TOURVILLE 3 - L'Horreur du Plein Ciel (The Horror of the Heights, 1913), pages 15 à 33, nouvelle, trad. Bernard TOURVILLE 4 - L'Entonnoir de Cuir (The Leather Funnel, 1902), pages 34 à 48, nouvelle, trad. Bernard TOURVILLE 5 - De Nouvelles Catacombes (The New Catacomb / Burger's Secret, 1898), pages 49 à 65, nouvelle, trad. Bernard TOURVILLE 6 - L'Affaire de Lady Sannox (The Case of Lady Sannox / The Kiss of Blood, 1893), pages 66 à 78, nouvelle, trad. Bernard TOURVILLE 7 - Le Trou du Blue John (The Terror of Blue John Gap, 1910), pages 79 à 99, nouvelle, trad. Bernard TOURVILLE 8 - Le Chat brésilien (The Brazilian Cat, 1898), pages 100 à 124, nouvelle, trad. Bernard TOURVILLE 9 - Contes d'Aventures (Tales of Adventure, 1922), pages 125 à 228, recueil de nouvelles, trad. Bernard TOURVILLE 10 - Les Débuts du Bimbashi Joyce (The Début of Bimbashi Joyce, 1900), pages 127 à 137, nouvelle, trad. Bernard TOURVILLE 11 - Le Médecin du Gaster Fell (The Surgeon of Gaster Fell, 1890), pages 138 à 160, nouvelle, trad. Bernard TOURVILLE 12 - Scènes de Borrow ("Borrow"-ed Scenes / Borrowed Scenes, 1913), pages 161 à 174, nouvelle, trad. Bernard TOURVILLE 13 - L'Homme d'Arkhangelsk (The Man from Archangel, 1885), pages 175 à 201, nouvelle, trad. Bernard TOURVILLE 14 - Le Grand Moteur Brown-Pericord (The Great Brown-Pericord Motor, 1891), pages 202 à 211, nouvelle, trad. Bernard TOURVILLE 15 - La Chambre scellée (The Story of the Sealed Room, 1898), pages 212 à 228, nouvelle, trad. Bernard TOURVILLE 16 - Le Parasite (The Parasite, 1894), pages 229 à 296, nouvelle, trad. Albert SAVINE
Critiques
Voici donc le premier tome d'une intégrale Conan Doyle qui comptera, pour la seule partie « récits fantastiques, ésotériques et d'aventures », pas moins de onze volumes (après quoi viendront les récits consacrés à Sherlock Holmes, les romans historiques, enfin les essais et les souvenirs). C'est donc à une œuvre de très longue haleine à laquelle se sont attelées les éditions NéO, choisissant pour cela les fort volumes toiles de leur « Club », qui avait déjà accueilli Jean Ray. Ce sera donc en principe la totalité de l'œuvre de Doyle qui pourra enfin être livrée aux lecteurs français, puisque les vingt volumes regroupés par Albert Sigaux aux éd. Rencontre de Lausanne, de 66 à 68, en seront, nous dit Jean-Baptiste Baronian dans sa préface, une base complétée par de nouveaux textes inédits. Que cette somme soit disponible dans la belle présentation que nous offre NéO depuis toujours, avec les couvertures de Nicollet, ne peut que réjouir l'œil en même temps que l'esprit. En attendant Rosny, Renard, et pourquoi Wells (prenons les paris... et souhaitons longue vie à NéO), préparons-nous à déguster Conan Doyle par grandes louchées, et en mettant les bouchées doubles, puisque trois autres volumes sont déjà parus alors que je tape cette notice (pour ne pas préjuger de ce qui en sera quand elle paraîtra !)
Ici, donc, douze nouvelles déjà (Contes de terreur et Contes d'aventures), suivi d'une novella, Le parasite. Ce dernier texte, la possession d'un jeune scientifique par une spirite, est intéressant à plus d'un titre : d'abord il annonce la place grandissante que prendra le spiritisme dans la vie de l'écrivain, ensuite il permet de replonger dans le procès que Pierre Versins, dans son Encyclopédie, faisait à Doyle — rien moins que d'avoir à nombreuses reprises plagié des textes antérieurs (au sujet de La ceinture empoisonné ou de Quand la Terre hurla par exemple). Car on ne peut que penser au Horla de Maupassant, en lisant ce récit, écrit par ailleurs à la manière d'un journal... Ce fâcheux relent d'inspiration poussée émane pareillement de la nouvelle qui ouvre le recueil, L'horreur des altitudes (déjà publiée par NéO à la suite du court roman La ville du gouffre), et dont on dirait qu'elle est tirée d'un chapitre du Péril bleu de Maurice Renard.
Mais peu importe : c'est là affaire d'historiens. Restent donc les autres textes, qui la plupart du temps soulignent la dualité de l'auteur, tiraillé entre la rigueur explicative holmesienne, et la fantaisie débridée du créateur des aventures du professeur Challenger. Les plus caractéristiques (et ce sont en même temps les meilleurs) sont De nouvelles catacombes (lent glissement de l'archéologie à la vengeance), l'affaire de Lady Sannox (autre vengeance), Le médecin de Gaster Fells (curieux mystère de la folie dont l'explication n'est qu'incomplète), et L'homme d'Arkhangelsk, très étrange histoire d'amour. C'est dans ces territoires entre chien et loup que Conan Doyle se montre le plus inspiré (pour ce qui est de ce volume en tout cas), même si nombre de ses contes laissent percevoir sous son humour flegmatique une très réelle misogynie.
Un reproche quant à la présente édition : on eût aimé une bibliographie précisant les dates et lieux des parutions originales. Cela viendra peut-être plus tard...