Un phénomène étrange, la Lumière, bouleverse la Terre. Jiro Yamaguchi est à l'origine de ce prodige. Dans la seconde où la Lumière s'est manifestée, il a disparu. Aussitôt, on a constaté un développement de l'intelligence des hommes, mais aussi de celle des dauphins et des singes. La planète n'en est pas devenue plus paisible : des chrétiens intégristes régnent sur une partie des États-Unis et des meurtres sont commis dans l'infosphère. Quelques dizaines de personnes connectées à ce gigantesque réseau d'information et de communication sont éventrées par une force jaillie des ordinateurs. La plupart avaient travaillé pour des programmes secrets visant à développer l'intelligence artificielle et la connexion entre le cerveau humain et les machines. Autre mystère : une astronaute assiste, depuis une station orbitale, à l'arrivée sur Terre d'un énorme objet sur lequel elle aperçoit des êtres vivants. Il s'agit du sommet, disparu depuis des décennies, d'une montagne d'Amérique du Sud. En effet, un champignon a donné aux Indiens de cette région le pouvoir de naviguer dans l'espace et le temps et de correspondre avec toutes les intelligences de l'univers... Il faudra une longue enquête de plusieurs scientifiques pour élucider ces énigmes.
Onde stationnaire, publié en 1998 aux États-Unis, est la suite du premier roman d'Howard Hendrix, Orbital Park (même éditeur). Cette œuvre ambitieuse s'intéresse à toutes les facettes de la science contemporaine. L'auteur, diplômé de biologie, envisage l'évolution, dans un avenir assez proche, des recherches en cours dans le domaine de la génétique, de la physique et surtout de l'informatique. L'amateur de science-fiction a donc, dans un premier temps, le sentiment de lire un roman de hard science, avec les charmes du genre — la rigueur, la crédibilité des hypothèses, le sentiment d'évoluer à la pointe de la connaissance — , avec aussi les travers du genre — l'abus du vocabulaire scientifique ou pseudo-scientifique : « Une bulle de vide instanton est une butte-soliton capable de créer un tunnel quantique d'un point ou état vide de l'univers à un autre. »
La déception est donc grande lorsque la science est mise au service d'une métaphysique de bazar. Beaucoup moins original qu'on ne l'espérait, l'auteur nous sert de larges rasades de new age, cette idéologie qui sévit depuis longtemps déjà dans la science-fiction américaine, comme en témoigne Terre et Fondation (1983) d'Isaac Asimov, fin médiocre d'un cycle mythique. S'impose une vision panthéiste du monde, assaisonnée d'allusions à Teilhard de Chardin : l'univers devient conscient. Un remède à l'éternelle lutte du bien et du mal... et à tout effort d'Howard Hendrix pour conclure son roman de façon inattendue. Le temps suspend son vol dans un bonheur béat. Fallait-il tant de pages pour en arriver là ?
Gilbert MILLET (site web)
Première parution : 1/6/2003 dans Galaxies 29
Mise en ligne le : 21/1/2007