L'Irrintzina : un cri venu du fond des âges. Chez les Basques l'effort, la lutte, la tension s'expriment par une explosion, un cri terrifiant qui remplit le vide : l'Irrintzina. Il s'est transmis du fond de l'abîme des âges jusqu'à l'homme moderne et il constitue un des nombreux mystères de ce peuple.
Une série d'attentats meurtriers secoue l'Euzkadi, le Pays Basque. Un policier, un ancien homme politique, tous abattus en pleine rue. Alors que l'organisation terroriste basque E.T.A. penche pour des négociations, un mystérieux Chasseur Maudit tente de les saboter.
Bernard, membre de l'E.T.A., est sur sa trace. Une cruelle course contre la montre commence. Inspiré par une actualité explosive. Philippe Ward nous entraîne dans l'univers fantastique de l'Euzkadi et de ses démons.
Inspiré par une actualité explosive, Philippe Ward nous entraîne dans l'univers fantastique de l'Euzkadi et de ses démons.
Philippe Ward est né à Bordeaux en 1958. Il habite en Ariège, en plein cœur des Pyrénées. Son premier roman fantastique « Artahe » a été acclamé par la critique. « Irrintzina » est son second roman. Ses caractéristiques principales : l'originalité et le sens du rythme.
Critiques
Les écrivains fantastiques français ne sont pas légion (Brussolo, Pagel, Duguël, Gallerne, Françaix, qui d'autre ?), et il convient donc de saluer l'initiative des Éditions Naturellement de publier en grand format un jeune auteur français. C'est d'autant plus justifié que Irrintzina, deuxième roman de Philippe Ward, est aussi original qu'excellent.
Philippe Ward aborde un sujet d'actualité qui lui tient à cœur : la lutte pour l'indépendance du peuple basque. Les premières pages d''Irrintzina nous plongent en pleine politique-fiction. Une partie des activistes basques est fatiguée de la lutte armée et décide d'entamer des négociations secrètes avec le pouvoir espagnol. Mais leur initiative, si elle a l'approbation de la majorité des activistes, ne fait clairement pas l'unanimité. Et les cadavres commencent à s'empiler...
Rien de bien fantastique jusque là, sauf que les exécutions des traîtres apparaissent pour le moins étrange. Alors que l'E.T.A. nie que ces crimes puissent être l'œuvre de Basques et pense plutôt à une mise en scène de la police espagnole — qui dément elle aussi — , Bernard, l'un des membres de l'E.T.A. soupçonne que la solution est à chercher en direction d'une époque bien plus ancienne, dans les fondements même de la mythologie basque.
Et c'est là que ce roman, jusque là thriller politique passionnant, bascule dans le fantastique. Philippe Ward connaît son sujet et est donc suffisamment habile pour nous donner, par petites touches, des éléments de réponse qui remontent jusqu'à Charlemagne et cette fameuse bataille de Roncevaux. Il accomplit avec la mythologie basque ce que Masterton a fait pour les mythes indiens dans sa série Manitou. C'est d'autant plus remarquable et intéressant que c'est, à ma connaissance, la première fois que les légendes basques servent de toile de fond à un roman fantastique.
Dans un style nerveux et très efficace, Ward nous entraîne à la poursuite de créatures qui doivent autant au golem des mythes juifs qu'aux animaux totémiques des mythes amérindiens Devant la richesse de l'univers que Ward explore ici, on espère qu'il y reviendra pour d'autres récits aussi aboutis.
Après Artahe, salué dans ces pages par Francis Valéry, Irrintzina confirme que le fantastique français s'est enrichi d'un véritable auteur. Comme je l'écrivais plus haut, il n'y en a pas tant que ça, mais il ne tient qu'à vous, lecteurs/acheteurs, qu'il y en ait plus.
Auteur d'un premier roman déjà remarqué (Artahe, aux éditions Cylibris), Philippe Ward nous livre ici un thriller rapide et rythmé qui se lit avec avidité.
Basé sur une trame politico-policière touchant à l'indépendance basque, ce roman permet de mettre en scène un pays dont on ne connaît parfois que le nom, trop souvent lié au mot terrorisme. Curieusement, les conflits qui meurtrissent ce pays sont moins souvent abordés en littérature ou au cinéma que ceux d'autres pays moins proches, comme l'Irlande par exemple. Avec justesse et sans parti-pris, Ward nous présente ainsi les contradictions internes d'un mouvement libertaire fondé sur la violence, offrant une vision moins caricaturale du peuple basque que celle qu'apportent les médias. L'intrigue politique est réaliste et crédible, et le suspense réussi, ce qui suffirait déjà à en faire un roman agréable.
Cependant, l'auteur ne s'arrête pas là. A ce thriller bien mené, intéressant par son cadre original, mais assez conventionnel dans son déroulement, l'auteur a eu l'excellente idée d'ajouter une trame fantastique qui permet entre autres de plonger dans le passé de l'Euzkadi jusqu'à la lointaine mais fameuse bataille de Roncevaux. Transformant les querelles politiques en une quête fantastique, l'auteur peut ainsi faire surgir les grandes (et nombreuses) figures de la mythologie basque, telles que le Zako Zaharra (le Vieux Sac) ou le Zamalzain (l'Homme-Cheval)... Ce folklore, délaissé par les auteurs de fantasy ou de fantastique jusqu'à présent, s'avère riche, original et prometteur, très différent des mythes celtiques ou nordiques... Il constitue l'un des attraits principaux du roman, et l'on peut regretter que les légendes qui s'y rattachent ne soient pas davantage détaillées.
L'auteur nous rend son sujet facilement accessible par son écriture fluide, trouvant le juste équilibre dans l'emploi de la langue basque, évitant de nous noyer sous un vocabulaire trop ardu qui gênerait la lecture. Cela nous fait donc espérer de prochains romans, où Ward pourrait approfondir cet agréable univers.