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Clarissa ou le doux attrait du Mal

Theodus CARROLL

Titre original : Evil Is a Quiet Word, 1975
Première parution : Warner Books, 1975   ISFDB
Traduction de Jacques FINNÉ

TERRE DE BRUME (Dinan, France), coll. Terres Fantastiques - Littérature précédent dans la collection suivant dans la collection
Date de parution : 18 septembre 2021

Première édition
Roman, 210 pages, catégorie / prix : 18 €
ISBN : 978-2-84362-686-9
Format : 14,0 x 24,0 cm
Genre : Fantastique


Quatrième de couverture

Tout pourrait sembler banal. Et pourtant…
Délaissée par ses parents perpétuellement en voyage, Clarissa, 13 ans, est intellectuellement précoce et refuse l’école. Elle vit dans une grande maison avec, pour seule compagnie, une cuisinière bonasse et Max, trente ans, un jardinier traumatisé par un terrible souvenir. Quoi de plus normal, dans pareille solitude, que Clarissa se rapproche de Max ? Quoi de plus normal qu’elle s’invente des camarades de jeu — un garçon et une fille qui auraient vécu dans cette maison même, il y a bien longtemps ? Elle parlerait avec eux, écouterait leurs souvenirs du passé — un jeu innocent que les adultes semblent pourtant craindre…
Mais s’il ne s’agissait pas que d’un jeu ? Si ces enfants n’existaient pas uniquement dans l’imagination de Clarissa ? Et si ses amis imaginaires se révélaient pervers, jaloux et possessifs ? S’ils n’aimaient pas que la « petite amie » de Max, sans le comprendre, se muât en « grande amoureuse » ?
À moins qu’ils ne tirent toutes les ficelles bien plus qu’on ne le soupçonne…

Un roman troublant, fascinant, angoissant. Un roman de doutes, de terreurs et d’amour impos­sible. Un des plus terribles romans surnaturels jamais écrits qui rappelle, à plus d’un égard, le célèbre Tour d’écrou de Henry James — et qui aura attendu quarante-cinq ans avant d’être traduit en français.

Critiques

[Critique parue exclusivement dans la version numérique de la revue]

 

    Clarissa ou le doux attrait du mal fut fort discrètement publié en poche outre-Atlantique en 1975, et Jacques Finné, traducteur et postfacier, grand spécialiste du fantastique américain, ne tarit pas d’éloges sur ce roman présenté comme une variation modernisée du célébrissime Tour d’écrou. Mais si bon soit-il, et il l’est, il est toutefois bien loin de son modèle, l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature fantastique et psychologique. Cela justement parce que Le Tour d’écrou est presque pile poil sur la ligne de front séparant littérature de genres et littérature dite générale, ou psychologique. Tout le génie du Tour d’écrou tient dans son ambigüité entre psychologie et surnaturel. Henry James laisse la porte entrouverte, quand bien même le lecteur veut, bien sûr, toujours sa réponse, quitte à la donner lui-même. Libre à lui.

    Où Hanry James est dans la littérature générale, Theodus Carroll s’inscrit davantage dans la littérature de genres, un point sur lequel Jacques Finné insiste dans sa postface. Lorsque l’on voit Clarissa quitter la foire en compagnie de deux enfants, ce pourrait être n’importe quels gosses réels, or ce sont implicitement des fantômes. Pourtant, quand Max meurt, il devrait être facile de distinguer entre une chute de plein pied sur le ballast et quelqu’un écrasé par un train, mais l’auteur laisse la confusion persister. Quant aux dessins obscènes découverts dans la chambre de l’héroïne, s’ils pourraient être son œuvre oubliée par un mécanisme de refoulement, l’explication n’est pas vraiment envisagée. N’oublions pas que tout au long du roman, l’attitude de Clarissa oscille entre ingénue et femme (déjà – elle n’a que treize ans) fatale. Le livre apparaît de fait plus subtil que Jacques Finné, qui veut y voir un roman explicitement fantastique, ne le laisse croire. Quand bien même, in fine, seule l’axe surnaturel répond à toutes les questions posées. L’interprétation psychologique est insuffisante, et il n’y a pas de lecture analytique possible.

    Variation sur Le Tour d’écrou, en effet, cette histoire d’une jeune adolescente livrée à elle-même par des parents perpétuellement absents se révèle moins subtile, on l’a dit, que son modèle. La tendance actuelle est à l’explicitation, à la levée du doute, à la restauration de la croyance en la surnature et donc au fantastique. Publié voici près de cinquante ans, ce roman non dénué d’intérêt s’inscrit pleinement dans le réenchantement du monde contemporain.

Jean-Pierre LION
Première parution : 1/4/2022 dans Bifrost 106
Mise en ligne le : 16/3/2025

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