Dès sa naissance, Guenièvre, la fille du seigneur Léodagan de Caméliard, porte le poids d'une terrible prophétie : elle deviendra la plus grande dame de Bretagne mais trahira son roi, puis sera elle-même trahie... Après la mort de son père, Guenièvre est élevée dans le royaume de Gwynedd, au nord du pays de Galles, auprès de sa cousine Elaine. Un pays de forêts et de montagnes, où l'ombre de la prophétie semble s'éloigner. En grandissant, les deux jeunes filles s'enflamment pour les exploits d'Arthur, fils d'Uther Pendragon, et sont bercées par les récits de ses batailles contre les Saxons. Pour Guenièvre, il n'est qu'une figure lointaine, mais Elaine n'a qu'un rêve, une obsession : devenir sa reine. Le destin en décidera autrement, plongeant la jeune Guenièvre, Arthur et l'île de Bretagne tout entière dans le plus terrible des pièges...
Un roman plein de souffle et d'émotion, premier tome d'une trilogie consacrée à l'un des personnages les plus fascinants de l'épopée arthurienne.
Marion Zimmer Bradley fut la première à narrer les aventures des chevaliers de la Table Ronde à travers le regard d'une femme (Morgane). Mary Stewart les a fait raconter à Merlin ou à Mordred. Nancy McKenzie, quant à elle, avoue s'être grandement inspirée de Mary Stewart pour mettre en scène, à la première personne, la reine Guenièvre.
L'enfance de la Haute-Reine de Bretagne telle que l'imagine Nancy McKenzie est fort intéressante. Orpheline élevée en compagnie d'Elaine, sa seule amie, qui idolâtre le roi Arthur, sa seule passion est de monter à cheval. Si ses points de broderie sont petits et serrés, elle ne prend que peu de plaisir à ces occupations féminines ; et si la jeune païenne qu'elle était s'est convertie au Christianisme, elle est toujours et avant tout fille de Galles et de Bretagne.
Hélas, à partir du moment où elle est choisie comme épouse par Arthur après la perte de sa première femme, et dès qu'elle croise Lancelot, l'histoire devient plus terne, comme s'il était difficile pour le lecteur de faire coïncider la Guenièvre des récits médiévaux avec la “Sissi” qui nous est dépeinte, tout à sa frustration de ne pouvoir avoir ni l'homme qu'elle veut, ni des enfants de celui qu'elle a épousé et ne lâcherait pour rien au monde — il y va de l'honneur de la Bretagne !
Soyons honnêtes toutefois : bien qu'un peu mièvre par certains aspects, cette Guenièvre est passionnante et le roman se lit d'une traite. Bien écrit et bien traduit, dans la pure tradition du roman courtois, mais respectant le plus possible l'histoire de la Grande-Bretagne après l'époque romaine, c'est un bon livre historique — Merlin et Morgause tirant légèrement vers la fantasy — qu'on referme avec l'envie d'en lire bientôt la suite.