Après la Grande Peste, l'Amérique n'est plus qu'un pays dévasté dans un monde mort, où les rares survivants s'entr'égorgent pour une boite de conserve ou une femme. Année après année, se constituent pourtant de petits groupes rivaux consacrant toute leur énergie à s'exterminer mutuellement pour élargir leur espace vital. Une lutte pour la survie qui ne deviendra lutte pour la reconstruction, la redécouverte de la civilisation qu'avec l'émergence de Berendsten, l'un de ces « hommes providentiels » que sait si bien secréter l'histoire sous la pression des grands cataclysmes.
Mais chacun sait que, une fois la paix restaurée et avec la réapparition en force de la politique politicienne, les hommes providentiels sont destinés à finir dans les poubelles de l'histoire... A moins qu'ils n'entrent de plain-pied dans la mythologie des hommes.
C'est ainsi qu'après l'Amérique d'après la Peste, on peut voir un char d'assaut foncer vers les montagnes où se cachent les rebelles, dernières survivances des Temps Terribles, ultimes obstacles à la réunification du pays. Son objectif : retrouver le mythique Berendsten, seul espoir de rétablir l'ordre dans une nouvelle république américaine livrée au chaos et aux putsches...
D'origine lithuanienne, versé dans la chose politique, Budrys sait de quoi il parle. Et comment ne pas reconnaître en son Berendsten, organisateur et stratège de l'armée de réunification des Etats-Unis, un certain Bronstein, plus connu dans l'histoire sous le nom de Léon Trotsky ?
Critiques
Une quasi-fin de l’humanité, ce qui n’est pas nouveau, mais pour une fois, ce ne sont pas les militaires et la Bombe qui en sont la cause (ça aura son importance pour la suite), mais la Grande Peste. On s’entretue pour une boîte de corned beef ou pour une femme, rien de très original mais hélas Budrys vise plus haut : le roman n’est qu’un prétexte à travers lequel il gave le lecteur jusqu’à la nausée de ses théories socio-politiques pour le moins contestables. Dictature césariste ou démocratie : pour lui, le débat se situe entre ces deux termes. Et il nous fait assister, sur une tranche de quelque soixante années et par le truchement des membres de deux familles, les Berendsten et les Garvin, à la lutte entre ces deux systèmes. Le jeu est pipé d’avance : Budrys ne craint pas d’annoncer dès le départ que la démocratie a fait faillite et que la seule solution, c’est l’homme providentiel qui saura établir une dictature « éclairée » et conduire malgré lui le peuple vers son bonheur. Mauvaise foi et mépris du lecteur conjugués avec une maladresse besogneuse. Dommage, car avec Priest et Brunner, ce nouvel avatar de Futurama démarre pas mal. Mais pourquoi ces hideuses illustrations de couverture ? Et pourquoi cette assimilation Bronstein/Berendsten dans la présentation du roman ? Ce pauvre Trotsky méritait tout de même mieux…