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Eau douce

Akwaeke EMEZI

Titre original : Freshwater, 2018
Première parution : New York, USA : Grove Press, 13 février 2018   ISFDB
Traduction de Marguerite CAPELLE

GALLIMARD (Paris, France), coll. Du monde entier précédent dans la collection suivant dans la collection
Date de parution : 6 février 2020
Dépôt légal : février 2020, Achevé d'imprimer : 25 novembre 2019
Première édition
Roman, 256 pages, catégorie / prix : 20,50 €
ISBN : 978-2-07-283601-5
Format : 14,0 x 20,5 cm
Genre : Fantastique

Dépot légal en novembre 2019 mais parution en février 2020.
Photo de jaquette : Shiva, delphine Diallo


Quatrième de couverture

Au Nigéria, dans la cosmologie igbo, lorsqu'un enfant est dans le ventre de sa mère, il est façonné par des esprits qui déterminent son destin. Mais à la naissance de la petite Ada, les portes entre le monde des humains et celui des esprits se sont temporairement ouvertes, le temps pour ces derniers de s'immiscer dans le corps de la fillette et de s'y trouver bloqués. Un pied dans le monde des vivants, un pied dans le monde des esprits, Ada va ainsi grandir envahie par un cortège de voix qui vont se disputer le contrôle de sa vie, fractionnant son être en d'innombrables personnalités.
Mais lorsqu'Ada quitte son berceau géographique pour faire ses études aux Etats-Unis, un événement traumatique d'une violence inouïe va donner naissance à un nouvel esprit, beaucoup plus puissant, beaucoup plus dangereux. Ce nouveau "moi" prend possession d'elle et se nourrit de ses désirs, de sa colère et de sa rancoeur. La vie de la jeune fille prend alors une tournure de plus en plus inquiétante, où la mort semble devenir une séduisante échappatoire.
Ce premier roman à la force narrative enivrante donne à voir une version profondément originale des troubles de la personnalité. Avec une assurance rare et une énergie dévorante, Eau douce explore les abysses de l'être, pose un regard incisif sur les questions d'identité, de sexualité, de folie et d'acceptation de soi, et sonne l'émergence d'une nouvelle voix littéraire, unique et audacieuse.

Akwaeke Emezi, d'origine igbo et tamoule, a grandi au Nigéria et évolue dans les espaces liminaux. Profondément autobiographique, Eau douce est finaliste de nombreux prix littéraires internationaux et a été désigné Meilleur Livre de l'année par le New Yorker. C'est le premier roman d'Akwaeke Emezi.

Critiques

[Critique parue exclusivement dans la version numérique de la revue]

 

    Que se passe-t-il quand un enfant grandit dans le ventre de sa mère ? Pour les Igbo, il est encore en contact avec les esprits qui décident de son destin. Mais le portail est censé se fermer le jour de la naissance.

    Ada, elle, n’a pas eu cette chance : la porte est restée ouverte, et elle est désormais ọgbanje, habitée par les esprits qui n’ont pas réussi à quitter son corps avant la naissance.

    Elle grandit au Nigeria dans une famille divisée, en ignorant cette possession. Jusqu’à son départ pour des études aux États-Unis, et à l’agression violente qu’elle subit là-bas, qui déclenche sa « renaissance  ». Désormais, elle partage sa vie avec les êtres qui habitent son âme, chambre de marbre censée être inviolable. Tiraillés entre l’émerveillement d’être chair, et l’appel insistant des « frèresœurs », ceux qui sont restés dans l’obscurité de l’autre côté, les esprits prennent parfois le contrôle de son corps, comme Asụghara, la bête, qui gère tout contact charnel, ou Saint Vincent, qui offre une autre alternative à l’Ada, « en suspension, entre ces concepts inadaptés de masculin et de féminin ». Car comme le disent si bien les voix, les « nous », qui protègent l’Ada de l’intérieur, pour lui éviter de trop souffrir : « beaucoup de choses sont préférables à une souvenance totale. »

    Sans fard, mais gardant néanmoins toujours une certaine pudeur sur les agressions vécues, qui se devinent, et se dévoilent peu à peu pour être enfin écrites dans la dernière partie du livre, ce récit en partie autobiographique exprime avec brio le terrible parcours des troubles de la personnalité, et des traumatismes qui ont pu les déclencher.

    Jouant parfois avec le fantastique par la multiplicité des personnalités mythologiques et divins qui s’y expriment, ces narrateurs si différents, l’histoire retrace surtout avec force et intimité le parcours d’une vie fracassée, et le coût de la survie, ses années passées à se chercher, et à tenter de recoller les morceaux éparpillés dont on n’avait pas conscience ni connaissance. Car comment réparer ce qui est dévasté ? Comment avancer, quand seule la déshumanisation permet de continuer ? Les émotions sont précises, et la sincérité visible derrière chaque voix, chaque moment de la vie de… de qui d’ailleurs ? Chaque voix, à sa façon est unique, et le patchwork dessiné est fascinant, dans ses détails ou dans son ensemble.

    Le fantastique n’est qu’esquissé, à travers le doute entre folie ou la foi dans la cosmologie igbo ou chrétienne, est sert surtout de passerelle vers la construction d’un nouvel être, qui sera la somme de tous les autres, et de toutes ses expériences, charnelles, divines, mystiques, qui forment, malgré tout, l’humain.

Maëlle ALAN
Première parution : 1/1/2021 dans Bifrost 101
Mise en ligne le : 22/7/2024

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