CLANCIER-GUENAUD
, coll. Polars n° 25 Dépôt légal : mars 1987 Roman, 238 pages, catégorie / prix : 65 F ISBN : 2-86215-105-X ✅ Genre : Hors Genre
Contrairement à ce qu'affirme la quatrième de couverture, seul un personnage porte un nom de couleur, et c'est un pseudonyme pour dissimuler son identité.
Un brouillard nocturne avait recouvert Londres, et les lampes au sodium des réverbères lui donnaient une teinte jaune orangé. Ce n'était rien en comparaison des célèbres purées de pois du passé : ces brouillards oppressants, mortels, qui avaient fait l'histoire de Londres.
Malgré tout, il semblait de mauvais augure...
Un classique du roman à énigme, dans la lignée de Gaston Leroux, A. Conan Doyle ou Agatha Christie. Thackeray Phin, le héros de JOHN SLADEK, doit élucider un meurtre en chambre close ; les protagonistes portent tous un nom de couleur... Le seul ouvrage du genre, selon F. Le Lionnais, qui repose sur une théorie scientifique exacte.
Coup sur coup à la fin 79, l'excellente collection policière « Red Label » a publié deux romans que, pour l'amateur de SF, il faudrait non pas vraiment repêcher mais assurément annexer à cause d'une dimension anecdotique. Il y a d'abord L'invisible Monsieur Levert, où John Sladek pastiche le roman à énigme comme il pastichait déjà la SF (Méchasme, Opta, 1972, rééd. Presses Pocket, et L'effet Mùller-Fokker, Opta, 1974) et ses figures principales (Un garçon à vapeur, Opta, 1977). Timide et sans débordement en apparence, ce roman est en fait une savante construction articulant de multiples niveaux de lecture. Son caractère spéculatif est donc essentiellement formel — ou ludique.
Tout aussi curieux est le roman de Jack Vance, Méchant garçon. D'abord parce qu'on ne connaissait pas cette face de l'écrivain, surtout célèbre par son heroic fantasy, fort bien faite mais qui ne cesse de ressasser les mêmes recettes désuètes. Certes, de Vance on connaissait aussi des merveilles comme La grande bamboche (in anthologie Bateaux ivres au fil du temps Casterman, 1978). Mais ce Méchant garçon est sans doute un des plus prodigieux romans noirs (et « à suspense ») jamais produits par le genre. Là aussi, l'amateur de SF détecte le caractère spéculatif tapi sous l'innovation thématique de Vance, l'invention d'un « cas de figure » inouï et qui focalise les fantasmes de voyeurisme. Ce qui est encore plus curieux, c'est que dans cette production policière (phénomène récent) de Vance se trouve littéralement mise en abîme toute son œuvre d'heroic fantasy ! Le personnage principal (qui est comme caché dans les murs d'une maison dont il épie les habitants) élabore jour après jour une vaste saga (le cycle d'Atranta) depuis son réduit secret où il est lui-même enfermé comme dans une microdemeure à l'intérieur de la villa. Une série d'emboîtements vertigineux !
A ne pas rater, pour l'anecdote comme pour les qualités intrinsèques de ces livres.