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New York 2140

Kim Stanley ROBINSON

Titre original : New York 2140, 2017
Première parution : New York, U.S.A. : Orbit, mars 2017   ISFDB
Traduction de Sylvie DENIS
Illustration de Stephan MARTINIÈRE

BRAGELONNE (Paris, France), coll. Science-fiction précédent dans la collection suivant dans la collection
Date de parution : 18 novembre 2020
Dépôt légal : novembre 2020, Achevé d'imprimer : octobre 2020
Première édition
Roman, 672 pages, catégorie / prix : 25 €
ISBN : 979-10-281-1437-4
Format : 15,3 x 23,8 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

« S'il fallait choisir un écrivain dont l'œuvre fera référence pour la science-fiction à l'avenir, ce serait Kim Stanley Robinson. » The New York Times

« Dans quelques décennies, la science-fiction de Robinson ne sera peut-être plus de la fiction. » Atlantic

Avec l’élévation du niveau des mers, chaque avenue est devenue un canal, chaque gratte-ciel, une île. Pour les habitants d’un immeuble de Madison Square, cependant, New York en 2140 est loin d’être seulement une cité submergée par les eaux.
Il y a le trader, qui trouve des opportunités là où d’autres voient des problèmes. Il y a la policière, dont le travail ne disparaîtra jamais… de même que celui des avocats, bien sûr. La star d’Internet, adulée par des millions de personnes pour ses aventures en dirigeable, et le gérant de l’immeuble, respecté par tous pour son souci du détail. Et puis il y a deux gamins qui n’habitent pas ici, mais qui n’ont pas d’autre foyer, et qui sont plus importants que quiconque pourrait l’imaginer. Enfin, il y a les codeurs résidant temporairement sur le toit, et dont la disparition provoque une série d’événements qui vont menacer la vie de tous, et jusqu’aux fondations secrètes sur lesquelles repose la ville…

Une vision audacieuse et brillante de la ville de New York au siècle prochain, finaliste du prix Hugo, catégorie « meilleur roman ».

Kim Stanley Robinson est un best-seller international, lauréat des prix Hugo, Nebula et Locus. Il a été nommé « Héros de l'environnement » par le magazine américain Time.

Critiques

    New York submergée, mais New York magnifiée ! Enfin, presque. Le réchauffement climatique a, comme prévu, causé des dégâts monstrueux en termes de destructions matérielles et de nombre de morts. Le niveau de la mer a augmenté de façon conséquente et New York s’est transformée en Venise américaine, où l’on se déplace d’un gratte-ciel à un autre en bateau électrique ou à voile. Une partie de la ville a été abandonnée, car les immeubles ne tiennent plus qu’à un fil, laissée aux sans-abri n’ayant d’autre choix que de risquer leur vie pour un toit. Une autre partie est habitée par des gens plus fortunés, mais dont le train de vie a changé. Certaines tours sont transformées en collectivités, avec terrasse où l’on fait pousser des légumes, salles à manger partagées, appartements réduits à la taille minimale, moyens de production d’électricité qui permettent, sinon l’autonomie, du moins une certaine indépendance. Une sorte de vie communautaire, à la limite du communisme, au pays de l’oncle Sam. Ce qui n’a aucunement changé, c’est le monde de la finance. On trouve toujours, dans 120 ans, des traders occupés par leurs seuls bénéfices, sans un regard pour les pauvres ou la poursuite du dérèglement climatique. La moindre pierre est une possibilité d’augmenter ses profits, d’agrandir la bulle spéculative – jusqu’à l’éclatement. Mais si on se débrouille bien, même cet éclatement peut être créateur de nouvelles richesses. Quant aux vies détruites…

    On suit ici de multiples personnages, qui vont vite se trouver liés les uns aux autres : un trader, justement, une policière, deux geeks, deux jeunes enfants, une influenceuse écologiste, le concierge de leur immeuble. On est témoin d’un enlèvement, d’une chasse au trésor, d’un ouragan, de jeux financiers. Le moins que l’on puisse dire est que l’auteur ne ménage pas sa peine pour nous occuper pendant qu’il déroule son raisonnement. Et tout cela est bel et bon, mais tout de même un peu long (comme souvent chez KSR), parfois pontifiant. En effet, l’auteur semble faire la leçon à son lecteur sur l’écologie et l’économie, n’hésitant pas à citer des essais (même l’économiste français Thomas Piketty, décidément partout) et faire des cours pour convaincre de la justesse de son raisonnement. Comme Dan Simmons qui assène, dans certains romans, son point de vue avec la force d’un marteau piqueur… mais avec des idées à l’opposé du spectre politique. Mieux vaut d’ailleurs adhérer aux vues de KSR pour qui veut arriver au bout du récit. Le résultat est un texte agréable à lire, au ton léger malgré la teneur du propos, qui avance des solutions un rien simplistes (mais réjouissantes), même si l’auteur s’en défend. Une lecture agréable, car KSR sait créer des personnages vite attachants et dresser un portrait réaliste d’un New York sous les eaux, qui donne envie de prendre une carte de la ville afin de mieux profiter du séjour.

Raphaël GAUDIN
Première parution : 1/4/2022 dans Bifrost 106
Mise en ligne le : 19/3/2025


En 2140 le niveau des mers a monté de 15 à 18 mètres. La partie basse de Manhattan est sous les eaux; certains gratte-ciels ont été étanchéifiés tandis que d’autres s’écroulent. Dans l'immeuble Metlife, Charlotte, la responsable de l'association locale, doit faire face à une mystérieuse tentative d'achat de l'immeuble. Elle recoit l'aide de quelques habitants, dont un trader, une vedette de télé, un gardien peu loquace et deux gamins chercheurs de trésors.

Deuxième livre de Kim Stanley Robinson paraissant aux éditions Bragelonne après l'excellent Aurora, New York 2140 change radicalement d'ambiance en retournant dans une ville en partie engloutie. Robinson est avant tout un écrivain de hard-science et s'attaque cette fois aux théories économiques et aux conséquence du réchauffement climatique.
Si sa description de New York en partie sous les eaux et de l'adaptation de ses habitants à ces nouvelles conditions de vie est réussie, notamment avec les fermes sur les toits, le développement de la pisciculture, l'utilisation de moyens de déplacements aquatique ou l'organisation face à l'arrivée d'une tempête d'une force exceptionnelle, Robinson ne s'en tire pas aussi bien avec la partie économique.
Régulièrement, tous les cinq ou six chapitres, l'auteur nous fait un cours d'économie aride, où l'on découvre notamment qu'il a beaucoup lu Piketty. Remercions Robinson d'avoir indiqué clairement ces chapitres, ce qui permet de les lire en diagonale, voire de les sauter sans trop de remords. L'autre défaut, et il est certainement plus décevant au niveau spéculatif, c'est que si l'auteur est au point sur les théories récentes et sur le fonctionnement actuel de l'économie, il ne fait aucune prospective. Et donc, toute la partie économique et financière de l'intrigue (autour de l'achat de l'immeuble et de la création d'une bulle financière immobilière) est écrite comme si la finance de 2140 fonctionnait globalement comme la finance actuelle, avec du trading haute-fréquence, des programmeurs qui tentent de fausser le système et l'avènement d'une crise suite à l'éclatement d'une bulle. Bref, il nous rejoue la crise de 2008 dans 120 ans sans y changer grand chose.

New York 2140 est donc un roman à moitié raté (ou à moitié réussi si on veut rester positif) : si la partie écologique, avec les conséquences du réchuffement climatique est inspirée et remplie d'images marquantes, il est dificile de rester accroché à l'intrigue économique qui oscille entre l'ennui et le manque de vision. Dommage.

 

René-Marc DOLHEN
Première parution : 17/1/2021 nooSFere


    Suite au changement climatique, le niveau des océans s’est élevé d’une quinzaine de mètres. Pourtant, à New York, l’activité est toujours aussi intense. Les immeubles sertis dans la roche sont aménagés, les autres zones, dangereuses, sont abandonnées – mais squattées. Les rues devenues des canaux sont désormais encombrées de transports fluviaux et des passerelles aériennes relient les immeubles. Les bureaux convertis en appartements, les gratte-ciel désormais indépendants sont des cités-États organisées en coopératives avec aquaculture en sous-sol, fermes aériennes en loggias et sur le toit, cantines communes pas toujours fournies.

    L’intrigue suit par chapitres interposés quelques habitants du MetLife building, emblématique de cette société de l’après catastrophe. Un autre personnage intervient, simplement dénommé le Citoyen, seul à s’exprimer à la première personne, qui n’est autre que la ville elle-même délivrant avec un avis tranché les explications nécessaires à la compréhension du background, sections didactiques isolées de la narration, selon un procédé que l’auteur a développé dans de précédents romans, et qui n’est pas sans rappeler celui de Brunner dans Tous à Zanzibar. Autour d’eux gravitent d’autres personnages en lien avec les intrigues aventureuses ou policières du roman, comme Hexter, vieil homme qui squatte un immeuble menaçant de s’effondrer, à la recherche d’un trésor du xviii e siècle jamais retrouvé, ou Idelba, modeste capitaine d’une barge partie sauver des gens de la tempête. On ne peut qu’admirer l’ingéniosité humaine pour préserver la ville, se réjouir de voir la jeune population profiter des marées pour surfer d’une rue à l’autre. Ici, les gens rêvent, aiment et créent, ils vivent à fond leur époque, ils n’en connaissent pas d’autre.

    C’est d’ailleurs cette entraide qui représente un des points saillants de ces récits entrecroisés, la formidable capacité de résilience d’une ville qui ne renonce jamais : les orphelins illettrés Stefan et Roberto, qui vivent de débrouille sur leur bateau, assistent le vieil érudit dans sa quête et sont secourus par Franklin, le trader pas si inhumain, épaulé par Vlade, le concierge qui aide discrètement tout le monde. Ils secourent même à distance Amelia Black, reporter écologiste dont le dirigeable Migration assistée transporte une faune menacée vers un écosystème moins détérioré, tandis que l’avocate Charlotte signale la disparition de Mutt et Jeff, deux codeurs trop soucieux d’éthique, à l’inspectrice Gen, laquelle enquête sur l’OPA hostile dont leur tour fait l’objet.

    La cause est entendue depuis longtemps : l’écologie est décriée dès lors que l’économie est en jeu. Ici, la capacité d’adaptation du monde de la finance est équivalente à la résilience de la population. Ainsi, l’indicateur boursier IPPI, que le trader qualifie de géofinance, se base sur l’Indice des prix des propriétés intertidales, les buildings inondés deux fois par jour lors des marées, indice utile dans l’estimation d’investissements variés, « y compris les paris sur la performance de l’indice lui-même. » Que le niveau de la mer à travers le monde baisse ou augmente, les traders dégagent des bénéfices.

    En référence à la Destruction créatrice qualifiée d’autre nom du capitalisme, K. S. Robinson dénonce l’imagination destructrice, la destruction créative dont se rend coupable la finance. Son réquisitoire est sans appel : « Suis-je en train de dire que la montée des eaux, la pire catastrophe de l’histoire de l’humanité (…) a en réalité profité au capitalisme ? Oui, je le dis. » Si certains de ses propos en faveur des exploités ne choquent personne en France, ils sont probablement chez lui ceux d’un extrémiste communiste.

    Très documenté, comme toujours, plus militant que jamais, K. S. Robinson décrit l’immersion de la Grosse Pomme avec une précision hyperréaliste qui est aussi une promenade touristique. Un bon roman, d’ores et déjà sélectionné pour le prix Hugo.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/1/2021 dans Bifrost 101
Mise en ligne le : 22/7/2024

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