Bien qu'ayant fait vœux de célibat pour garder sa capacité de divination, Myrddin Emrys, Le Merlin, barde de l'Ardh Rhi Uther, a fait souche. Il a craqué lors d'une nuit de Beltane, pendant cette fête de la Fertilité qu'il devait pourtant présider de bout en bout. Mais la puissance des sens, les parfums musqués, la liberté des corps, la beauté et la sensualité de Deirdre la prêtresse, l'entraînent à célébrer aussi la gloire de la déesse Dana. Bien que chargé, par les dieux celtes, d'une mission primordiale (il doit préparer le garçon qui deviendra Arthur celui qui reprendra la légende de Pendragon) il risque la mort pour cet écart de conduite. Cependant, la mission prime et les dieux se doivent de privilégier leur existence...
Dierdre meurt en mettant au monde l'enfant conçu cette nuit là. C'est donc Merlin qui s'occupe de sa fille et qui la traîne, avec lui, aux quatre coins de Grande-Bretagne. Pour cacher le futur Arthur, il a disséminé, dans tout le pays des garçons et va régulièrement les visiter pour suivre leur éducation.
Wren s'attache, pendant les mois d'hiver où elle n'est pas sur les chemins, à Curyll, un garçon de six ans son aîné, qui bégaie et semble promis à un triste avenir...
Alors que Wren, dans une vision, a eu la révélation de son futur par cette phrase sibylline : « J'aurai un mari et des enfants de Curyll... » son père lui révèle que la déesse lui confiera une mission.
Cette série offre une approche originale d'un volet de la légende arthurienne car, c'est par le regard des enfants de Merlin, en l'occurrence, dans ce tome, par celui de Wren, sa fille que nous découvrons les bases de la geste et sa construction.
Dans ce premier volet, l'auteur relate l'enfance, puis l'adolescence de Wren, sa préparation à sa mission par le Merlin, la disparition d'Avalon avec la mort de la dernière Morrigan, ses déboires et ses victoires.
Le texte du quatrième de couverture, en voulant décrire une situation de crise qui ne débute que vers la 300e page, occulte toute une première partie de mise en place qui mérite portant beaucoup d'intérêt. En effet, l'auteur plante son décor et donne la plupart des clés explicitant la légende. De celle-ci on ne connaît, en fait, que la partie honorifique de la geste d'Arthur, quand il combat pour la liberté de la Grande-Bretagne. Irene Radford reprend les fondements de la société de l'époque, son organisation, la structure politique et le poids de la religion. Elle donne les raisons et montre les prémices de la lutte entre les dieux, par religieux interposés, avec la volonté du christianisme de s'imposer et d'éradiquer la religion druidique.
Elle évoque la magie comme un lien très fort avec la nature et compare les deux rituels religieux qui font appel, en fait, aux mêmes éléments fondamentaux. Elle fait aussi une relation de la vie quotidienne, des modes d'existence replacés dans leur contexte et dans leur époque, multipliant les détails qui font mouche.
La vision d'Arthur à travers celle qui deviendra son égérie est attrayante. Ce premier volet des Descendants de Merlin, aborde la légende arthurienne vue par « le petit bout de la lorgnette ». C'est passionnant et tellement réaliste.
Serge PERRAUD
Première parution : 30/8/2007 nooSFere