Trois hommes tentent de passer inaperçus dans la rue de Sévigné. Ce sont les trois Pieuvres mâles de l'impasse Guéménée qui sont là pour assassiner les clients du docteur Fandango. Ils ont un guetteur sur les toits de la Maison du Repris de justice. Mais, celui-ci se fait circonvenir par Maudina de Hachecor, l'Escarboucle de Charenton-le-Pont, qui, ensuite, rejoint Castor, Pollux et Mustapha. Pour se débarrasser des trois Pieuvres, dissimulées derrière une voiture remplie des produits résultant de la vidange de fosse d'aisance, Mustapha va, à l'aide d'une récalcitrante allumette de l'impôt, transformer celle-ci en machine infernale. L'explosion fait 73 morts, des dégâts considérables et projette dans les airs les trois voyous.
C'est un épisode, parmi tant d'autres, de la lutte entre les deux titans, car : « Je n'ai pas besoin de vous apprendre que désormais Paris et sans doute l'univers entier, sont divisés en deux factions : « les Malades du docteur Fandango » et « les Chevaliers de l'élixir funeste » appelés aussi « les fléaux de la capitale » ou « les Pieuvres mâles » des diverses impasses... »
Qui l'emportera et à quel prix ? Combien faudra-t-il de victimes directes ou indirectes, innocentes ou impliquées ?
Et Paul Féval de mener, sur un rythme endiablé, une histoire extravagante où les morts se comptent par centaines. Outre les crimes, assassinats, meurtres les plus divers et variés, l'auteur accumule les situations et dialogues convenus que l'on trouve dans les mauvais romans du genre littéraire où il œuvre. Il se livre à un véritable pastiche, allant jusqu'à la caricature, voire l'autodérision en employant à foison toutes les ficelles de son métier pour faire naître la peur, l'angoisse, le fantastique, créer et maintenir le suspense. Il introduit, avec des personnages aux patronymes très typés, avec des dialogues outrés, des situations dramatiques, mais si dramatiques qu'elles en deviennent burlesques.
Avec La fabrique de crimes, Paul Féval fait du Pierre Dac et Francis Blanche avant l'heure. Cependant, le talent et le savoir-faire de l'auteur sont très présents. La chute finale en est un exemple.
Ce roman est un petit bijou à découvrir toutes affaires cessantes. Il montre que des auteurs comme Paul Féval, installés au pinacle des feuilletonistes, étaient capables de s'auto parodier et de faire un usage immodéré de l'humour à leur encontre.
Serge PERRAUD
Première parution : 15/7/2006 nooSFere