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1 Astucieux, tant dans son propos que dans sa construction, agrémenté d'un humour omniprésent dû aux protagonistes, ce livre se lit d'une traite, même si parfois les exposés « techniques » plombent clairement le rythme.
Ce défaut est corrigé dans le tome suivant de ce qu'il convient désormais d'appeler «
Les Naufragés de l'Entropie »,
Les Manuscrits de Kinnereth, inédit cette fois-ci et publié quelques mois plus tard par Mnémos. Davantage porté sur l'action — même si le premier tome n'en était pas dépourvu, loin de là — , ce livre part une nouvelle fois d'un mystère. Mais là où il s'agissait d'une énigme policière dans
La Parallèle..., il s'agit de théologie ici : des manuscrits sont retrouvés à Kinnereth — dont la mer est en fait le lac de Tibériade — , qui, s'ils sont authentiques, risquent fort d'ébranler les bases de l'histoire religieuse. Ils datent en effet de la fin du I
er siècle et ont été rédigés par un disciple du Christ. Ce roman ne constitue pas une suite directe du premier volume, puisque c'est désormais l'ex-compagne de Child, disparu depuis dix ans, qui tient le rôle principal. Chercheuse en histoire, elle se voit confier ces manuscrits, et devra mettre en œuvre ses facultés de réflexion pour retrouver les traces du
Vertov et de Child, sans savoir s'il est encore vivant... Elle sera accompagnée pour ce faire de plusieurs membres de sa famille hauts en couleurs, et de Masterson, un agent des services secrets dont les motivations restent obscures. Combinaison de mystère religieux des origines et de voyage dans le temps : on pense inévitablement à
Voici l'homme, de
Michael Moorcock, et Delmeulle ne se prive du reste pas d'y faire référence. Néanmoins, là où le roman de l'écrivain anglais était ouvertement un pamphlet théologique, celui de l'auteur français se veut plus léger, plus tourné vers le suspense et les paradoxes temporels. Comme on l'a dit, ce tome est mieux équilibré que le précédent, et suit exactement le même chemin : une lecture délassante, sympathique plongée dans les méandres du temps, par un auteur qui prend visiblement plaisir à tordre le cours du temps selon son imagination. Par ce diptyque, Frédéric Delmeulle fait une entrée remarquée dans le milieu de l'imaginaire francophone.