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Un critique ne peut pas être totalement innocent... » On pourrait d'abord dénicher un peu d'inventivité. Affiches parlantes, caméras de la taille d'une guêpe, pages de la Bible enduites de vomitif pour empêcher de se rouler des joints avec, araignées infirmières numériques... Le décor est indubitablement cyberpunk. On se trouve dans un univers parallèle. Un Paris redevenu napoléonien, menacé par les armées d'un mystérieux Quatrième Reich. En sus, un virus magnétique détruit tout ce qui est en acier. Un Paris en ruines... LizAlec, fille de la ministre Lady Clare Fabio, procureur impérial, a été enlevée. Pour la libérer, ses ravisseurs demandent à Lady Clare d'obtenir la capitulation de la France. Ouille ! Voilà qui manque sérieusement de crédibilité... Si on pouvait arrêter une guerre simplement en menaçant d'exécuter UN otage, ça se saurait depuis longtemps ! Pour retrouver sa fille, Lady Clare fait confiance à Fixx, musicien toxicomane violeur cul-de-jatte et emprisonné. Si, si. Qui se rendra sur Luna, où se déroule une grande partie du récit.
Plus la lecture avance, plus on se rend compte à quel point ce livre est mauvais. Par exemple, page 67, on transforme l'or impérial en obligations ! Plus économiquement nul, tu meurs ! Au conseil des ministres, on use d'un vocabulaire simple
« car certains des ministres présents étaient nés dans de lointaines colonies et avaient appris le français sur le tard. » (page 250). Souffrant d'un manque total de crédibilité, incohérent, ce récit donne l'impression d'avoir été rédigé sans plan.
Les événements se succèdent au fur et à mesure à la va-comme-je-te-pousse. C'est ainsi que, tout à coup, il existe un antidote au virus bouffeur de métal, découvert par un général qui est en réalité un gros propriétaire terrien. Probablement est-il aussi inventeur de génie ? L'auteur excelle cependant dans deux registres : la violence et le sexe. Dans
reMix, on torture et on tue — gratuitement — avec une certaine jouissance. Et quand Fixx baise, pas besoin de louer une cassette porno, c'est visuellement très pur, très clinique. S'il y a une chose à sauver de ce gâchis, c'est le personnage de Lars, le Rat des sables. Une espèce de mutant, fabriqué pour vivre en faible gravité sur la Lune, qui recèle en lui l'humanité qui fait tellement défaut à tous les autres personnages. Lars, qui traîne dans un frigo la tête de son ami Ben, dans l'espoir de lui rendre un jour un corps et la vie. Pas de doute. On s'est fait avoir par la publicité mensongère du dos de couverture, qui compare Jon Courtenay Grimwood à
William Gibson et Quentin Tarantino. Grimwood use certes d'un décor emprunté à ces maîtres, mais il le remplit de péripéties empilées sur un échafaudage branlant. Intrigue embrouillée et abondance de clichés ne font qu'enfoncer un peu plus les personnages récurrents dans une bouillie textuelle qui est fort loin de la littérature.
« ... Après tout, il n'avait qu'à ne pas lire le livre... »