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Fournaise

Livia LLEWELLYN

Première parution : Evry, France, Dystopia Workshop, 18 octobre 2021
Traduction de Anne-Sylvie HOMASSEL
Illustration de Stéphane PERGER

DYSTOPIA (association) (Evry, France), coll. Workshop précédent dans la collection
Date de parution : 18 octobre 2021
Dépôt légal : novembre 2021
Première édition
Recueil de nouvelles, 240 pages, catégorie / prix : 15 €
ISBN : 979-10-91146-45-6
Format : 12,0 x 17,0 cm
Genre : Fantastique

Couverture à rabats. Existe aussi en numérique (ISBN : 979-10-91146-46-3, parution : 1er novembre 2021), au prix de 9 €.


Pas de texte sur la quatrième de couverture.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Panopticon (Panopticon, 2010), pages 9 à 18, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL
2 - Stabilimentum (Stabilimentum, 2013), pages 21 à 39, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL
3 - Guêpe et Serpent (Wasp & Snake, 2013), pages 41 à 46, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL
4 - Cinereous (Cinereous, 2013), pages 49 à 62, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL
5 - À toi le droit de commencer (Yours Is the Right to Begin, 2013), pages 65 à 79, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL
6 - Le Seigneur de la chasse (Lord of the Hunt, 2012), pages 81 à 92, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL
7 - C’est plus agréable quand on mord (It Feels Better Biting Down, 2014), pages 95 à 107, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL
8 - Allochthon (Allochthon, 2014), pages 109 à 122, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL
9 - Fournaise (Furnace, 2013), pages 125 à 144, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL
10 - Les Mystères (The Mysteries, 2014), pages 147 à 161, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL
11 - Dernier été dans la pureté et la lumière (The Last, Clean, Bright Summer, 2014), pages 163 à 184, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL
12 - Et l’amour n’aura point d’empire (And Love Shall Have No Dominion, 2011), pages 187 à 202, nouvelle, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL
13 - Anne-Sylvie HOMASSEL & Laurence JONARD, Interview de Livia Llewellyn, pages 205 à 214, entretien avec Livia LLEWELLYN, trad. Anne-Sylvie HOMASSEL
Critiques

En dehors des amateurs de fantastique qui auront eu le privilège de lire la nouvelle qui donne son nom au recueil dans la revue Le Visage Vert (n°27), Fournaise est le premier ouvrage de Livia Llewellyn disponible en français. Il s'agit de la traduction pas tout à fait intégrale, par Anne-Sylvie Homassel, du deuxième recueil de l'américaine. Le livre est au format caractéristique des éditions Dystopia et son aspect tout aussi obscur que le recueil de Thomas Ligotti chez le même éditeur. La couverture et les illustrations de Stéphane Perger sont parfaitement dans le ton des textes, sobres mais incandescentes.

L'ouvrage s'ouvre sur Panopticon, probablement le récit le plus cryptique du recueil. Il est une plongée immédiate dans un environnement urbain et étouffant. Plongée d'autant plus abrupte qu'en quelques paragraphes à peine tout le champ lexical du livre déjà se déploit. Le sang, les saveurs âcres, la sueur, les orages, les fumées, les ombres, les os, le sexe traversent le parcours de la lectrice à qui s'adresse directement le texte.

À la lecture de Stabilimentum, on pense au premier abord retrouver ses marques. Un appartement, une femme fatiguée qui semble chercher à relancer sa vie, un décor oppressant en regard de la ville si belle, à l'extérieur. L'angoisse qui progresse sous la forme d'araignées qui, malgré leur éradicaction, réapparaissent inlassablement et toujours plus répugnantes. La peur, la frayeur et la panique qui s'insinuent... Puis l'histoire dérape, et l'on commence à deviner que rien n'est jamais simple chez Livia Llewellyn. Les dimensions se font incertaines. La tour d'habitation se fait infinie, les étages se superposent, s'inversent. Le vertige s'installe.

Les textes de Livia Llewellyn sont résolument sombres. Il n'est certes pas anodin que l'autrice cite Cronenberg ou H.R. Giger dans l'interview disponible en postface, tant ses textes touchent à l'intime et à la chair. Mais l'horreur qu'elle instille est diverse. Qu'elle soit grand guignolesque, qu'elle revisite la figure du vampire ou d'autres mythologiques, qu'elle puise dans des images d'inspiration Lovecraftiennes, elle peut être aussi bien crue et picturale que se cogner aux limites de l'entendement, au fantastique.

Et puis, surtout, Livia Llewellyn écrit des histoires de femmes. Le lecteur le plus distrait ne peut que constater au bout de quelques récits que leur point commun, leur point focal, est un personnage féminin. Et que cela soit contraint (Guêpe et Serpent), subit (Dernier été dans la pureté et la lumière), accepté (Les mystères), leur esprit et leur corps sont transformés, meurtris ou exploités. Mais chacune d'entre elles est différente, chacune possède une identité bien distincte et, fatiguées, perdues ou blessées dans leur chair, aucune n'est passive. L'une est un témoin qui se frotte à l'indicible qui règne en marge de la réalité, l'autre une passeuse, cet autre encore une prédatrice ou une ambitieuse. Toutes sont fortes, acharnées ou résilientes.

De fait, rarement un recueil de littérature d'horreur et de fantastique ne nous aura autant mis le nez dans la réalité de celles qui sont la moitié de l'Humanité. Avec son vocabulaire ample et son style qui se déploit en de longues phrases chargées d'images, Livia Llewellyn nous invite à découvrir aussi bien leurs aspirations que leurs fardeaux. De manière incarnée et bien loin de l'image éthérée de la charge mentale.

David SOULAYROL
Première parution : 12/12/2022 nooSFere


    Livia Llewellyn est une autrice américaine peu connue chez elle, inconnue chez nous, ayant publié deux recueils de nouvel­les :Engines of Desire (2011) et Furnace (2016), tous deux nommés pour le prix Shirley Jackson qui, depuis 2007, ré­compense des textes relevant de l’horreur. Les éditions Dystopia publient, à l’initiative d’Anne-Sylvie Homassel qui en a assuré la traduction, Fournaise, version française de Furnace reprenant douze des treize nouvelles originales. Le recueil se complète d’une interview de l’autrice.

    La place me manque et je n’irai donc pas par quatre chemins : Fournaise est un chef-d’œuvre du genre. Horrifique, assurément. Les récits qui le composent laisseront des traces dans l’esprit du lecteur, et les images qu’il invoque peupleront ses nuits sans som­meil. New Weird, pleinement. Livia Llewellyn navigue avec aisance sur les eaux sombres et les codes de ce courant littéraire né au tournant du millénaire avec la publication de Perdido Street Station de China Miéville. Lieux et époques cohabitent dans ces pages, de la Révolution française à un futur cyberpunk, en passant par la grande dépression américaine, avec toujours comme objectif avoué de mettre à mal notre santé mentale. Dans chacune des nouvelles, l’étrange s’invite dès les premières lignes, mais l’horreur frappe sans prévenir, puissamment. Le recueil s’ouvre sur « Panopticon », qui est le texte le plus malaisant. À moins que cette entrée en matière ne déplace tant les curseurs de nos attentes que la suite s’impose avec plus d’évi­dence. Dans son recueil Wounds, Nathan Ballingrud avait brillamment montré que l’esprit humain s’adapte avec une facilité déconcertante à toutes les horreurs. L’épou­vante de Livia Llewellyn n’est pas psychologique, elle relève d’une perception du monde. C’est un regard déformé mais précis, mons­trueux et lucide. L’autrice consacre moins de mots à ses personnages qu’au monde qui les entoure. Ainsi les descriptions de la nature ou de la ville sont mises au premier plan et les noms de China Miéville (encore) et Jeff VanderMeer s’imposent. Les inspirations sont transparentes et revendiquées, comme dans la nouvelle « Guêpe et serpent », qui réécrit la fable d’Ésope en version cyberpunk, ou le sublime« À toi le droit de commencer », qui reprend le Dracula de Bram Stoker du point de vue des créatures fémi­nines qui l’entourent, donnant une lecture féministe du mythe. C’est un regard féminin que pro­pose l’autrice – tous ses personnages sont des femmes –, le corps et la sexualité sont autant de lieux d’exultation que d’horreur. C’est là une des caractéristiques essentielles de ce recueil.

    Enfin, s’il n’est pas à mettre entre toutes les mains en raison de la violence des images qu’il impose, Fournaise se distingue par ses qualités littéraires. Les textes qui le compo­sent sont magnifiquement écrits et magnifi­quement traduits. La langue est belle, émi­nemment poétique, ce qui ne fait que renforcer le malaise face à l’horreur présentée ainsi dans un écrin de diamant.

    Un chef-d’œuvre.

FEYDRAUTHA
Première parution : 1/1/2022 dans Bifrost 105
Mise en ligne le : 6/2/2025

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