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Parij

Éric FAYE

Première parution : Paris : Le Serpent à plumes, 1997

Illustration de Benjamin CARRÉ

STOCK (Paris, France), coll. La Bleue précédent dans la collection suivant dans la collection
Date de parution : 7 mars 2012

Réédition
Roman, 272 pages
ISBN : 978-2-234-07097-4
Format : 13,5 x 21,5 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

Fin de la Seconde Guerre mondiale. Paris est divisée. Son histoire, c’est celle de Berlin. Saint-Sulpice à l’Ouest, Montmartre à l’Est. L’uchronie pour peindre la Ville lumière aux couleurs du totalitarisme. Depuis que les Russes en ont pris le contrôle, Parij, puisqu’il faut désormais la nommer ainsi, survit au rythme de la surveillance et des purges. L’ensemble du territoire est étroitement contrôlé par la froide administration du Numéro Un et il faut déployer des trésors d’ingéniosité pour communiquer d’une extrémité de la ville à l’autre. Bernard Neuvil, espion à l’Est affecté à la direction de la cellule politique des Postes, en sait quelque chose : c’est à son oeil aguerri qu’a été confié le quotidien épistolaire de Romain Morvan, écrivain nobélisé et de Clara Banine, violoniste de renom. Le régime en place soupçonne l’auteur de travailler à son « grand roman », celui qui ridiculisera le pouvoir et prendra ses quartiers au panthéon des oeuvres immortelles.
Neuvil intercepte chaque lettre, lit, amende avec l’aide d’un scribe graphologue, brouille les pistes. Dans son voyeurisme, son trouble – pour la beauté de Clara, pour l’intelligence de Morvan, pour l’éclat de l’échange entre les deux amants qu’il protège –, il perdra de vue son statut et négligera le dévouement au Parti, glissant vers la dissidence. Enfin, lui qui doutait de l’existence d’un manuscrit de Morvan finira par endosser le rôle de passeur, bien décidé à protéger les 1 200 pages sténocryptées…
Dans l’épilogue de ce roman célébrant l’uchronie comme prétexte d’une réflexion sur le rôle politique de la littérature, et de la création plus généralement, on apprend que le Mur a cédé.

La littérature aujourd’hui, déplore dans sa préface Éric Faye, est « un produit égal à tout autre produit ». Parij prouve pourtant que ces mots d’Efim Etkind ne sont pas vains : « La mise sous les verrous d’un roman est la plus haute distinction que le pouvoir d’État puisse décerner à une oeuvre littéraire. »

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition J'AI LU, Nouvelle génération (1999)

     Il paraît que tous les ouvrages d'Éric Faye, l'auteur de Parij (Paris en russe, mais en graphie latine), touchent soit au fantastique soit à la science-fiction, mais que leur auteur refuse de se considérer comme « écrivain de genre  ». C'est son droit le plus strict, quoique la position esthétique consistant à s'approprier un genre en le niant me soit toujours apparue d'une logique passablement hermétique. S'étonnera-t-on, après cela, de voir ce roman dévier de ses prémisses pour épouser la thématique la plus littéraire qui soit  : l'importance de l'œuvre d'art  ?... La vie, on le sait, n'est rien pour l'artiste — seule sa création compte. (Et on reproche à la SF de verser dans le solipsisme...)
     Pourtant, Parij est alléchant. Il s'agit d'une uchronie. Simpliste  : en 1944, la Wehrmacht a repoussé les Américains dans les Ardennes, en les poursuivant à travers la France, mais le Reich était lui-même poursuivi par l'Armée rouge  ! Résultat, une France soviétisée et satellisée, Paris coupé en deux par un Mur... (Il y a des trouvailles, comme le fait que la tâche ait dû s'avérer plus difficile qu'à Berlin, le mur devant aussi être souterrain par la faute des catacombes, carrières et autres métros...) Prétexte également  : on sent que l'auteur est plus intéressé par les pions qu'il pose que par cette Histoire divergente.
     Mais dans ce cas, pourquoi une uchronie  ? Pourquoi n'avoir pas situé ce roman à Berlin, avant, pendant et après la chute du Mur (puisque ceci nous est conté)  ? Pourquoi avoir transposé si artificiellement dans les mœurs françaises l'aspect kafkaïen des administrations de l'Est  ? Le but poursuivi demeure flou. Certes, le nom de plume de l'écrivain censuré et expulsé, Morvan, pourrait faire songer à un défunt président de la République. Rien ne le confirme.
     L'intrigue traque un manuscrit que Morvan n'a pu faire sortir  : la censure cherche, Morvan et son ex-petite amie errent chacun de son côté, les fonctionnaires tremblent. Une belle idée  : Neuvil, le censeur-espion, qui fait réécrire les lettres de Morvan à sa maîtresse, basculant in fine dans la dissidence. Enfin le régime et le mur tombent, après que le Numéro Un eut tenté, Ceaucescu parallèle, de reconstruire Paris dans les plaines du Nord. Morvan fait son deuil de son œuvre. Rayon spéculation et imaginaire, le lecteur reste sur sa faim. Demeure une variation sur le thème du samizdat, mais dont l'urgence et la nécessité manquent d'évidence.

Dominique WARFA (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/9/1999
dans Galaxies 14
Mise en ligne le : 10/10/2000

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