Au cœur du continent africain, le docteur Mallory rêve de découvrir un nouveau Nil qui fera refleurir le Sahara. Un jour, pendant les travaux qu'il dirige, la souche d'un vieil arbre, délogée par un bulldozer, laisse apparaître un peu d'eau. Le ruisselet se fait rivière, puis fleuve immense, suscitant sur ses rives une végétation baroque. Le fleuve Mallory devient alors l'enjeu d'ambitions politiques rivales.
Dans ce contexte de guerre civile, le docteur Mallory entreprend de remonter à la source de « son » fleuve, à bord du vieux ferry-boat qu'il a détourné, le Salammbô. D'autres personnages ont entrepris ce voyage. Un producteur de documentaires télévisés qui cherche à se refaire une réputation avec les malheurs du tiers-monde. Une jeune veuve qui a pris la tête d'un groupe de femmes. Noon, enfin, l'adolescente sauvage qui connaît peut-être le mystère du fleuve. Leur équipée est une remontée des eaux de la mémoire et du désir, où chacun tente de retrouver les sources de son obsession, à commencer par Mallory, partagé entre le désir d'aller jusqu'au bout du voyage et celui de détruire sa création.
Pur roman d'aventure, à ranger aux côtés des chefs-d'œuvre du genre, comme Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, Le Jour de la création fait suite dans l'œuvre de J.G. Ballard à Empire du Soleil (adapté au cinéma par Steven Spielberg).
Après Empire du Soleil et l'adaptation cinématographique qui en avait été faite par Steven Spielberg, on pouvait s'interroger quant au devenir de la carrière de Jim Ballard. Allait-il se tourner tout entier vers l'écriture de scénarios ou alors continuer à décrypter le réel à travers une série de fictions inspirées destinées à la publication ? La réponse nous était donné il y a quelques mois lorsque nous apprenions que paraissait outre-Manche The Day of Création, sans parvenir à obtenir cependant le moindre renseignement à son sujet. Il était dit que nous ne découvririons cette œuvre qu'à l'automne 88, chez Flammarion où officie désormais Elisabeth Gille, dans une traduction signée Robert Louit, lui aussi grand spécialiste de l'œuvre du maître...
Ballard nous invite cette fois à suivre les tribulations africaines du docteur Mallory, lequel tente malgré le manque de moyens et la guerre civile qui déchire le pays de maintenir en état de fonctionnement son dispensaire de fortune, tout en continuant à rechercher de l'eau dans le sous-sol, eau qui permettrait de vaincre définitivement la sécheresse et la famine. Jusqu'au jour où en délogeant une gigantesque souche d'arbre au bulldozer, il provoque l'apparition de quelques filets d'eau qui se transforment rapidement en rivière puis en fleuve. Il décide alors de le remonter jusqu'à sa source, à bord du Salamnbô, accompagné de Noon, la jeune rebelle, dont le destin semble lié au sien...
Avec Le Jour de la Création, roman d'aventures initiatique et onirique présentant de nombreuses similitudes avec Le Monde Englouti, La Forêt de Cristal et Salut l'Amérique ! J.G. Ballard confirme non seulement que le temps et le succès n'ont pas émoussé sa plume, mais encore qu'il demeure bien le meilleur écrivain de fiction spéculative... quelle que soit l'étiquette apposée sur ses ouvrages.