Tade THOMPSON Titre original : The Survival of Molly Southbourne, 2019 Première parution : Tor.com, 9 juillet 2019ISFDB Cycle : Molly Southbourne vol. 2
BÉLIAL'
(Saint-Mammès, France), coll. Une Heure-Lumière n° 24 Date de parution : 11 juin 2020 Dépôt légal : 2020, Achevé d'imprimer : mars 2020 Première édition Novella, 128 pages, catégorie / prix : 9,90 € ISBN : 978-2-84344-964-2 Format : 12,0 x 18,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Existe aussi en numérique (ISBN : 978-2-38163-003-8) au prix de 4,99 €.
Qui est Molly ? Une jeune femme frappée de la pire des malédictions, morte dans l’incendie de son domicile… Et pourtant là. Semblable mais différente. Qui est cette Molly ? Certains veulent la voir disparaître. D’autres brûlent de la capturer, de percer à jour les secrets de sa nature étrange.
L’objet d’enjeux qui la dépassent, voilà ce qu’est Molly. Condamnée à fuir, à tenter de survivre. Avant de peut-être, enfin, apprendre à vivre…
« Fascinant, indispensable.
Il y a un avant et un après Tade Thompson dans l’imaginaire. »
Xavier Mauméjean – Bifrost
La Survie de Molly Southbourne fait suite aux Meurtres de Molly Southbourne, lauréat des prix Nommo 2018 et Julia Verlanger 2019.
[texte du rabat de couverture]
Né à Londres mais ayant grandi au Nigeria, Tade Thompson vit désormais dans le sud de l’Angleterre, où il exerce la profession de psychiatre. Âgé d’une quarantaine d’années, il est l’auteur de plusieurs dizaines de nouvelles et d’une poignée de romans, dont Rosewater, Insurrection et Rédemption, la trilogie « Wormwood » publiée chez J’ai Lu. La Survie de Molly Southbourne fait suite aux Meurtres de Molly Southbourne, lauréat des prix Nommo 2018 et Julia Verlanger 2019, actuellement finaliste du Grand Prix de l’Imaginaire 2020 et en cours d’adaptation cinématographique.
Critiques
De la même manière que l’on peut envisager l’existence d’une vie extraterrestre, on doit admettre la possibilité qu’un lecteur de Bifrost ne connaisse pas Molly Southbourne. Cela reste toutefois moins probable que de pécho sous Covid-19 en confinement dans un hôtel Formule 1 réquisitionné pour l’occasion. Mais dans l’éventualité, puisque le présentouvrageest une suite, rappelons ce qui s’est passé dans Les Meurtres de Molly Southbourne(critiqué dans le Bifrost n°95). Depuis son plus jeune âge, Molly génère au moindre saignement des répliques d’elle-même, les « molly », qui cherchent à la tuer. Ses parents lui ont prodigué une éducation spéciale basée sur l’art du combat et ces trois préceptes : « Ne saigne pas. Si tu te vois toi-même, cours. Une compresse, le feu, du détergent. » Molly a dû se confronter à la vie et aux surprises qu’elle ménage…
Nous la retrouvons donc, sur fond toutefois de changement notable, bien que certaines constantes demeurent. Elle porte un numéro de téléphone tatoué sur le bras qui lui permet de contacter des nettoyeurs l’aidant en cas de crise. Après un grave incident psychotique, Molly vit avec la présence fantôme de ses « gynoïdes », ni clones ni sœurs. Elle va faire la rencontre de Tamara Koleosho, jeune femme d’origine yoruba qui partage la même spécificité : « Je suis comme vous. Quand je saigne, il y a des doubles qui poussent. » À ceci près qu’elle vit en parfaite harmonie avec ses doubles. Tamara lui permettra de croiser Vitali Ignatiy Nikitovich et d’en apprendre davantage sur sa mère, et partant sur elle-même. Molly va alors devoir redistribuer les rares cartes dont elle dispose, et penser autrement ses alliances…
La Survie de Molly Southbournea d’entrée l’intelligence de ne pas chercher à reproduire l’effet de surprise initial. Tout en conservant son thème, Thade Thompson en propose une variation, comme on le dirait en musique, qui non seulement ne déçoit pas le lecteur averti, mais conserve et amplifie son intérêt. Tamara apparaît ainsi comme le contrepoint de Molly, davantage préparée à sa condition par son origine yoruba. Rappelons qu’elle est également celle de l’auteur, et que ses particularités ethniques et culturelles la prédisposent à la question du double (cf. notre précédente critique). S’y ajoute une dimension psychiatrique qui enrichit l’ensemble. Sans compter les moments d’actions pures, tels l’exfiltration de Molly par les « tamara » sous un déluge de balles, ou la transformation de James Down. N’en disons pas plus, sinon que Tade Thompson réussit une nouvelle fois à associer efficacité et réflexion.
D’un récit à l’autre, l’auteur déploie avec cohérence sa narration. En ce sens, on peut tenir le présent texte comme le segment central d’une intrigue en trois parties, qui appelle une résolution. Le moment venu, une reprise en un volume serait d’ailleurs appréciée.
Au terme des précédentes aventures de Molly, on devait admettre qu’il y avait dans l’Imaginaire un avant et un après Tade Thompson. La Survie de Molly Southbournepermet d’affiner : après Tade Thompson, il n’y a que Tade Thompson.