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Le Temps fut

Ian McDONALD

Titre original : Time Was, 2018
Première parution : Tor.com, 24 avril 2018   ISFDB
Traduction de Gilles GOULLET
Illustration de Aurélien POLICE

BÉLIAL' (Saint-Mammès, France), coll. Une Heure-Lumière précédent dans la collection n° 23 suivant dans la collection
Date de parution : 13 février 2020
Dépôt légal : février 2020, Achevé d'imprimer : février 2020
Première édition
Novella, 144 pages, catégorie / prix : 9,90 €
ISBN : 978-2-84344-960-4
Format : 12,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction

Existe aussi en numérique au format ePub (ISBN : 978-2-84344-898-0) au prix de 4,99 €.


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture

Bouquiniste indépendant, Emmett Leigh déniche un jour un petit recueil de poèmes lors de la liquidation de la librairie d’un confrère. Un recueil, Le Temps fut, qui s’avère vite d’une qualité littéraire au mieux médiocre… En revanche, ce qui intéresse Emmett au plus haut point, c’est la lettre manuscrite qu’il découvre glissée entre les pages de l’ouvrage. Pour le bouquiniste, tout ce qui peut donner un cachet unique et personnel à un livre est bon à prendre. Il se trouve ici en présence d’une lettre d’amour qu’un certain Tom adresse à son amant, Ben, en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale. Remuant ciel et terre – et vieux papiers – afin d’identifier les deux soldats, Emmett finit par les retrouver sur diverses photos, prises à différentes époques. Or, la date présumée des photos et l’âge des protagonistes qui y figurent ne correspondent pas… Du tout.

« Le Temps fut tisse un écheveau exquis d’amour, de guerre et de physique quantique à l’attrait intemporel. »
Nina Allan

Le Temps fut, nommé au prix Philip K. Dick 2019 et finaliste du Campbell Memorial Award 2019, est lauréat du British Science Fiction Award 2018.

Critiques

    La guerre entre les Corta et les Mackenzie a profondément déstabilisé l’équilibre des forces sur la Lune. Lune montante voit s’imposer de nouveaux acteurs dans le jeu tandis que les anciens fauves, tués ou blessés, cèdent progressivement la place. Alexia Corta, venue du Brésil à la demande d’un Lucas Corta ayant accédé au rang d’Aigle de la Lune, devient sa Main de Fer assurant la reconquête : l’allégeance à la famille est le leitmotiv qui court tout au long du roman. Le lecteur découvre à travers ses yeux les mœurs complexes de la Lune et les conditions très dures des défavorisés, qui surveillent sur leur rétine la disponibilité des Quatre Fondamentaux calculés en temps réel, l’air, l’eau, le carbone et les données, garants de leur survie.

    Les autres Dragons cherchent à asseoir leur position tandis que la Terre, en embuscade, attend le moment propice pour s’approprier les ressources lunaires au moyen d’un accord retors. Chaque faction nourrit une vision d’avenir pour la Lune : les Sun visent l’abondance économique, forte d’un ambitieux programme énergétique nécessitant une entente avec les Vorontsov, qui maîtrisent les vols spatiaux, lesquels découvrent que Duncan Mackenzie, maître des hauts-fourneaux, vise moins les échanges commerciaux avec la Terre, obsolète à ses yeux, qu’un affranchissement de toute tutelle. De leur côté, les Asamoah, les jardiniers de la Lune, rêvent d’une terraformation qui permettrait de vivre à sa surface…

    Le roman n’est pas exempt de longueurs tandis que les alliances, les complots et les trahisons se multiplient. Paradoxalement, des pans du récit sont insuffisamment développés : il n’est pas toujours facile de s’y retrouver dans la succession de scènes brossées à grands traits, denses et trop brèves, aux descriptions sommaires et au style lapidaire, quasi télégraphique. Le saucissonnage des séquences qui saute d’un temps fort, parfois artificiellement créé, à un autre, est manifestement adopté pour convenir à l’adaptation télévisuelle en cours. Il est évident que le récit souffre de ces contraintes. Le dernier tiers se révèle cependant tout à fait passionnant avec un spectaculaire jugement de la cour de Clavius, qui réserve son lot de coups de théâtre.

    On précisera enfin que si la trilogie se conclut brillamment, l’exploration de cet univers très original n’est pas achevé pour autant puisque vient de paraître The Menace from Farside, qui explore, dans un registre adolescent, une autre facette de la société, loin des rivalités politiques de « Luna ».

    En attendant, on découvrira avec profit, dans un registre tout à fait différent, Le Temps fut, une belle novella qui marie les extrêmes, l’intime de relations individuelles avec des concepts scientifiques échevelés. Au départ, Emmett Leigh, modeste vendeur en ligne de livres anciens, récupère, lors de la liquidation d’une bouquinerie, un recueil de poèmes signés E. L., publié à compte d’auteur et intitulé Le Temps fut, dans lequel se trouve une lettre évoquant l’histoire d’amour de deux hommes affectés dans des unités différentes lors de la Seconde Guerre Mondiale. Spécialiste de la période, Emmett Leigh se fait fort de retrouver les deux correspondants, Tom Chappell et Ben Seligman, car tout ce qui peut donner un cachet à un livre a son intérêt. Il entre ainsi en contact avec Thorn Hildreth, qu’il rejoint dans sa ferme isolée battue par les vents pour compulser les archives familiales avec des photos des deux hommes prises au Caire. Bientôt, l’enquête dérape et s’enfonce dans les brumes de l’incertain, car les deux hommes ne figurent sur aucun registre des régiments cités. En revanche, on retrouve leur trace au cours d’autres conflits du xx e siècle, de la Première Guerre Mondiale à celle de Bosnie en passant par la guerre sino-japonaise, sans changement d’âge notable. Qui sont-ils ? Que font-ils sur les lieux des pires exactions de l’Histoire ?

    Au-delà de l’enquête se tisse la relation des deux chercheurs, tout aussi incertaine et fluctuante que l’objet de leurs recherches. L’intrigue progresse de façon hésitante, éclairant divers aspects sans jamais s’attarder, se contentant de suggérer et de laisser le lecteur combler les blancs. À la barbarie est opposée un amour indéfectible qui défie le temps, comme l’espoir d’une rédemption. Mais un autre amour transparaît au fil du récit, celui pour les livres, les vieux livres surtout, qui savent encore toucher le cœur de lecteurs par-delà les époques. Autour de la disparition des bouquinistes, de l’avènement du numérique et des sites marchands sur Internet, c’est une très belle évocation de la bibliophilie, de ses rituels, auxquels s’attachent les odeurs et le contact avec le livre, un éloge de la lenteur et du respect, de l’érudition autour de laquelle les amateurs se reconnaissent, comme les homosexuels aux époques et dans les pays où pèse un interdit.

    Autour d’un concept scientifique considéré comme aride, toute la grâce et la finesse dans l’art du non-dit se concentrent dans ce petit bijou – qui paye son écot aussi bien à Christopher Priest qu’à Michael Moorcock — récompensé par le prix de la British Science-fiction.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/4/2020 dans Bifrost 98
Mise en ligne le : 6/1/2024

Prix obtenus
British Science Fiction, Nouvelle / Short story, 2018


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