Saad Z. HOSSAIN Titre original : Baghdad Immortals / Escape from Baghdad !, 2013 Première parution : Calcutta, Inde : Bengal Publications, 2013 (sous le titre "Baghdad Immortals", le titre "Escape from Baghdad!" ayant été utilisé pour la réédition chez Unnamed Press en 2015)ISFDB Traduction de Jean-François LE RUYET
AGULLO
(Villenave d'Ornon, France), coll. Agullo Fiction Date de parution : 13 avril 2017 Dépôt légal : avril 2017, Achevé d'imprimer : mars 2017 Première édition Roman, 384 pages, catégorie / prix : 22 € ISBN : 979-10-95718-22-2 Format : 14,0 x 20,0 cm✅ Genre : Imaginaire
Prenez une ville ravagée par la guerre : Bagdad, 2004.
Prenez deux types ordinaires qui tentent de survivre ; ajoutez un ex-tortionnaire qui veut sauver sa peau, un trésor enfoui dans le désert, un Gl bouffon mais pas si con.
Incorporez un fanatique religieux psychopathe, un alchimiste mégalo, une Furie et le gardien d'un secret druze.
Versez une quête millénaire dans un chaos meurtrier chauffé à blanc ; relevez avec sunnites, chiites, mercenaires divers et armée américaine.
Assaisonnez de dialogues sarcastiques et servez avec une bonne dose d’absurde.
Entre Kurt Vonnegut, Indiana Jones et Les Rois du désert, un roman furieusement drôle qui pointe la folie de la guerre tout en donnant une voix (et une puissance de frappe) à ceux qu’on nomme d’habitude « dommages collatéraux ».
Journaliste et romancier, Saad Z. Hossain est né en 1983 et vit à Dacca au Bangladesh. Il écrit régulièrement pour les trois principaux journaux anglophones du pays : The Daily Star, New Age et le Dhaka Tribune. Bagdad, la grande évasion ! est son premier roman. Il a été élu livre de l’année par le Financial Times.
« La guerre du Golfe a peut-être bien trouvé son Catch-22. »
« Quelle connerie la guerre ! » La phrase de Prévert pourrait servir d’épigraphe au roman de Saad Z. Hossain. Nous sommes à Bagdad en 2004, quelques mois après la guerre d’Irak. Le pays a basculé dans le chaos. Règlements de compte entre milices chiites et sunnites, attentats, exactions de l’armée d’occupation comme de la police de l’état-fantoche, magouilles en tous genres...
Au milieu des ruines et de la folie, on s’attache à quelques personnages qui tentent de survivre, voire de profiter de la situation : un prof d’université qui a perdu toutes ses illusions en même temps que sa famille, un petit trafiquant, un ex-tortionnaire du régime de Saddam Hussein, un GI débrouillard et sans scrupules à la tête d’une escouade de pieds-nickelés immatures, défoncés en permanence au haschich et aux médicaments détournés, avides de profiter de tous les passe-droits que leur octroient leurs M16 et leurs uniformes de l’armée américaine...
L’histoire débute sur une classique course au trésor de guerre qu’un ancien haut dignitaire baassiste aurait amassé dans son bunker, puis dérape très vite vers le fantastique et la SF débridés : imam caché, ésotérisme, secrets de la religion druze, savants fous, expériences interdites et quête de l’immortalité sont les enjeux de ce roman. Les péripéties s’enchaînent, les scènes d’action foisonnent, les protagonistes sont ballotés dans les labyrinthiques quartiers populaires de Bagdad et dans les méandres kafkaïens de l’administration de l’armée d’occupation.
Présenté ainsi, Bagdad, la grande évasion pourrait n’être qu’un énième rejeton d’une science-fiction populaire à l’ancienne, qui ne s’encombre pas trop de rigueur ni de véracité, qui pioche dans tout l’arsenal de la culture populaire pour offrir un feu d’artifice de courses-poursuites, de combats et de révélations. Une sorte de Fleuve noir qui aurait mélangé ses eaux à celles du Tigre.
Mais le grand intérêt de ce roman réside d’abord dans son cadre. Le portrait de l’Irak bouleversé autant par la guerre que par l’incurie et la bêtise de l’armée d’occupation laisse une forte impression, un mélange d’horreur devant le destin du petit peuple livré à toutes les turpitudes et d’amusement devant le grotesque de tout ça. Parce que le livre de Hossain est plein d’humour : les personnages picaresques, l’absurdité des situations, le style cynique déclenchent souvent le rire au milieu de la noirceur.
L’intrigue un peu simpliste et fourre-tout n’est donc pas un obstacle pour apprécier toutes les qualités de ce roman : son cadre original, ses personnages, son rythme et son humour.