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Semiosis

Sue BURKE

Titre original : Semiosis, 2018
Première parution : Tor, 6 février 2018   ISFDB
Traduction de Florence BURY
Illustration de MANCHU

ALBIN MICHEL (Paris, France), coll. Albin Michel Imaginaire précédent dans la collection suivant dans la collection
Date de parution : 4 septembre 2019
Dépôt légal : septembre 2019, Achevé d'imprimer : août 2019
Première édition
Roman, 448 pages, catégorie / prix : 24,90 €
ISBN : 978-2-226-43888-1
Format : 14,0 x 20,5 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

« Une œuvre contemporaine essentielle qui mêle,
avec une finesse digne de Margaret Atwood, l'écosystème merveilleux
d'Avatar et l'énigme extraterrestre de Premier Contact. »
Stephen Baxter, auteur d'Évolution

Ils sont cinquante - des femmes et des hommes de tous horizons. Ils ont définitivement quitté la Terre pour, au terme d'un voyage interstellaire de cent soixante ans, s'établir sur une planète lointaine qu'ils ont baptisée Pax. Ils ont laissé derrière eux les guerres, la pollution, l'argent, pour se rapprocher de « la nature ». Tout recommencer. Construire une Utopie.
Mais très vite, des drames menacent leur idéal. Du matériel irremplaçable est détruit. Des morts surviennent et s'accumulent.
La nature est par essence dangereuse ; celle de Pax, mystérieuse, ne fait pas exception à la règle. Pour survivre, les colons vont devoir affronter ce qu'ils ne comprennent pas et comprendre ce qu'ils affrontent.

SUE BURKE est américaine, journaliste, traductrice et éditrice. Semiosis, présent sur toutes les listes des meilleurs romans de science-fiction parus en 2018, est son premier roman.

Critiques

    On a oublié, sur Terre, combien les plantes sont indispensables à la vie, fournissant nourriture, vêtements, ustensiles et éléments de construction, mais aussi les molécules entrant dans la composition des médicaments, et jusqu’aux substances altérant la con-science. La cinquantaine de colons qui fuit la famine, la pollution et la guerre, a l’occasion de le réapprendre en débarquant sur un monde neuf qu’ils rebaptisent Pax, avec la ferme intention de bâtir une utopie. Ils ont pour cela rédigé une Constitution dont on découvre des extraits au fil des chapitres, basée sur le partage et l’équilibre.

    Dès le départ, la fragile communauté est mise à mal suite à des empoisonnements et des récoltes abîmées, sur un des versants du campement seule-ment. Ils sont en outre confrontés à la dangerosité de certaines espèces, comme des aigles agressifs ou des limaces acides. Les noms des animaux sont sans rapport avec les espèces terrestres. Ainsi, les lions sont pourvus de pattes antérieures capables d’abattre un arbre, les limaces sifflent et bourdonnent, et les éponges souterraines palpitent. Les fippochats sont eux d’aimables commensaux prompts à jouer, dont les dépouilles servent de terreau aux graines des lianes qui se font la guerre entre Est et Ouest.

    Il s’avère rapidement que les végétaux constituent la forme dominante du vivant et que les animaux sont domestiqués et exploités à divers niveaux. Considérés comme des intrus cherchant à s’insérer dans l’écologie d’une planète depuis longtemps à l’équilibre, les humains doivent apprendre à fournir des services en échange des pro-duits nécessaires à leur survie.

    Ils ne sont pas les seuls à s’être soumis aux lois végétales : la découverte des ruines d’une civilisation leur apprend qu’il y eut des prédécesseurs. On ignore toutefois ce que sont devenus les Verriers, ainsi nommés en raison des artefacts ouvragés qu’on a retrouvés.

    Étalé sur six générations, chacune faisant l’objet d’un chapitre, le roman narre la construction de cette utopie en lien avec la nature. Bien que fuyant la violence, les colons conservent les vieux réflexes qui poussent au mensonge et à l’autoritarisme lors de divergences de vue. La punition plutôt que le pardon, l’éradication d’une menace plutôt que la recherche d’une entente, se manifestent lors de tout événement tragique. Chaque génération y répond à sa façon. Ce sont autant d’histoires qui s’imbriquent autour de notions philosophiques réactualisées par le contexte très particulier de cet écosystème.

    Le renversement de perspective est aussi pertinent qu’habilement mené. En rappelant que les plantes communiquent entre elles via le rhizome, le pollen ou les composés volatils et parfumés, qu’elles voient, via les phototropines, et sont capables de développer des défenses chimiques, Sue Buke amène à modifier le regard anthropocentriste de l’humain. Le bambou intelligent, plus instruit, plus âgé, presque immortel, qui voit en eux des créatures inférieures à apprivoiser et à manipuler via la composition de drogues, apparaît comme une menace : bien que proposant une coopération sur la base de bénéfices mutuels, les humains sont nettement en position d’infériorité. Comme le rappelle le bambou : «  L’égalité n’est pas un fait, comme la lon-gueur du jour. L’égalité est une idée, une croyance, comme la beauté. »

    Bien qu’étalé sur la durée d’un siècle, l’intrigue se déploie harmonieusement autour de ses axes principaux. Riche et dense, Semiosis est une réflexion intelligente sur la recherche des fragiles équilibres garantissant la paix et l’harmonie. Un premier roman d’une belle qualité.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/10/2019 dans Bifrost 96
Mise en ligne le : 13/11/2023

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