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Oiseau

Sigbjørn SKADEN

Titre original : Fugl, 2019
Première parution : Cappelen Damm, 2019   ISFDB
Traduction de Marina HEIDE

AGULLO (Villenave d'Ornon, France), coll. Agullo Court précédent dans la collection n° 3 suivant dans la collection
Date de parution : 7 octobre 2021
Dépôt légal : octobre 2021, Achevé d'imprimer : août 2021
Première édition
Roman, 144 pages, catégorie / prix : 12,90 €
ISBN : 978-2-38246-005-4
Format : 12,2 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction

Image de couverture : Igor Zh.


Quatrième de couverture

   2048. Heidrun s’adresse à sa fille : première enfant née sur Home, elle incarne l’avenir de l’humanité sur cette planète où se sont installés les colons de l’expédition UR. Mais ici la vie est rude, la temporalité différente et aucun son ne perce le silence. Pour faire table rase du passé, Heidrun commet un acte radical et confie à sa petite le rôle de l’oiseau qui trouvera la lumière.
   2147. La modeste colonie qui survit sur Home voit son quotidien bouleversé par l’arrivée d’un vaisseau à bord duquel se trouve une équipe venue de la Terre. Ces étrangers apportent-ils un nouvel espoir ou leur venue mettra-t-elle un terme au fragile équilibre construit par la communauté ?
   Quels seraient nos plus grands défis si nous quittions la Terre ? La survie ou la nature humaine ? Peut-on vraiment s’affranchir du passé et de la mémoire ? Telles sont les questions qu’explore ce court roman d’une poésie rare.

   Né en 1976, Sigbjørn Skåden est un artiste et écrivain same installé à Tromsø. De langue same et norvégienne, il fait ses débuts en littérature en 2004 avec un poème épique contant le quotidien d’un village du Grand Nord à l’époque de l’entre-deux-guerres. Ce texte lui vaut d’être nommé au prestigieux prix du Conseil nordique en 2007. Oiseau est son deuxième roman, publié en Norvège en 2019 et salué par la critique.

Critiques

    Troisième titre paru dans la collection « Agullo court », Oiseau est un ouvrage qui, comme son prédécesseur Mars de Asja Bakić, relève d’une science-fiction subliminale. Une atmosphère plus qu’un véritable traitement, servant ici de prétexte à un récit contemplatif lorgnant du côté de l’épure. À vrai dire, on est plus prêt de l’ambiance cotonneuse et oppressante d’un Amatka (in Bifrost n°91) que du vertige éprouvé à la lecture de Greg Egan. L’argument de départ reprend l’un des lieux communs de la SF : le récit de colonisation. Sur Home, la vie est rude. Soumis aux caprices d’un vent malin agissant sur les révolutions de la planète au point d’en modifier la durée, un souffle du temps que n’aurait pas désavoué Robert Holdstock, exposés à un rayonnement solaire assourdissant, les colons de l’expédition UR endurent une routine monotone dont dépend leur survie. Ils ne connaissent du monde que la poussière de la vallée qui les a vus arriver, et les crêtes des collines érodées surplombant la paroi protectrice du dôme de leur habitat. À bien des égards, leur implantation sur Home a toutes les apparences d’une greffe, mais une greffe fragile, tributaire d’un milieu hostile où les ressources sont chiches. Quelques maisons au style fonctionnel et des champs amendés avec leur propre terreau composent l’ordinaire d’un univers réduit à un microcosme étouffant. Sous le ciel bavard de la planète, leurs paroles ne portent pas. Ils écrivent donc pour communiquer, sur des écrans rudimentaires, incapables d’exprimer les non-dits de leur esprit torturé. Sans Histoire depuis l’effacement de ses archives numériques, la communauté semble également dépourvue d’avenir autre que celui de recommencer sans cesse les mêmes gestes dans une précarité permanente. Jusqu’au jour où atterrissent sur place de nouveaux colons.

    Ne nous voilons pas la face, Oiseau a l’aridité de son cadre désertique, rejouant un scénario déjà vu sur un mode intime et contemplatif. Écartelé entre deux époques, elles-mêmes entrecoupées par les extraits d’un journal de bord, l’auteur Sigbjørn Skåden déroule un récit fondé sur l’incompréhension, la méfiance et l’instinct de survie. La narration oscille ainsi entre un quotidien prosaïque, ordonné autour de tâches répétitives, et la contemplation des paysages désolés de Home. La planète écrase les êtres humains de toute son indifférence minérale, réduisant leur empreinte à peu de choses, sous le murmure implacable des rayons de son soleil. De ce camaïeu de couleurs primaires faisant écho à l’état d’esprit des colons, émerge une histoire d’amour qui se transforme en haine, nécessité de la survie oblige. Et de ce combat permanent contre l’agression sonore ressort un univers étrange dont on apprivoise petit à petit les contours, au fil d’une narration ou prévalent les temps morts.

    D’aucuns trouveront les choix narratifs de Sigbjørn Skåden trop alambiqués, s’agaçant de l’ennui distillé par Oiseau. D’autres déploreront le dénouement abrupt, ouvert sur un avenir cruel et incertain. Dans tous les cas, nul doute que l’expérience soit clivante. Après tout, c’est la prérogative des artistes que de provoquer.

Laurent LELEU
Première parution : 1/4/2022 dans Bifrost 106
Mise en ligne le : 9/3/2025

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