Il avait tout l'univers à lui, mais sans aucun refuge possible.
Il pouvait plonger dans les fournaises d'hydrogène des soleils, s'engloutir dans les abysses de gaz des planètes géantes, se perdre dans les grands courants de matière morte, au large des nébuleuses spirales, jamais sa puissance ne l'abandonnerait.
Dieu était en lui.
Il pouvait effacer les mondes, fracasser la logique, décréer ce qu'il avait conçu.
Comme ça. D'une pensée.
Il était à la fois le changement et la destruction.
La réputation incontestée de Daniel Galouye dans le domaine de la science-fiction se fonde sur trois romans seulement : Le Monde aveugle, Les Seigneurs des Sphères et Simulacron 3.
Après sept ans de silence, il nous donne avec L'Homme infini son œuvre la plus fascinante, la plus déconcertante.
Critiques
La « Force créatrice » du cosmos, épouvantée par la complexité de l'univers qu'elle crée, se réfugie (repli schizophrénique) dans le corps d'un Terrien, tandis que son contraire, la Force Destructrice, devient l'hôte d'un autre homme, psychiatre de surcroît, et chargé de soigner le premier. Côté cour les humains se déchirent (amour, haine, goût du pouvoir), côté jardin le monde, puis l'univers se désagrègent jusqu'à l'extinction finale — prélude à une nouvelle re-création. Cette fin du monde à la fois intimiste et cosmique exhale un fort parfum de mysticisme pas toujours bien inspiré (les « dialogues » entre le psychiatre et le principe du mal qu'il abrite valent leur pesant de cacahouètes) et le roman, par son système de référence (lutte éternelle et mécanique du Bien et du Mal) est tout à fait réactionnaire (Mao est cité aux côtés d'Hitler et d'Attila parmi les fléaux de l'humanité...) On reste donc perplexe devant cet ouvrage (trop) grandiose qui fait penser à du Blish mis en scène par un Dick en moyenne forme. Il y a de bons moments (particulièrement de dernier quart, avec ses cataclysmes en chaîne), mais l'ensemble est assez irritant.
Réédition d'un OPTA 1975. Dernier roman de Galouye, le plus mystique par son vocabulaire. Mais toujours sur le même thème : qu'est-ce que la réalité, quel est son degré de consistance, de quels paramètres dépend-elle ? Ceci depuis la merveilleuse nouvelle Le pantomorphe, rééditée in Fiction spécial Futurs d'Antan. Roman à rapprocher, pour comparaison d'Etres Forces s'incarnant et des humains, de L'ile des Morts de Zelazny. Moins réussi que les 3 premiers (le Monde aveugle. Les Seigneurs des Sphères, Simulacron 3).