Le sabotage, par un seul homme, d'un rouage-clé de la distribution du courant sur la moitié des Etats-Unis provoque, le 11 février, par une nuit glaciale, des millions de morts (1975). Une algue d'eau douce proliférante menace tous les fleuves du pays (1979) tandis que, gorgée de produits chimiques instables, la rivière Chuyahoga, à Cleveland, explose avec la violence d'une bombe atomique. Années 80 : la population de New York est décimée par la pollution de l'air par les oxydes d'azote ; la « maladie du riz » entraîne une famine mondiale ; les vibs,
sortes de sangsues issues d'un dérèglement du biotope marin, envahissent les terres, bouffant les gens. La fin du monde pour quand ? Pour bientôt, répond Philip Wylie dans ce livre, son dernier avant sa mort, et écrit en 1971. Loin de la catastrophe mythique évoquée trente ans plus tôt dans
Le choc des mondes, l'écrivain, se basant en particulier sur les ouvrages de l'écologiste Barry Commoner (
Quelle Terre laisserons-nous à nos enfants. L'encerclement au Seuil), nous livre un dossier (comptes rendus d'événements, coupures de presse, bandes magnétiques) froid et sans passion des « menaces dressées par l'homme contre lui-même »
. Mais est-ce toujours de la SF ? Depuis, il y a eu Seveso. Et demain ?...
Malgré quelques bavures idéologiques de ce « conservateur libéral » (les « débordements sexuels » des années 70, vus d'un œil perplexe), voilà LE grand roman de la destruction de l'environnement. Accrochez-vous : c'est terrifiant de réalisme.