En guise d'avertissement à ce livre, Daniel Riche, qui dirige la collection Gore, se lance dans une intervention à caractère polémique afin de remettre en place un certain nombre de détracteurs qui lui reprochent de publier des livres qui associent violence et sexe. « Selon eux (les détracteurs), il n'y aurait pas de place pour le plaisir ou la sensualité dans les récits revendiquant leur appartenance au genre gore et les supplices et mutilations de tous ordres tiendraient lieu, généralement, d' « acte sexuel » ( !) en se donnant pour de sanglantes métaphores de l'accouplement ».
Partant de là, et pour répondre à ses détracteurs, il nous propose ce livre, une manière de démontrer la justesse de ses propos. On ne s'étonnera pas par conséquent de trouver dans ce livre beaucoup de sexe(s), de scènes érotiques, sans aller jusqu'à dire que cela copule à chaque coin de page. Mais enfin, une chose est sûre : la proportion de sexe surpasse de loin la quantité d'hémoglobine déversée dans le même temps. D'ailleurs, Daniel Riche précise à cet effet que « Rite d'infamie relève bel et bien du genre gore parce que le corps y est traité dans sa vérité la plus crue sans l'alibi de la science ou du sacré ni le rempart de la blouse blanche ou le bouclier de la soutane et parce que ce livre opère une sorte de retour salutaire à un paganisme démythifiant et déculpabilisé pétri d'amoralisme et de saine insolence ». Qui doutera après cela d'avoir un gore entre les mains ? Encore que dans le cas présent « gore-nichons » serait plus approprié...
Cela dit, le livre vaut ce qu'il vaut ; c'est une question d'appréciation personnelle. Pour dire quelques mots de son contenu, il s'agit ici d'une intrigue basée sur un substrat mythologique. Des divinités païennes s'affrontent sur l'île d'Haïti, avec comme toile de fond les croyances du vaudou, décidément très en vogue ces temps-ci. Si le récit est bien mené, en revanche l'intrigue manque un peu de substance. Trop de sexe mais pas assez de scènes fantastiques. Une demi-réussite en somme.
Certains apprécieront, d'autres n'apprécieront pas. Tous les goûts sont dans la nature. Mais quoi qu'il en soit, il me semble que Daniel Riche a eu raison de proposer ce livre, même s'il doit choquer certains. De toute façon, le meilleur moyen de juger et de s'en faire une opinion est encore de le lire.
Frédéric KURZAWA
Première parution : 1/7/1987 dans Fiction 388
Mise en ligne le : 29/11/2007