Pierre CHRISTIN Première parution : Paris, France : Robert Laffont, 1976
Robert LAFFONT
(Paris, France), coll. Ailleurs et demain Date de parution : février 1976 Dépôt légal : 1er trimestre 1976, Achevé d'imprimer : 9 janvier 1976 Première édition Roman, 272 pages, catégorie / prix : nd ISBN : néant Format : 13,6 x 21,4 cm✅ Genre : Science-Fiction
"Debout dans le side-car d'une énorme moto verdâtre et cabossée, un être étrange mordait pour le moment avec appétit dans le chapelet de côtelettes cuites qu'il portait autour du cou... Seules des bêtes inconnues, voraces, et belles continuèrent leur vol de mort au-dessus d'un monde presque vide..."
Dans la lignée de Tous à Zanzibar et du Troupeau aveugle, Pierre Christin nous propose avec Les prédateurs enjolivés, non pas un roman, ni un recueil de nouvelles, mais une chronique en ruine, une fresque lacunaire, écologique, politique et poétique qui part d'un futur proche pour aller se perdre, dans quelques millénaires, au terme de l'aventure humaine.
Le prédateur, c'est l'homme. Avec férocité, rapacité, cruauté et même avec amour et humour, il détruit son environnement, il change la nature. Et il s'entête, lutte, survit, mute, se déglingue, se refait, bref s'enjolive.
Pierre Christin, dont le ton prophétique et libre en surprendra beaucoup et en choquera quelques-uns, est aussi le scénariste de la célèbre bande dessinée Valerian.
Critiques
Pas un roman mais un peu plus qu'un recueil de nouvelles, ces sept longs textes forment une chronique discontinue de la mort de la Terre, qui démarre à l'horizon 80 et s'achève à quelques millénaires d'ici. Ça émerge des eaux désormais inévitables de Tunnelou Tous à Zanzibar, ça prend de la force du côté de La planète Shayol et de Limbo(mutilations-mutations) et ça se dissout dans les brillances froides à la Delany ou Clarke. Mais, au — delà de ces références obligées qui prouvent que l'auteur connaît ses classiques sur le bout des doigts, nous frappe son professionnalisme sans défaut : originalité de thématiques particulières (ab-humains hyper- spécialisés de C'est alors que les rats..., nouveau consensus social de Mais qu'elle était verte...), dialogues-monologues échappant au didactisme, progression dramatique ménageant le mystère jusqu'au final, force des évocations visuelles (souvent référencées elles aussi : Et dans la douce chaleur d'un repas de famille, le meilleur récit sans doute, renvoie à certaines séquences des films de Fellini ou de Pasolini). De plus, la cruauté désabusée de Christin, son pessimisme absolu (la fin de l'homme est sursignifiée par les métamorphoses biologiques et génétiques qu'il s'impose à lui-même, comme s'il voulait quitter au plus tôt son enveloppe) provoquent chez le lecteur une horreur nauséeuse et une fascination morbide qui imposent durablement les visions, leur donnent cohérence et crédibilité : l'auteur a su où, et comment taper juste.