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Confessions d'un barjo

Philip K. DICK

Titre original : Confessions of a Crap Artist, 1975
Première parution : Entwhistle Books, 1975   ISFDB
Traduction de Janine HÉRISSON
Illustration de Martin VEYRON

Robert LAFFONT (Paris, France), coll. Pavillons précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : 1er trimestre 1978
Première édition
Roman, 320 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : néant
Genre : Hors Genre

Autres éditions
   J'AI LU, 2013, 2014
Sous le titre Portrait de l'artiste en jeune fou
   UGE (Union Générale d'Éditions) - 10/18, 1982, 1986
        sous le titre Confessions d'un barjo, 1992, 2005, 2006, 2006

Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
     Confessions d'un barjo a attendu seize ans sa publication aux Etats-Unis, alors même et parce que Dick était devenu célèbre pour ses œuvres de science-fiction. Ce roman « autre » et « dérangeant » déroutait par sa facture et son esprit, classiques en apparence, révolutionnaires en fait. Jack Isidore, le barjo possédé de savoir encyclopédo-mys-tique, sa sœur Fay, intelligente, jolie, égoïste (mais pas plus que des milliers d'autres), et Charley, le brave homme de petit industriel qu'elle a épousé, et qu'elle trompe, sont des êtres que tout (adultère compris) semble vouer à la « normalité ». Et pourtant, le hasard qui les a assemblés pour un de ces bonheurs fonctionnels et préfabriqués reproduits dans notre monde à des millions d'exemplaires, a seulement réuni les éléments d'un mélange formidablement détonant. Et, par le grotesque de sa disproportion, la minuscule étincelle qui provoque l'explosion fait mesurer d'autant mieux combien la tragédie est en effet là, prête à éclater, sous le couvert de la banalité, dans l'ombre des vies apparemment le moins faites pour elle. Seul, sort indemne Jack Isidore le barjo — peut-être (à en croire Dick lui-même) parce que, comme l'Idiot de Dostoïevski, il est l'un de ces sublimes naïfs chéris de Dieu, « un authentique avatar de Parsifal, l'innocent des légendes médiévales ».
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Paul WILLIAMS, Introduction (1975), pages 9 à 18, introduction, trad. Janine HÉRISSON
Critiques
 
     SF or not SF

     Ce n'est pas de la SF. Si j'en parle ici c'est à cause de Dick. Car rien de ce qu'il écrit n'est totalement étranger à la SF. Pourtant, quand on lit « voici, débarrassé de l'attirail daté et dépareillé de la SF, un écrivain qui s'exprime... » ça m'étonne. Enormément. Car ce roman (de 1959) est bien en arrière des romans de SF publiés par Dick depuis-ce qui ne signifie pas qu'il n'est pas intéressant. Mais que la SF pour Dick n'est en rien un empêchement à s'exprimer-je dirais, au contraire. On y reviendra. Ce roman se situe dans une ligne romanesque classique aux U.S.A. : proche de Elia Kazan (L'arrangement — L Poche) de Herzog (Folio) de Mailer (Rêve américain-L Poche). La vie américaine au niveau familial, qui sous le regard pseudo naïf du narrateur se révèle une cellule (asilaire) n'attendant pas que la venue des Garçons sauvages de Burroughs pour enfin renaître. Très misogyne, dans la tradition US. La Fay de Dick, c'est la Madeleine de Herzog : ses désirs, dirait Mafalda, ne relèvent pas de l'idéal mais du poncif. Avec le cannibalisme en plus. Sauf le frère, le barjot, les hommes autour d'elles sont paumés. Le frère, lui, se raccroche à la réalité à l'aide de sa culture propre fondée sur les O.V.N.I., la fin du monde, Weird Tales, Astounding, les enfants, les animaux du ciel et la mer. Il recense les faits anormaux, à la manière de Charles Fort, pour en faire une sorte de contre dictionnaire des idées refusées. C'est la base de son « filtre de réalité », ce avec quoi il interprète le monde. Sans cela il est perdu, il ne peut pas parler : d'où la nécessité de réécrire le banal adultère de sa sœur en empruntant les phrases à Weird Tales (un morceau d'anthologie !). Ce n'est donc pas de la SF. Mais celle-ci n'est pas absente, elle constitue le barjot comme individu (en ce sens il est l'homme d'une culture SF peut-être dévoyée...)
     Je pense que la littérature US se porterait tout aussi bien sans ce roman. Mais que si l'on ôte de la culture SF Ubik et d'autres chefs-d'œuvre de Dick, il y aurait comme un manque. Parlons de l'attirail. Alors ici il n'y en a pas ? Si je comprends bien, parler d'une maison de l'adultère, des gosses, des bagnoles, de la télé-cet ensemble de gadgets qui situent un roman comme psychologique et/ou américain — ce n'est pas s'encombrer d'un attirail. L'attirail c'est la culture des autres. Il fallait y penser. Bon. Cela dit, cette réflexion stupide amène quand même à une réflexion. D'une part Dick met ici en gros les mêmes fantasmes que dans ses œuvres de SF. D'autre part, ici, ils sont englués dans une tradition culturelle qui les banalise : le roman reste intéressant, mais non pas original. Quand il met en scène ses hantises dans un roman de SF, ils forment un véritable feu d'artifice, ils nous entraînent dans des univers de vécu sauvage. Pourquoi ? Est-ce la vertu de l'attirail SF ? En ce cas j'en redemande !
     Excité par ces remarques stupides d'un chroniqueur, j'ai pris le mors aux dents. Mea culpa. Ce roman est vraiment intéressant. En soi d'abord, car il situe Dick dans la littérature du mainstream, où il aurait sa place, comme Kazan. Mais surtout il nous permet de nous interroger sur la vertu de ce détour par l'imaginaire de la SF, détour qui est loin d'être une évasion, mais un moyen d'aller enfin de l'autre côté, du côté de la logique du désir.

Roger BOZZETTO
Première parution : 1/7/1978 dans Fiction 292
Mise en ligne le : 5/6/2010

Adaptations (cinéma, télévision, BD, théâtre, radio, jeu vidéo...)
Confessions d'un barjo , 1992, Jérôme Boivin

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