A la suite d'affaissements de terrain et d'insolites secousses, un ingénieur est allé visiter une mine abandonnée du Yorkshire. Il ne se doute guère que son rapport, accueilli avec un scepticisme amusé par la Presse et les milieux scientifiques, va éveiller l'intérêt d'un érudit passionné d'occultisme, Titus Crow. Appelant à la rescousse son ami, Henri-Laurent de Marigny, Crow entreprend d'éclaircir des événements aussi singuliers que terrifiants. Ce que tous deux découvrent avec l'aide d'antiques grimoires et de livres maudits, dépasse en horreur tout ce que l'imagination la plus délirante peut concevoir. De monstrueuses créatures surgies de la nuit des temps, très loin avant la venue de l'homme sur la Terre, se réveillent d'un sommeil immémorial. Ces abominations se libèrent des abîmes où les Anciens Dieux les avaient emmurées, pour déchaîner les forces du Mal sur le globe. Les temps sont proches où le monde entier va sombrer dans l'épouvante et la folie...
Brian Lumley, bien que né exactement neuf mois après la mort de H. P. Lovecraft, nie être la réincarnation de l'âme hallucinée du Maître de l'horreur.
Les apparences, notamment la passion évidente de Lumley pour le mythe de Cthulhu et le fait qu'il est de plus en plus souvent reconnu comme l'héritier du talent littéraire de Lovecraft, tendraient plutôt à témoigner du contraire. D'autant que Lumley n'est pas un simple imitateur mais un innovateur génial dans la science-fiction fantastique, que Lovecraft lui-même aurait été heureux de saluer.
Critiques
Un beau matin, on se dit : « Tiens ! si je faisais un-petit Cthulhu ! » Alors, qu'on s'appelle Derleth ou Lumley, on prend la recette chez le chef Lovecraft : expéditions lointaines + exploration des profondeurs + incantations et rites mystérieux + disparitions inexpliquées + cataclysmes inquiétants + pressentiments angoissants + confrontation avec la monstruosité. On peut doser au choix le Nécronomiconet autres Unaussprechlichen Kulten, varier le cadre (ici, le Yorkshire et les forages en Mer du Nord remplacent Arkham et Innsmouth), et introduire quelques faits réels (ici, disparition d'Ambrose Bierce et séisme d'Agadir). Soyons justes : ce Cthulhu-ci a une intrigue un peu moins stéréotypée que l'interminable série dont J'AI LU a commencé la publication (nos622 et 638) ; et, pour les idées, Lumley fait subir à Lovecraft, toutes proportions gardées, le même redressement que Marx à Hegel : en expliquant Nyarlathotep-le-messager comme la télépathie, et surtout les symboles verbaux ou matériels permettant d'agir sur les Cthoniens comme des blocages mentaux et génétiques implantés en eux par les Anciens Dieux (dont la « magie » était en fait une « super-science »), Lumley passe du surnaturel matérialiste au naturel spiritualiste, bien plus conforme au rationalisme de la science-fiction. Mais les Grands Anciens rôdent toujours : à preuve, ils ont réussi à défigurer le nom de Lumley sur la couverture même de son livre.