Etrange sommaire que celui de ce
Solaris qui, s'il ne tourne évidemment pas le dos à la littérature de genre, s'en éloigne beaucoup plus que d'habitude.
Si le prix Solaris 2009,
« La Vie des douze Jesus » de Luc Dagénais, est une pure nouvelle de S-F satirique à la
Robert Sheckley, le reste n'est pas très « cœur de cible ».
«
Le Masque du Clown rouge » de Tyler Keevil (limpide hommage à une des rares nouvelles surnaturelles d'
Edgar Allan Poe) est avant tout un texte
gay aux forts accents touristiques (le décor de La Havane n'est quasiment utilisé que sous cet angle). Au final, une sympathique dénonciation des effets pervers du tourisme de masse qui manque un poil de punch (tout comme le texte de Luc Dagénais, d'ailleurs).
La nouvelle historique de Gaël-Pierre Covell, grandement
gay elle aussi, surprend par sa puissance évocatrice. On sent derrière le texte un roman condensé ou avorté, terminé d'un coup de hache
lovecraftienne : les dernières scènes fantastiques qui, en l'état, ne s'intègrent pas bien au reste — nettement plus intéressant. Mais peu importe, à dire vrai, le principal atout de cette parution c'est bien de nous avoir fait découvrir un talent naissant extrêmement prometteur.
«
Cold Storage » de Raymond Dumoulin vaut davantage par son ambiance
Heavy Metal que par sa composante surnaturelle très
Phantom of the paradise, mais la mayonnaise prend vite et bien, le texte se révélant dans son ensemble assez délicieux, fort d'un humour tantôt sucré tantôt salé très agréable. Monsieur Dumoulin, vous avez beaucoup de talent !
Les trois contes fantastiques de Claude Bolduc sont sympathiques mais ne s'envolent jamais.
Quant à la dernière nouvelle,
« Le Patient de l'interne Freud » de Philippe-Aubert Côté, c'est un beau ratage. Beau parce qu'il y a une vraie ambition, ratage car le décor historique semble bien léger, ce qui nuit à la sacrosainte suspension d'incrédulité.
Au final, un numéro très convaincant (surtout si on considère que c'est aux revues qu'incombe la tâche de découvrir les nouveaux talents), dont le texte le plus faible est loin d'être indigne.