SOLARIS
, coll. Solaris (revue) n° 171 Dépôt légal : juin 2009 Première édition Revue, 160 pages, catégorie / prix : 10 $ ISBN : néant Genre : Imaginaire
Brutal, le sommaire de ce numéro 171 de Solaris...
Les deux premières nouvelles, signées Neil Gaiman, sont excellentes, même si la seconde « Orange » a ma préférence (pas de surprise : en fait, on dirait du Kelly Link, même au niveau de la trouvaille d'écriture, de la tonalité adolescente si particulière et si bien rendue).
Suit « Ors blancs » une nouvelle d'Alain Bergeron liée à son classique « Le Huitième registre », considéré à raison comme un des chefs-d'œuvre de l'uchronie, chef-d'œuvre au sommaire du recueil Corps-Machines et rêves d'ange. Pour en revenir à « Ors blancs », c'est une très belle nouvelle, non sans clins d'œil au Nom de la Rose et à Un Cantique pour Leibowitz, où l'on suit l'arrivée d'un moine dans une ville, Aquilenne, Capitale de l'Hiver, qui m'a semblé être une ville de Québec uchronique, mais je me trompe sans doute. Le résultat, plein d'humour, est une profonde et formidable réflexion sur la relativité du progrès.
La nouvelle d'Eric Gauthier « Recette maison », une histoire de colocataires et de confitures magiques (oui, je sais, ça a l'air complètement nul raconté comme ça) m'a fait furieusement penser aux nouvelles de Jeffrey Ford (« Le whiskey nocturne » et « L'empire de la crème glacée ») sans la maestria stylistique de Ford (même si Eric Gauthier écrit tout à fait convenablement). Un auteur à suivre, car ses personnages hurlants de vérité ont le don de se mettre dans des situations insensées.
Nettement plus décevants :
Le texte de Jean-Louis Trudel, inabouti, comme incomplet ou écrit dans l'urgence (qui m'a fait penser à la splendide nouvelle de Serge Lehman« Cinq Tuniques blanches »).
Le long texte d'Elizabeth Vonarburg (pas dépassé trois pages : j'ai eu l'impression d'avoir déjà lu ça six cents fois, au bas mot).
On notera que Mario Tessier frappe encore, avec un de ses articles formidables dont il a le secret : à l'occasion des quarante ans du premier pas de l'Homme sur la Lune, il revient sur cette aventure humaine hors du commun et paradoxalement de plus en plus lointaine.
Globalement un très bon numéro, dominé de la tête et des épaules par « Orange » de Neil Gaiman.
Thomas DAY Première parution : 1/10/2009 dans Bifrost 56 Mise en ligne le : 10/11/2010