SOLARIS
(Lévis (Québec), Canada), coll. Solaris (revue) n° 170 Dépôt légal : avril 2009, Achevé d'imprimer : avril 2009 Première édition Revue, 160 pages, catégorie / prix : 10 $ ISBN : néant Format : 13,3 x 21,0 cm✅ Genre : Imaginaire
Cela semble devenir une habitude, car encore une fois c'est la nouvelle traduite de ce numéro de Solaris qui est (et de trèèèès loin) la plus intéressante : « La Jolie fille de Pol Pot » de Geoff Ryman nous embarque dans un étouffant Cambodge d'aujourd'hui, à Phnom Penh, sur les traces de Sith, la fille de Pol Pot, sorte de Paris Hilton khmère hantée par les fantômes du génocide. Dire que le texte est un tour de force relève de l'euphémisme ; il s'impose, avant toute autre considération, comme inoubliable, d'une richesse étonnante et d'une profondeur que n'atteignent pas la plupart des pavés de 600 pages qui inondent actuellement le marché. (Amis du Grand Prix de l'Imaginaire, vous savez ce qu'il vous reste à faire — je suis prêt à fournir les photocopies.)
Dans ce même numéro, on lira avec intérêt la nouvelle de Nicolas Weinberg qui, en dépit de ses vingt dernières lignes foirées, s'avère jusque-là forte d'une langue et d'une ambiance remarquables.
L'article de Mario Tessier sur les étoiles : « Sous des cieux étrangers, étoiles en science-fiction » est formidable, si on prend en compte le nombre hallucinant de pistes de lecture proposées, mais évidemment, insatiable par essence, on ne peut s'empêcher d'en vouloir plus. A quand une version livre ?
Dans la partie livres, justement, on notera le dézinguage savamment modéré mais argumenté de Les Chants de la Walkyrie— roman d'Edouard Brasey — , démontage en règle par l'excellent Sam Lermite. Ainsi que les avis, toujours intéressants, de Pascale Raud.
Au final un bon numéro, que domine de la tête, des épaules et du torse la longue nouvelle de Geoff Ryman (39 pages sur 160). Un achat fortement conseillé.
Allons à l’essentiel : ce numéro 170 de la revue québécoise Solaris contient une oeuvre magnifique : « La jolie fille de Pol Pot », du Canadien Geoff Ryman. On se souvient de l’excellent « Le pays invaincu », paru dans l’anthologie Les continents perdus chez Lune d’Encre. Ce texte plus récent de Ryman se déroule lui aussi au Cambodge : la fille de Pol Pot, une richissime jeune bourgeoise branchée ignorant la politique, tombe amoureuse d’un pauvre vendeur de téléphones portables. Cet amour qui la conduit à cacher sa véritable identité pour ne pas être rejetée fera réapparaître les fantômes du génocide, dont elle devra s’occuper un par un pour sauver leurs âmes et la sienne. Sur un sujet éminemment risqué, mélange de génocide et d’histoire d’amour mettant en scène des personnages réels, Geoff Ryman écrit un récit poignant, toujours juste et d’une grande finesse.
A côté, les autres nouvelles de ce Solaris font forcément pâle figure. « Le boucher », de Nicolas Weinberg, courte fantasy humoristique, dispose d’une chute réussie. « Grains de silice », de Mario Tessier, semble être un poisson d’avril qui ne m’a absolument pas fait rire. « La règle des tiers », de Francois Lévesque, serait intéressant s’il ne laissait pas un goût d’inachevé : ce texte aurait mérité un plus long développement. De même pour « Hoenzolam », de André Dumaine, l’histoire d’une séparation amoureuse. Enfin, « Comme des nuages dans un ciel d’été » de Georges Boulevard, reste bien trop contemplatif pour retenir l’attention du lecteur tout au long de ses douze pages.
Passé ces fictions, on lira avec intérêt le dossier de Mario Tessier sur les étoiles dans la science-fiction. Un tour du sujet astronomique assez complet sur les amas stellaires, trous noirs et autres novae, auquel il manque peut-être quelques pages sur les relations entre étoiles et êtres humains.
Bref, un numéro contrasté de Solaris, illuminé par le texte de Geoff Ryman qui, à lui seul, justifie l’achat de la revue.