An 2050. Quelque part dans les Alpes, quatre otages sont détenus dans un bunker souterrain par un mystérieux groupe armé. Les jours passent entre interrogatoires musclés et longues périodes d'enfermement. Les ravisseurs sont-ils un corps de police, un groupe mafieux ou encore une colonne du FLA, Front de Libération des Alpes, mouvement de guérilla qui vise à l'indépendance des Alpes et au contrôle des ressources hydrauliques en se détachant de la Fédération européenne ? Car l'effet de serre s'est brutalement accéléré, entraînant une modification radicale du climat qui bouleverse les assises économiques hydro-agro-touristiques du massif. Une réaction identitaire débouche bientôt sur l'émergence d'une « nation » alpicole qui tente de s'unifier autour d'une novlangue commune et d'un projet politique et économique inédit. Ceci afin d'échapper aux recettes de Bruxelles : l' « incitation au départ » et la « relocalisation » des populations alpines vers les plaines industrialisées. Les otages, conduits par un ancien policier, cherchent tout d'abord à comprendre leur rôle, ignorant que parallèlement, une bien étrange émission télévisée produite par un magnat tessinois inonde les écrans planétaires : Effet de serre...

     Olivier May est né en 1957 à Genève. Après des études d'anthropologie préhistorique et d'histoire, il participe à un programme de recherche sur les premières civilisations des Alpes tout en enseignant à l'école secondaire. Actuellement doyen dans un collège genevois, il s'est formé en écriture scénaristique dans l'atelier de la TSR « Nous Les Suisses 2001 ». En 2003, il a publié « L'esprit du renne », son premier roman aux Editions à la Carte. En 2004, toujours aux Editions à la Carte, paraissait une longue nouvelle, « Droit à la différence ».

     Une jeune femme est enlevée et jetée sans un mot d'explication dans une cellule au fond d'un bunker, véritable cul de basse-fosse où elle se retrouve en compagnie de deux autres prisonniers. Très rapidement, ils sont rejoints par un quatrième otage. Passé le choc de l'enlèvement, ils cherchent à comprendre les raisons qui ont amené leurs ravisseurs à les choisir pour cibles et à les torturer pour leur faire avouer une supposée culpabilité. Quel est le point commun qui les a réunis en ce lieu ? À une époque où, sur notre planète asséchée, l'eau issue de la fonte des glaciers des Alpes représente une richesse importante ; à une époque d'exacerbation du pouvoir des médias et de la télé-réalité apparue au début du millénaire ; à une époque où les mouvements indépendantistes de tout genre sont légion, chacun réclamant son autonomie et le pouvoir qui est censé y être associé, à quelles forces sont donc confrontés ces prisonniers au fin fond d'un bunker, et qui tire les ficelles ?

     Effet de Serre est le troisième roman du Suisse Olivier May. S'il est toujours aussi engagé, ou du moins aussi intéressé par l'extrapolation des dérives de notre société contemporaine, il adopte ici une formulation plus simple qui facilite la lecture (elle était en effet quelque peu ardue dans Droit à la Différence).

     Dans ce semi-huis-clos — la majeure partie du récit est consacrée à la vie des otages en cellule et à leurs relations avec leurs geôliers — tout tourne autour des problèmes écologiques liés au réchauffement de la planète. L'originalité du texte consiste à présenter les groupuscules indépendantistes qui se sont développés, les médias et leur pouvoir incommensurable, depuis le cœur des Alpes, véritable lieu d'inspiration de l'auteur.

     C'est sur le traitement de ces thèmes que l'on appréciera le récit, au-delà d'une intrigue somme toute assez classique où le lecteur va découvrir sans grande surprise l'agent manipulateur infiltré.