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La Maison aux fenêtres de papier

Thomas DAY

Première parution : Paris, France : Gallimard, février 2009

Illustration de DAYLON

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF précédent dans la collection n° 331 suivant dans la collection
Date de parution : 23 février 2009
Dépôt légal : février 2009, Achevé d'imprimer : 9 février 2009
Première édition
Roman, 320 pages, catégorie / prix : F8
ISBN : 978-2-07-035920-2
Format : 10,8 x 17,8 cm
Genre : Fantastique

Disponible au format numérique Epub et Pdf (parution le 4 avril 2012) au prix de 8,49 €.


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
Nagasaki Oni et Hiroshima Oni, deux chefs de clans yakuzas, deux démons que tout oppose comme les deux faces d'une même pièce, se livrent une lutte fratricide depuis leur naissance en août 1945. Tous les moyens sont bons pour arriver à leurs fins : que ce soit l'Oni No Shi, l'épée mythique, tueuse de démons, les armes automatiques les plus perfectionnées ou la belle Sadako, femme-panthère devenue maîtresse dans l'art de tuer.
Deux conceptions du monde s'affrontent et ce combat ne pourra se résoudre que dans la violence et dans le sang.
 
Roman où la lave des sentiments et la mythologie asiatique aiguisent une intrigue implacable, La maison aux fenêtres de papier rend un brillant hommage aux grands films de yakuzas et au cinéma excessif de Quentin Tarantino.
 
Né en 1971, Thomas Day s'est imposé en quelques années comme l'un des auteurs les plus passionnants de l'imaginaire francophone, au fil d'une cinquantaine de nouvelles et d'une poignée de romans (dont L'Instinct de l'équarrisseur, La Voie du Sabre — prix Julia Verlanger 2003 — et Le trône d'ébène — prix Imaginales 2008).
Critiques

    La Maison aux fenêtres de papier nous envoie une nouvelle fois dans l’Asie si chère à son auteur. Ici, la destination choisie est le Japon, héritier des croyances très anciennes, quoique bouleversé par la Seconde Guerre mondiale et les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Ces deux événements ont donné naissance aux protagonistes de ce roman : les démons Nagasaki Oni et Hiroshima Oni, immenses par leur taille et d’une force impressionnante. Ces atouts, ainsi que leur violence innée liée aux circonstances de leur naissance, vont les aider à accéder au rang de puissants chefs de clans yakuzas. Et comme, bien sûr, tout est affaire de pouvoir parmi les yakuzas, les deux démons n’ont de cesse de s’affronter, même si les rapports de force sont assez équilibrés. Toutefois, Nagasaki Oni a dans sa manche l’atout Sadako, sa maîtresse, une femme-panthère qu’il a élevée depuis qu’il l’a recueillie dans le but d’en faire une tueuse hors pair – un atout qui pourrait bien faire pencher la balance en sa faveur…

    Dès la page de titre, qui annonce ce livre comme un hommage à Fukasaku Kinji, Takashi Miike et Quentin Tarantino, on se doute que le roman va faire dans le violent et l’outrancier. On ne présente plus le cinéma ultra-référentiel de QT. Fukasaku est quant à lui célèbre pour avoir donné, dans les années 70, ses lettres de noblesse au jitsuroku eiga, film de yakusas, forcément furieux, et régi par un code d’honneur très strict. Enfin, le très prolifique Takashi Miike est également connu pour son ciném extrême, comme Ichi the KillerAudition, ou son segment de l’anthologie télévisuelle Masters of Horror, jugé trop brutal pour une diffusion sur le petit écran. Et le roman de Day est exactement ça : une violence omniprésente, qu’il s’agisse de combats impressionnants à la chorégraphie aussi stylisée que brutale, ou de violence psychologique, comme les rapports qu’entretiennent Nagasaki Oni et Sadako. Selon la formule consacrée, âmes sensibles s’abstenir. Day assume ce choix, en nous livrant quelques scènes chocs ; les lecteurs rompus à ces styles cinématographiques trouveront l’exercice jouissif, mais on imagine que l’aspect outrancier en aura déstabilisé, voire incommodé d’autres. Au milieu de ce déferlement de violence, on lit quelques échappées poétiques, comme les deux contes qui ouvrent et clôturent l’ouvrage, envoûtants et violents à la fois, contrepoints astucieux au Japon moderne du cœur du roman, et preuves de la dualité des fondements de la société nippone. Un code de l’honneur qui pousse des combattants disposants d’avantages décisifs à ne pas les utiliser contre leur adversaire afin que le combat soit le plus honnête possible.

    Roman parmi les plus méconnus de l’auteur, bâti sur un solide travail de documentation, La Maison aux fenêtres de papier s’avère un exercice de style référentiel, sans doute pas le plus original de Thomas Day, mais diablement efficace et très visuel. On devine que l’auteur s’est fait plaisir à sa rédaction, rendant un hommage appuyé à plusieurs maîtres du cinéma d’action tout en s’appropriant un pan de la culture asiatique qui manquait à son œuvre jusqu’alors.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 1/10/2020 dans Bifrost 100
Mise en ligne le : 21/5/2024


[Critique commune à This is not America et La Maison aux fenêtres de papier de Thomas Day]

     Actualité chargée, en ce début 2009, pour notre éminent collaborateur Thomas Day. Deux ouvrages ont en effet tout récemment enrichi sa bibliographie : le court recueil de nouvelles This is not America, publié par ActuSF dans sa décidément sympathique collection des « Trois Souhaits », et le roman La Maison aux fenêtres de papier, publié directement en poche en Folio « SF » — une fois n'est pas coutume, mais la coutume est régulièrement violée chez cet éditeur et c'est tant mieux. Deux ouvrages très différents, donc, et présentant diverses facettes d'un auteur qui, on le sait, a plus d'un tour dans son sac ; mais deux publications finalement très proches, revendiquant toutes deux l'influence de Quentin Tarantino (pas forcément pour ce qu'il a fait de mieux, d'ailleurs), au milieu d'autres références plus ou moins cryptiques, et marquées par un goût prononcé pour le voyage et l'exotisme.

     [...] 1

     Ça tombe bien, La Maison aux fenêtres de papiers est là pour ça. Sous une belle couverture de Daylon 2, Thomas Day y retrouve son Japon chéri après La Voie du sabre (Folio « SF ») et L'Homme qui voulait tuer l'Empereur (roman publié dans le Bifrost n° 32 et réédité chez Folio « SF »), mais versant contemporain, cette fois. Le sous-titre est parlant : « Hommage à Fukasaku Kinji, Takashi Miike et Quentin Tarantino ». L'influence des trois réalisateurs se sent en effet dans cette histoire débordant de yakuzas, de giclées d'hémoglobine et de sodomie à sec (pas de doute, on lit bien du Thomas Day). Mais on pourrait également y rajouter Takeshi Kitano, largement cité dans la filmographie en fin de volume, et dont l'influence se retrouve essentiellement dans de très réjouissants intermèdes ludiques (« paroles de yakuzas ») évoquant furieusement Sonatine (surtout), Hana-Bi et Aniki. Plein de bonnes choses, donc, et un programme tout ce qu'il y a d'attrayant.

     L'essentiel de l'histoire repose sur la rivalité entre deux puissants clans de yakuzas, dirigés par deux frères, deux démons nés des cendres d'Hiroshima et de Nagasaki. Le chef du clan Nagasaki a élevé à sa manière (pour le moins rude) la troublante Sadako, une femme-panthère muée en irrésistible machine à tuer. Un jour, cependant, la destinée déjà étonnante de la jeune femme prend un brusque virage, quand Nagasaki Oni lui confie la terrible Oni No Shi, une épée légendaire et tueuse de démons. Un héritage difficile à porter et qui, très vite, jouera son rôle dans la guerre impitoyable que se livreront les deux clans yakuzas.

     Cette fantasy urbaine crue et violente nous vaut un roman d'action efficace de bout en bout, et tout à fait distrayant. L'hommage est réussi, et les amateurs ne pourront que s'en trouver comblés. Mais le meilleur ne réside pourtant peut-être pas dans cet aspect du roman, qui n'est par ailleurs pas exempt de menus défauts : on peut ainsi regretter que cette trame, outre son côté passablement bourrin, se montre parfois un peu trop didactique, et que les éléments relevant proprement de l'imaginaire donnent en fin de compte une impression d'artifice, voire de superflu...

     Mais l'aventure de Sadako est encadrée par un prologue et un épilogue cambodgiens narrant, le premier du point de vue de Nagasaki Oni, le dernier de celui de son frère démoniaque, les origines de l'Oni No Shi. Ce qui nous donne, dans un sens, deux nouvelles de fantasy à la fois plus classiques de par leur côté « archaïque », et plus étonnantes et séduisantes en raison de leur cadre original, entourant le récit contemporain. La plume de l'auteur s'y fait plus fine, plus travaillée, sans que le récit ne s'en trouve édulcoré pour autant. Il s'en dégage une belle puissance narrative et un souffle remarquable, qui rendent cette Maison aux fenêtres de papier plus convaincante encore.

     En somme, Thomas Day nous a gâtés avec ces deux ouvrages, certes pas parfaits, mais témoignant assurément tant du talent de l'auteur que de la cohérence dans la variété de son œuvre.

Notes :

1. La partie consacrée à This is not America dans cette recension n'a pas été reproduite ici. [note de nooSFere]
2. Dont on s'autorisera toutefois à douter de la pertinence commerciale. [NdRC]

Bertrand BONNET
Première parution : 1/7/2009 dans Bifrost 55
Mise en ligne le : 1/11/2010


     Démons apparus lors des explosions atomiques de la deuxième guerre mondiale, Hiroshima et Nagasaki Oni se partagent le crime organisé japonais. Sadako, la femme panthère, trouvée dans un archipel Birman, maîtresse de Hiroshima Oni, hérite du clan Yakuza de celui-ci après l'avoir tué en duel à sa demande. Armée de l'Oni No Shi, l'épée tueuse de démons, et secondée par ses yakuzas, elle va tout entreprendre pour récupérer son fils tombé aux mains de Nagasaki Oni.

     Après un passage en Afrique avec l’excellent mais peu remarqué Trône d’ébène, Thomas Day revient au Japon de ses Folio SF. Mais loin de la fantasy historique de ces derniers, c’est dans le Japon actuel que nous suivons cette guerre des gangs provoquée par la féline. Elle ne lésine guère sur les moyens pour accomplir sa quête, et le roman est à son image : rapide et violent. On ne s’ennuie pas entre les duels, assauts et autres scènes de bravoures, à coups de sabres, de pistolets et d’ordinateurs, jusqu’à l’accomplissement tragique de la mission. Car Sadako, femme sauvage dans ce milieu d’hommes coincés dans leurs traditions, ne respecte pas les codes en vigueur et fonce aveuglément sans penser aux pertes.

     De toutes ces scènes extrêmement visuelles se dégage une fascination évidente pour le Japon et le cinéma, avec la même exagération jubilatoire que le Kill Bill de Tarantino. Seuls les lecteurs les plus frileux pourront être choqués, les autres apprécieront avant tout un roman d’action réussi aux personnages hors du commun.

René-Marc DOLHEN
Première parution : 8/3/2009 nooSFere

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