UGE (Union Générale d'Éditions) - 10/18
(Paris, France), coll. 10/18 n° 1048 Dépôt légal : 2ème trimestre 1976, Achevé d'imprimer : 11 mars 1976 Première édition Anthologie, 320 pages, catégorie / prix : 5 ISBN : 2-264-00038-4 Format : 10,8 x 17,8 cm✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Que diriez-vous de mourir au futur ?
Sous le sol américain, dans le silo d'un missile nucléaire, un couple paranoïaque, qui depuis des mois attend la relève. Plus haut, un immeuble confortable dont les locataires s'indignent : à l'étage, on tire au mortier même après dix heures du soir. Le monde de plastique où les forts-en-haine, tout de chair et de métal, vivent pour détruire. La dératisation qui ressemble trop à un génocide. Et ces soldats renvoyés sur le front quelques jours après leur mort. Vous êtes en l'an 8000, 2001 ou 197..., l'avenir n'est peut-être plus ce qu'il était, mais la guerre se porte mieux que jamais, merci.
C'est de la science-fiction, bien sûr. Enfin,... presque de la science-fiction.
Hupp, avec cette antho, complète la série du Livre de Poche avec un sujet O combien riche mais écarté ou oublié par les Trois Mousquetaires Klein-Goimard-Ioakimidis : la guerre. O combien riche, on s'en rend compte à la (re)lecture des textes ici présentés, dont aucun n'est à écarter, et plusieurs remarquables. C'est que la guerre au futur, métaphore de toutes les guerres du passé et du présent, est porteuse d'une double charge émotionnelle : la peur, mais aussi une secrète fascination. C'est pour essayer d'écarter au maximum cette deuxième constante que Hupp, volontairement, a ignoré les récits « à carnage », de même que ces « descriptions en plasmacolor (qui) pèchent par complaisance », et qu'il a choisi des textes « plus persuasifs qu'explosifs, plus subtils que renversants ». A ce titre, on remarquera plus particulièrement En attendent la relève (Donald Barthelme — un inédit) sur le confinement paranoïaque de deux soldats dans un blockhaus atomique ; C'est la fin bel ami (Philippe Paringaux, paru dans Rock and Folk), brève évocation d'une fin du monde intimiste ; Plaine de cendre n° 38 (Henry-Luc Planchat, inédit), flashes mémoriels sur la pérennité des massacres ; La guerre définitive (Barry Malzberg, lu dans Fiction), exercice kafkaien sur l'absurdité militaire ; L'appartement continu à la guerre (Thomas M. Disch, inédit) et Si le tueur rouge (Robert Sheckley, au sommaire des « Univers »au CLA), deux autres variations sur « la guerre ordinaire ». Ces six récits sans grandiloquence sont exemplaires de la manière a la fois ironique et désabusée dont on peut rendre compte du plus atroce des fléaux, mais dans des styles différents on peut noter encore l'exotisme faulknérien de La canonnière épouvante de Daniel Walther (Fiction), l'humanisme chaleureux de Michel Jeury (La guerre et mon amour — inédit), la splendide métaphore futuriste du Dormeur aux mains calmes (Harlan Ellison — Galaxie), et donner une mention spéciale au grand Silverberg pour La danse au soleil (Fiction), texte le plus poignant du recueil, et fort aussi d'une ambiguïté qui lui donne tout son sens. Au total 16 nouvelles (6 françaises, 10 anglo-saxonnes ; 5 inédites seulement au total) à dévorer avec la meilleure bonne conscience du monde, en attendant l'exercice parallèle préparé par Bernard Blanc (4 milliards de soldats, à paraitre chez Kesselring), avec rien que des inédits français.