« Un anneau pour les gouverner, un anneau pour les trouver et dans les ténèbres les lier au pays du Mordor où s'étendent les ombres ».
Le Seigneur des anneaux tirerait-il sa fascination de la puissance poétique qui émane de ces vers ? Son succès proviendrait-il de sa capacité àlégitimer, en l'universalisant, l'attrait pour la guerre et la mort ? A l'innocence d'Adam et d'Eve, voulant goûter d'un fruit « bon à manger, agréable à regarder », tolkien oppose un récit où le mal fascine pour ce qu'il est et non pour le bien que, par ruse, il promet. Pourquoi ?
On a souvent reproché au Seigneur des anneaux de véhiculer une édéologie conservatrice, misogyne et raciste. .Qu'en est-il exactement ? En créant une « race » si « perfide » qu'il faut l'exterminer, Tolkien l'a-t-til dotée de suffisamment d'irréalité pour ne pas être soupçonnné de racisme ? Qui se cache derrière gollum ? Caïn ? Caliban ? Ou bien encore « l'homme d'en bas », l'homme du peuple déchu pour avoir voulu revendiquer le pouvoir et les richesses ? Enfin, d'où vient le regain d'intérêt pour un ouvrage écrit il y a près d'un demi siècle ?
S'appuyant sur les analyses de Foucault, Levi-strauss et Ricoeur, mais également de Jean Cohen, Luc Ferry ou Pierre Marcherey, cet essai se propose de répondre à ces questions.
Isabelle Smadja, docteur en esthétique et agrégée de philosophie est déjà l'auteur, dans la même collection, du très remarqué Harry Potter, les raisons d'un succès (PUF, 2001).