Yoshi a dix ans. Bientôt, il se rendra au monastère de Kurama où les moines guerriers endurciront son âme et lui enseigneront la calligraphie et le maniement du sabre. Car Yoshi est le fils d'un samouraï. Mais avant de quitter sa maison et sa mère, le garçon doit accomplir un rituel initiatique, comme son père avant lui. Afin de prouver sa valeur et son courage, il doit partir seul dans les marais pour y capturer une libellule blanche. La libellule blanche n'existe pas, comme son père l'avait autrefois compris, au bout de trois jours. Mais cela, évidemment, Yoshi l'ignore. Et comme Yoshi est un poète, qui adore composer des haïkus, il accomplira l'impossible et fera naître une légende...
Un conte de toute beauté, magnifiquement écrit et superbement illustré de dessins noir et blanc tracés par le pinceau d'Edmond Baudouin. Comme le veut la collection Le cercle magique, il est question du passage initiatique qui mène à l'adolescence, ici dans le cadre de la culture du Japon traditionnel. Un rite qui doit conduire l'enfant à renoncer aux illusions du premier âge, même si entrer dans celui d'homme ne signifie pas abandonner toute poésie. Au contraire. Un passage par l'élément liquide qui équivaut à une purification et même une renaissance, au contact direct de la nature, qui ne laissera guère plus de traces qu'une ultime mue, à l'instar de la libellule.
Avec Yoshi, on tremble et on rit. Et on frisonne d'aise sous la caresse du vent qui souffle dans les branches noires des cerisiers et rouges des aulnes.
Sans doute le plus beau livre pour la jeunesse que j'aie lu cette année.
Jonas LENN
Première parution : 1/2/2003 dans Asphodale 2
Mise en ligne le : 1/10/2004
Yoshi a 10 ans. Il est samouraï... Enfin, son père est samouraï et lui suit la formation paternelle pour le devenir. C'est un enseignement dur et pénible. Aujourd'hui, Yoshi doit subir sa première véritable épreuve : ramener la libellule blanche. Pour cela, il va devoir se rendre seul dans les marais. Un matin, laissant sa mère dans l'inquiétude et son père — qui avait accompli l'exploit en trois jours au même âge que lui — .dans l'attente de sa réussite, il part affronter son avenir avec sa petite cage en bambou et son sabre en bois. Yoshi va découvrir bien des choses dans le royaume des eaux dormantes. Il y a des vérités, des légendes, des traditions, des règles, et le jeune aspirant samouraï va devoir se créer ses propres certitudes, loin de tout ce qu'il a pu apprendre jusque-là.
Le cercle magique est une collection tout à fait originale dans son concept. À la source de chaque texte se trouve un mythe ou une légende d'un pays ou d'une population. Le jeune héros vit au travers d'une quête initiatique son passage à l'adolescence. Si le présent recueil nous amène au Japon, d'autres feront découvrir l'Australie, la Tanzanie, l'Amérique du Nord ou l'Irlande. Complété par un glossaire en fin de recueil et agrémenté d'illustrations en rapport esthétique étroit avec le texte, le livre devient un outil d'ouverture, d'instruction et de culture pour l'enfant.
Bien que l'humour y soit très présent, Les larmes de la libellule est cependant une histoire assez effrayante, sans que l'on en perçoive les raisons précises à la première lecture. Ainsi, lorsque le monstre Goto a capturé le père de la princesse Nyosan, transformé en Silure, on peut lire ceci :
« Toda jeta un regard malicieux à Kuta et lui chuchota :
— Tu ne vas pas manger son père, quand même !
Kuta se mordit les lèvres pour ne pas sourire et se les mordit une seconde fois pour cacher sa déception.
La princesse tendit à Kuta une longue épingle à cheveux.
— Je ne veux pas qu'il souffre.
Kuta exécuta Goto discrètement, lui enfonçant l'épingle dans le crâne. »
Les préadolescents sont certes habitués aux histoires de monstres, et les légendes sur les princesses ensorcelées sont plutôt courantes dans la littérature de jeunesse. Néanmoins, l'ambiance créée par l'auteur, en grande partie inspirée de légendes traditionnelles, donne au récit un froid réalisme qui marque l'esprit et peut mettre mal à l'aise certains jeunes lecteurs.
On tremble, on rit et on s'instruit avec Yoshi. Un bon moyen pour faire découvrir et apprécier d'autres coutumes aux enfants.
Fabrice FAUCONNIER (lui écrire)
Première parution : 28/11/2002