Sous un titre aussi charmant que trompeur, un recueil de 12 nouvelles épouvantables où l'on retrouve l'univers morbide tempéré d'humour d'un jeune auteur qui, en 4 volumes, a réussi à imposer son univers totalement personnel et son écriture « au scalpel » riche en images saisissantes.
Avec la même virtuosité que dans Le Sourire des enfants morts, Nicolas d'Estienne d'Orves jongle habilement avec plusieurs « mauvais genres » : l'horreur, parfois franchement « gore », parfois tout en cruauté feutrée, le fantastique, la politique-fiction délirante...
Ces nouvelles présentées en deux parties, « L'Enfance » et « La Maturité », abordent des thèmes d'une grande variété, où domine toutefois celui cher à l'auteur, de la famille fusionnelle détraquée, lieu géométrique de toutes les perversions et monstruosités. On y voit, entre autres, un bébé cuire dans le four, l'apprentissage de la propreté se transformer en un délire scatologique, la vengeance très différée d'un père accusé de pédophilie par des gamins machiavéliques, le père de trois charmantes petites filles recréer en famille l'univers abominable de son passé de tortionnaire en Algérie...
On trouve aussi, au fil du recueil, un mort vivant en voie de putréfaction qui se fait violer et sauvagement mutiler par des travestis ; un conseil de discipline où comparaissent dans les années 10, trois futurs collabos en culotte courte ; une nuit d'amour avec une sorcière où s'engloutit toute une vie ; le calvaire d'un mélomane agressé par les nuisances sonores d'un monde (le nôtre) où la musique est devenue une marchandise...
Nicolas d'Estienne d'Orves fait à nouveau preuve dans ce recueil de son indéniable don d'imagination ce qu'un critique a appelé des « chutes dignes d'un prestidigitateur infernal ».
Né en 1974, Nicolas d'Estienne d'Orves, critique littéraire au Figaro et à Spectacle du Monde, critique musical à Madame Figaro, a publié aux Belles Lettres un recueil de nouvelles, Le Sourire des enfants morts et un roman, Othon ou l'Aurore immobile (prix Nimier 2002) dans le Grand Cabinet noir, un essai, Les Aventures extraordinaires de l'opéra, et un roman chez Flammarion Fin de race.