Les lèvres de Sarah avaient été tailladées horriblement comme sous l'action de nombreuses lames de rasoir. Le nez avait été découpé et la masse blanchâtre du cartilage était apparente... Et puis, surtout, deux clous rouillés avaient été enfoncés avec force dans les yeux d'où s'échappait une matière visqueuse.

     En ce début d'année, la livraison de la collection Gore se compose de deux auteurs français, un nouveau venu et un Grand Ancien. .

     Honneur à la jeunesse, commençons par la révélation du mois. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, S.K. SHELDON n'est pas un auteur anglo-saxon, mais un auteur bien de chez nous. Derrière ce pseudonyme se dissimule une charmante personne, bien connue des amateurs de S-F et de Fantastique. Elle a d'ailleurs collaboré à Fiction en tant que critique. Pour ne pas trahir son identité, je n'en dirais pas plus...

     « Musée des Horreurs » est sa première prestation. En dehors de quelques nouvelles parues dans diverses revues, elle n'avait rien publié de comparable avant ce premier roman. D'entrée, on peut dire que pour une première tentative l'essai est assez bien réussi. Le livre est bien écrit malgré les quelques petites imperfections propres à tout débutant.

     L'histoire est simple, assez classique. Le Musée des Horreurs s'est installé dans une petite ville de province. Des disparitions successives focalisent l'attention de la police sur ce Musée où sévissent d'étranges personnages sortis du passé ou de dimensions parallèles. Le ton de l'ouvrage s'inscrit dans l'esprit de la collection. Les ingrédients traditionnels s'y trouvent : du sang, du sexe, de la violence (peut-être un peu trop, mais le taux d'hémoglobine baissera sans doute dans le prochain roman). Pour un jeune auteur qui tente sa chance dans la collection Gore, il est indispensable de se conformer à l'esprit de la collection, mais je suis sûr que S.K. Sheldon saura s'en écarter dès qu'elle aura acquis plus d'assurance et de maîtrise d'écriture. La connaissant personnellement, je pense qu'elle est capable de mieux faire et de nous concocter d'agréables surprises à l'avenir. En attendant, on lira ce livre, ne serait-ce que pour l'encourager à persévérer. Le Fantastique a besoin de sang neuf et, a fortiori, une collection qui s'appelle Gore...