Nits, la trentaine, cadre à l'Inspection Internationale des Cartes Magnétiques, est plutôt bel homme. Un accident de voiture va le défigurer, mais aussi le rendre éternel. A priori, il n'aurait pas dû survivre à l'accident et encore moins à son transfert à l'hôpital. Néanmoins, il résiste assez longtemps pour que le plus grand spécialiste en chirurgie cérébrale soit convoqué pour le soigner, et découvre un changement dans le cerveau de Nits. Le professeur Tché sait alors qu'il tient un cas extraordinaire : l'homme est capable d'auto-guérison, et peut-être même doué d'immortalité. Un sujet exceptionnel de recherche pour ce spécialiste. Si un accident permet cette mutation, elle est forcément reproductible.
Des recherches du professeur Tché vont bientôt naître les Krodynes, Immortels certes, mais au patrimoine génétique altéré. Outre leur aspect physique non maîtrisé, ils sont aussi hermaphrodites : homme et femme à la fois, ils disposent de l'attirail physique des deux sexes, le tout aggravé d'une violence excessive et meurtrière. Très vite, ils constituent donc un danger potentiel à éradiquer. Le gouvernement confie alors à Nits le rôle ingrat de la chasse aux Krodynes. De par sa similitude avec eux, il est le seul à pouvoir les traquer dans le présent, mais aussi dans le futur des immortels. Nits n'aura alors de cesse d'éliminer les Krodynes tout en apprenant lui-même à vivre avec son statut d'immortel.
Impossible d'éviter de penser à la course aux réplicants de Blade Runner, même si Nits n'a pas grand-chose de commun avec Rick, ni les Krodynes avec les androïdes. La quête de Nits est plutôt sous-tendue par une réflexion de l'auteur sur notre société et son avenir. Henry Picard l'imagine peuplé de femmes beaucoup plus nombreuses que les hommes, déséquilibre numérique qui les rend sexuellement dépendantes. Les hommes ont la puissance et le pouvoir, tandis que les femmes s'épuisent dans une perpétuelle recherche d'hommes. L'histoire s'émaille donc de scènes sexuelles de plus en plus fréquentes, très « soft » mais somme toute trop répétitives dans le contexte.
Les 240 pages de ce premier volet — qui forme une histoire complète — se laissent lire plutôt facilement, mais les obsessions sexuelles du héros finissent par occulter la réflexion de fond. Cette faiblesse s'aggrave d'une quantité innombrable de coquilles (fautes d'orthographe, mots manquants et traits d'unions incompréhensibles, y compris sur la 4
ième de couverture) ! Certes, il est possible d'en faire abstraction dans une certaine mesure, mais cela rend tout de même la lecture agaçante. Dommage, car la trame, même si elle s'appuie sur un thème déjà traité par les plus grands, se tient assez bien. Rappelons qu'il s'agit du premier roman de cet auteur. Nul doute qu'avec plus d'expérience Henry Picard aurait donné nettement plus d'ampleur et de maturité à un texte prometteur par de nombreux aspects. Reste à voir maintenant si l'auteur va poursuivre, dans le deuxième volet, une réflexion sur la personnalité de Nits et la société qui lui est contemporaine, ou s'il va lancer son héros dans une nouvelle quête fantastico-policière. Nous attendons donc maintenant
a suite des aventures de « Nits, l'homme sans âge ».
Fabrice FAUCONNIER (lui écrire)
Première parution : 19/11/2001 nooSFere