Après un temps de repos dans la Forêt d'Or, Jude l'enfant trouvé, autrefois esclave du forgeron Karadeg, part pour Haute-Étoile, la capitale royale d'Avalon, en compagnie de ses amis Mara la magicienne, Niall le ménestrel et Sygne, fille adoptive de l'ancien seigneur de Fingal.
Son but : trouver les trois pierres précieuses dont parle la prophétie. Il porte déjà sur lui l'Emeraude de l'été, grâce à laquelle il échappe à ses ennemis dont un sorcier puissant et maléfique, Mélion le menteur. Mais il doit apprendre à contrôler le pouvoir de cette pierre et surtout ne pas y avoir recours trop souvent. Dans Haute-Étoile, la destinée des jeunes gens se précise. Niall et Sygne ont la révélation du mystère de leurs origines. Le voile de brumes masquant le futur de Jude se dissipe un peu et confirme son rôle primordial dans la prophétie.
Les éléments de cette série sont classiques. L'univers, vaguement celtique, coincé entre Antiquité tardive et haut Moyen-Âge ; les personnages, des adolescents pour la plupart orphelins, en quête d'une identité et d'une place dans le monde ; leur cheminement initiatique ; l'imminence d'une fin de cycle, actualisée par la vieillesse d'un roi dépourvu d'héritier et la menace des périls induits par la dispute du pouvoir ; la possible renaissance annoncée par une prophétie ; sa mise en œuvre dans la quête d'objets magiques. Autant d'ingrédients qui plongent le lecteur aux sources même de la matière arthurienne, de la symbolique royale et du temps cyclique. Aux sources des contes.
Certes, on a désormais l'habitude de ces thèmes et figures et l'on pourrait reprocher à Jude d'Avalon un manque d'originalité. Mais ce serait méconnaître que Paul Thiès s'adresse à un jeune lectorat à qui l'on propose un peu trop souvent une accumulation d'aventures placées sous le signe du divertissement et du rêve (ce qui n'est pas en soi critiquable) plutôt que sous celui de la transmission de véritables repères et de codes. La démarche de l'auteur n'est pas inintéressante, qui met en scène une histoire ne visant pas au divertissement pur mais à redonner, sous une forme moderne, un sens initiatique au récit. Paul Thiès le fait d'ailleurs sous une forme très picturale, le récit laissant l'impression d'une succession de tableaux ou d'images. Un récit aussi en forme de périple, ce qui n'étonnera pas chez un auteur globe-trotter qui sait, sans doute mieux que quiconque, combien ce n'est pas le voyageur qui fait le voyage mais au contraire...
Jonas LENN
Première parution : 1/2/2003 dans Asphodale 2
Mise en ligne le : 1/10/2004